Au cœur de tensions religieuses, les autorités du pays ont décidé de créer une police spéciale. Cette décision alarme les minorités de l’île.
05/05/14
La police religieuse, dont le président sri-lankais Mahinda Rajapaksa avait annoncé la mise en place le 24 avril dernier, a pris ses fonctions lundi 28 avril. Cette police spéciale a été crée afin de « résoudre les tensions religieuses » croissantes dans le pays. Elle est par ailleurs rattachée directement au Premier ministre.
L’inspecteur principal Anura Senanayaka a déclaré aux médias que seraient également traitées par son unité spéciale, les « conversions illégales, les troubles à l’ordre public de nature confessionnelle et les menaces envers les religieux ». « « Il ne sera plus nécessaire désormais, pour quelque organisation que ce soit, de résoudre par elle-même les problèmes dûs à la violence religieuse. Chacun pourra venir porter plainte auprès de nos services. Le commissaire Bandula Perera sera le directeur de l’unité et opérera sous la supervision directe du Buddha Sasana and Religious Affairs Ministry[ministère du Bouddhisme et des Affaires religieuses,dépendant du Premier ministre. NDLR], a-t-il précisé.
Cependant, les communautés chrétiennes, hindoues et musulmanes, qui subissent déjà une importante discrimination dans un pays où la puissante majorité bouddhiste est alliée au pouvoir, craignent en effet que la « police religieuse spéciale » ne vienne renforcer les abus des autorités locales envers elles, tout en apportant une légitimité aux attaques de leurs lieux de cultes par les extrémistes.
Ces dernières années en effet, et notamment ces derniers mois, les agressions et attaques des bouddhistes nationalistes à l’encontre des minorités chrétiennes et musulmanes ont augmenté de façon constante, et les plainte se sont accumulées contre la police, accusée d’inaction, voire de complicité avec les agresseurs. Durant l’année 2013, au moins trente magasins musulmans et autres édifices, dont des mosquées, ont été attaqués a rapporté l’agence Ucanews le 28 avril dernier. Selon l’Alliance Nationale Chrétienne, ce sont également au moins une quarantaine d’églises chrétiennes qui ont été la cible des bouddhistes extrémistes, depuis le début de l’année 2014.
« Il est rare que la police reconnaisse les violences exercées contre les minorités religieuses et leurs lieux de culte », s’inquiète le directeur de la NCA, Godfrey Yogarajah. « Et il est encore plus rare qu’elle agisse contre les responsables ».
Le Conseil musulman du Sri Lanka a, lui aussi, émis des réserves concernant la création de la nouvelle unité, et plus particulièrement son indépendance, la police spéciale étant rattachée au cabinet du Premier ministre, lequel fonctionne étroitement avec le Jathika Hela Urumaya (JHU) ou « parti des bonzes », au sein de la coalition au pouvoir.
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