Face aux violations des droits de l’homme dans la région Pacifique, de nombreuses ONG demandent une enquête internationale.
02/05/14
Le Comité spécial des Vingt-quatre de l’ONU, en charge de l’étude de l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux s’est réuni du 21 au 23 mai dernier à Fidji afin d’étudier les cas de territoires de la région Pacifique, à l’exception de la Papouasie indonésienne.
Le fait d’écarter cette dernière a suscité l’indignation parmi les partisans de l’indépendance de la région occidentale de l’île de Nouvelle-Guinée. De nombreuses ONG et communautés chrétiennes ont en outre dénoncé « l’inertie des Nations Unies » face à la répression exercée par l’armée indonésienne à l’encontre des indépendantistes, et aux violations récurrentes des droits de l’homme dans la région.
Dans une récente déclaration à la Radio New Zealand International rapportée par Eglises d’Asie, Joe Collins– président de l’Australia West Papua Association (AWP)- estime que les Nations Unies « ont le devoir, et même plus, l’obligation morale, de venir en Papouasie indonésienne voir sur place ce que 51 ans d’administration [de Jakarta] ont fait pour les populations locales, dont les ressources naturelles ont été exploitées et les droits de l’homme violés … ». Ce dernier a qualifié l’Act of Free Choice(1) -qui a officiellement transféré la souveraineté de la région occidentale de la Papouasie à l’Indonésie– de « farce », incriminant la complicité des Nations Unies, et affirmant qu’il était temps qu’elles « reconnaissent et réparent leurs erreurs».
Le porte-parole de la Conférence des Eglises du Pacifique, Netani Rika, avait déjà lancé un appel clair au Comité des 24 sur la même radio, peu avant le début de leur session du 21 mai : « Ce que nous demandons pour l’heure est que les pays des îles pacifiques et leurs représentants du C24 prennent des mesures qui permettent aux voix du peuple papou d’Occident d’être entendues, et à la Papouasie indonésienne d’être également placée sur leur liste des pays à examiner ».
Les différentes organisations et églises s’élèvent avant tout contre les violentes répressions que subissent les papous et l’accroissement des violations de leurs droits fondamentaux au cours des dernières années. En 2010 déjà, une vidéo pour le moins choquante montrant des indigènes papous torturés par des soldats indonésiens avait suscité la colère d’une large partie de la communauté.
(1) L’Act of Free Choice de 1969 a fait suite à l’Accord de New-York validé par l’ONU en 1962, qui a transféré la citoyenneté de la Nouvelle-Guinée Occidentale (qui était alors néerlandaise) à l’autorité indonésienne. En août 1969, 1025 hommes ont été sélectionnés en Nouvelle-Guinée Occidentale par l’armée indonésienne, qui leur a demandé de voter à main levée afin de déterminer leur volonté d’être rattachés ou non à l’Indonésie au cours d’une session pour les observateurs de l’ONU. Les conditions d’un tel « référendum » ont été largement critiquées, ce qui a souvent valu à l’accord le surnom d’« Act of no choice ».