Selon une enquête de l’Éducation nationale, 18 % des collégiens déclarent avoir été insultés, humiliés ou victimes d'actions dévalorisantes en 2013 par le biais des nouvelles technologies.
Atlantico, partenaire d’Aleteia, a rencontré Édith Tartar Goddet, psychosociologue et psychologue clinicienne, spécialiste de la gestion des adolescents au sein de la structure familiale et de l’adolescence dans le cadre scolaire, ainsi que des dysfonctionnements relationnels toujours dans le cadre scolaire.
Qu’est-ce que cela démontre de notre temps ? Assiste-t-on à la naissance d’une cruauté propre au Web ?
Édith Tartar Goddet : Le harcèlement entre adolescents n’est pas nouveau, c’est simplement la forme qui change avec l’arrivée des nouvelles technologies. Il y a dix ans, les collégiens faisaient déjà circuler des rumeurs, des blagues au téléphone ou s’échangeaient des mots un peu violents.
Dans les toilettes des collèges figuraient déjà des insultes inscrits sur les murs à propos de telle ou telle personne. Internet et les réseaux sociaux ont simplement calqué un comportement qui existait auparavant. Désormais, c’est d’avantage le choc des images plutôt que le choc des mots qui est pris en compte par l’adolescent.
Quel est impact particulier des réseaux sociaux dans le harcèlement des adolescents ?
Les injures sont simplement plus directes, l’information outrageante circule beaucoup plus vite. Auparavant, seule la classe était au courant. Avec les réseaux sociaux ce sont potentiellement des milliers de personnes qui peuvent être pris à témoin. Donc les injures répétitives peuvent prendre des proportions extrêmement importantes.
Le risque désormais pour les adolescents est de prendre ces attaques au premier degré, sans recul nécessaire. Ils ont donc des réactions disproportionnées, ils le prennent comme une violence directe, sans prendre le temps de se protéger.
Quelle est la limite entre une blague potache et du harcèlement ?
Le harcèlement est caractérisé par la répétition et la violence des propos. Une blague potache ne va pas bien loin : elle est moqueuse, ironique et n’est que rarement méchante. L’objectif dans le harcèlement c’est de faire mal, de détruire et c’est d’une extrême violence. Lire la suite sur Atlantico