En arrivant au Sri Lanka, François a mis l’accent sur « le processus de guérison » dont le pays a besoin.
À 9 heures, heure locale, ce 13 janvier, le pape François est arrivé au Sri Lanka pour une visite apostolique de deux jours, la troisième d’un Pape dans ce pays d’Asie du Sud. Le Souverain Pontife a été accueilli à l’aéroport international de Colombo par le président tout nouvellement élu Maithripala Sirisena, entouré de son gouvernement formé la veille.
Une visite avant tout pastorale
Si le Pape a déclaré que sa visite était d’abord « pastorale », il a immédiatement abordé la nécessité pour ce pays de dépasser
« l’héritage amer d’injustices, d’hostilités et de défiance laissé par le conflit » qui a vu la minorité tamoule et la majorité cinghalaise se livrer « aux horreurs de la guerre civile ». Centrant son propos sur la notion de « guérison » et citant l’épître aux Romains(1), il a affirmé que le pays ne connaîtra la paix qu’en « faisant vaincre le mal par le bien ».
Retransmise en direct par la télévision nationale ainsi qu’à la radio, la cérémonie d’accueil du Pape s’est déroulée à l’aéroport sans que rien ne transparaisse de ce qui occupe la une de la presse locale, à savoir les suites de l’élection présidentielle du 8 janvier et le fait que le président sortant, Mahinda Rajapaksa, ait très sérieusement tenté de mener un coup d’État le 8 au soir. Alors que sa défaite dans les urnes devenait évidente, Mahinda Rajapaksa aurait en effet envisagé d’obtenir des chefs de l’armée et de la police qu’ils bloquent le processus électoral. La tentative de coup d’État aurait rapidement avorté lorsque ces derniers lui auraient signifié qu’ils ne sortiraient pas de la légalité constitutionnelle.
C’est donc devant ce gouvernement tout juste formé et ce président fraîchement élu, porteurs d’un important espoir de changement et de retour à l’État de droit, que le Pape s’est exprimé en réponse au court mot de bienvenue du président Sirisena.
Une visite attendue par le Pape
François a commencé son allocution en disant qu’il a « longtemps attendu cette visite au Sri Lanka », manière sans doute de souligner qu’en aucune façon, il n’a jamais envisagé de l’annuler ou de la reporter en dépit du contexte post-électoral dans lequel elle se déroule. Cette visite est en effet, a souligné le Souverain Pontife, une visite « pastorale », pour « rencontrer et encourager les catholiques de cette île », au nombre de 1,35 million de fidèles (soit environ 7% des 20,4 millions d’habitants du pays). Le point d’orgue de ces deux jours de visite sera « la canonisation du bienheureux Joseph Vaz », béatifié par Jean-Paul II lors de sa visite dans le pays en 1995 et qui est, dixit le pape François, un « exemple de charité chrétienne et de respect pour toute personne, sans distinction d’ethnie ou de religion ». Joseph Vaz (1651-1711), connu comme « l’apôtre du Sri Lanka », est un exemple qui « continue, aujourd’hui encore, de nous inspirer et de nous enseigner ».
Un pays à réconcilier
Évoquant ensuite la guerre civile qui a déchiré le Sri Lanka durant près de 30 ans, le Pape a élargi la portée de son propos à la nécessité pour le monde de « réconcilier les diversités et les
désaccords ». « C’est une continuelle tragédie de notre monde que beaucoup de communautés soient en guerre entre elles », a souligné le Saint-Père, poursuivant en expliquant que c’est « l’incapacité à réconcilier les diversités et les désaccords, qu’ils soient anciens ou nouveaux, [qui] fait apparaître des tensions ethniques et religieuses, souvent accompagnées d’accès de violence ».
Revenant au cas sri-lankais, pays où la rébellion séparatiste tamoule a été vaincue militairement au printemps 2009, le Pape a noté que