Après une longue polémique, le philosophe âgé de 64 ans vient officiellement de rejoindre les « immortels », avec 16 voix sur 28.
10/04/14
Elu au premier tour, Alain Finkielkraut occupera désormais le fauteuil de Félicien Marceau, disparu en mars 2012.
Un vote pour le fauteuil n°21 avait déjà eu lieu le 14 novembre 2013. Aucun des candidats, parmi lesquels l’écrivain et éditeur Claude Durand et le romancier Didier Van Cauwelaert, n’avait été retenu.
Alain Finkielkraut avait déposé sa candidature il y a près d’un mois, après sollicitation de la part « d’académiciens amicaux ». Sa candidature a suscité un vif débat parmi les académiciens, souvent incommodés par ses positions jugées trop « réactionnaires ». Son dernier essai notamment, L’identité malheureuse, s’était attiré les foudres de la classe médiatique et d’une partie de l’intelligentsia.
L’écrivain et philosophe ouvertement « anti-moderne » a néanmoins pu compter sur de solides appuis, parmi lesquels, celui de Jean D’Ormesson, qui est allé jusqu’à menacer de quitter l’Académie « si Finkielkraut n’était pas élu » ce jeudi. Pierre Nora, Max Gallo et Hélène Carrère d’Encausse (secrétaire perpétuel de l’Académie depuis 1990) ont également encouragé son entrée sous la Coupole.
Interrogé par Le Point après son élection, celui s’est dit « fier et heureux d’être membre de cette institution anachronique », avant de réaffirmer son attachement à « la langue soutenue par la littérature ». Il s’est dit inquiet face à « l’effondrement syntaxique et l’appauvrissement du vocabulaire jusque dans les élites ».
La pensée du philosophe normalien et professeur de philosophie à l’École polytechnique (jusqu’à l’an dernier) est proche de celle d’Hannah Arendt, d’Emmanuel Lévinas ou encore de Charles Péguy.
L’écrivain Milan Kundera, ami d’Alain Finkielkraut, a dit de lui qu’il est un « homme qui ne sait pas comment ne pas réagir, qui ressent un besoin indomptable d’élever la voix quand il rencontre quelque chose qui lui paraît stupide ou injuste, mais qui n’a aucun sens tactique ou stratégique, autrement dit quelqu’un qui a un grand talent pour se faire des ennemis ».