Une demande en ce sens d’un groupe nationaliste hindou soulève la polémique et fait monter d’un cran l’inquiétude des minorités religieuses.
« La population de musulmans et de chrétiens s’accroît de jour en jour. Pour intervenir face à cette urgence, le gouvernement devrait imposer la stérilisation aux musulmans et aux chrétiens, de manière à ce que leur nombre ne puisse augmenter », a déclaré la vice-présidente du groupe extrémiste All India Hindu Mahasabha (l’Assemblée hindoue de toute l’Inde). La responsable hindoue Deva Sadhvi Thakur, qui n’en est pas à ses premières déclarations choc, a également exhorté les hindous à avoir davantage d’enfants pour augmenter leur population dans le pays et affirmé que « dans les églises et les mosquées, devraient être installées des statues de divinités hindoues ».
Une insulte à la liberté religieuse
Ces déclarations ont soulevé de fortes polémiques, en particulier au sein des minorités religieuses. Dans une note envoyée à Fides, le Conseil global des chrétiens indiens (GCIC) a aussitôt condamné « les paroles délirantes, filles de l’idéologie Hindutva (« L’Inde aux hindous »), contre les communautés minoritaires en Inde ». Ces déclarations, souligne le communiqué, « constituent une insulte à l’Inde laïque mais aussi à la liberté religieuse de la nation ». Face à « l’inconstitutionnalité de telles attaques », le président du GCIC, Sajan George, demande donc au Premier ministre indien, Narenda Modi, « d’intervenir et de garantir la sécurité de tous les citoyens et de toutes les communautés qui composent la société indienne », conclut le communiqué. Selon lui, « la responsable devrait être arrêtée pour sédition et xénophobie ».
Un climat d’hostilité grandissant
Ces nouvelles attaques confirment le climat d’hostilité grandissant qui entoure les minorités religieuses depuis l’accession au pouvoir du Premier ministre nationaliste Narendra Modi, en mai 2014. « Aujourd’hui, les minorités se sentent plus menacées et dans l’insécurité que jamais », déclarait le 26 janvier sur le site OnIslam.net, le père Dominic Emmanuel, directeur de l’Institut pour la communication et le dialogue interreligieux Sadbhavana à New-Delhi. Une situation d’intolérance que dénonçait également John Dayal, membre du Conseil pour l’intégration nationale au sein du gouvernement indien, dans un article en hindi publié sur le site de Radio Veritas. Dans cet article, le militant chrétien mettait en garde la communauté internationale contre le projet « en cours d’exécution » des extrémistes hindous de recréer une « Inde sans les chrétiens ni les musulmans ». (I.C.)