Comment se vit et se communique la foi sur ce continent où le pape François est en voyage apostolique jusqu'au 19 janvier ?
Le septième voyage international du pape François a pour destination le continent asiatique. Après le Sri Lanka, le successeur de Pierre est arrivé aux Philippines.
Cette visite apostolique cherche à éveiller et motiver la foi au sein d’un continent où le christianisme est confronté à des problèmes divers, si l’on considère que l’Asie est le continent le plus étendu de la planète et qu’il est habité par environ deux tiers de la population mondiale, la Chine et l’Inde comptant à elles deux près de la moitié de la population totale du globe. Dans ce contexte, le christianisme en Asie, bien qu’y étant né, est vu quasiment comme une religion « étrangère ». C’est un paradoxe, mais beaucoup d’Asiatiques ont tendance à considérer Jésus, pourtant né sur leur sol, comme un occidental plutôt que comme une figure asiatique.
Le christianisme se répandit dans les quatre premiers siècles, à partir de l’Afrique du Nord pour atteindre l’Inde avec, selon la tradition, la prédication de l’apôtre saint Thomas au premier siècle ap. J.-C., et plus tard la Chine au VIIe siècle, pendant la dynastie Tang, avec le moine nestorien Aloben. Malgré sa diffusion dans les 400 premières années, au XVIe siècle, le christianisme avait quasiment disparu de la terre d’Asie pour diverses raisons, parmi lesquelles la montée de l’islam, la présence de grandes traditions religieuses asiatiques, l’isolement géographique, l’absence d’une adaptation appropriée aux cultures locales et la consistance limitée des communautés chrétiennes.
À cet égard, rappelons qu’en 1998, le synode pour l’Asie abordait déjà ces sujets. Dans l’exhortation apostolique post-synodale du pape Jean-Paul II, Ecclesia in Asia (1999), il est dit : « C’est un mystère que le Sauveur du monde, né en Asie, soit jusqu’à maintenant demeuré largement inconnu des peuples de ce continent » (EA, 2). Les pères synodaux ont fait observer les difficultés qu’ils avaient rencontrées à proclamer Jésus comme seul et unique Sauveur au sein de cultures qui ne pouvaient « accepter Jésus comme une seule manifestation du divin », du fait que nombre de religions d’Asie enseignent qu’elles sont elles-mêmes des manifestations de Dieu procurant le Salut. De l’exhortation apostolique Ecclesia in Asia, est née une nouvelle proposition méthodologique pour l’annonce de Jésus, une « pédagogie à base d’évocation », qui utilise des histoires, paraboles et symboles intelligibles pour les personnes de ce continent afin qu’elles puissent approcher le mystère du Christ, en présentant Jésus comme « le Maître de sagesse, le Libérateur, le Guide spirituel, l’Être illuminé, etc. ». La théologie ne doit pas s’exprimer avec des concepts abstraits, mais peut être communiquée avec des proverbes ou réflexions, avec la danse, les œuvres d’art, affirmait-on dans ce document.
Ainsi, François va à la rencontre de la réalité complexe du christianisme en Asie, dans un voyage d’amitié fraternelle et comme pèlerin à la recherche des racines de sa foi.