Mgr Léonard, primat de Belgique, confiait récemment ses réserves quant à l'esprit franciscain, ou du moins l'interprétation que certains en font en peignant la Création en rose.
24/04/14
Lors d’une interview pour le journal belge Le Vif, Mgr Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles et primat de Belgique, a confié ses réserves quant à la popularité de Saint François d’Assise et à l’« esprit franciscain qui célèbre sans nuance les beautés de la création ».
À Saint François, Mgr Léonard oppose Saint Paul, qui écrit, dans le chapitre 8 de sa Lettre aux Romains « la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu. Car la création a été soumise au pouvoir du néant. » Mgr Léonard le dit sans ambages : « Je n’aime pas cet esprit franciscain béat qui célèbre sans nuance la beauté du cosmos. »
Saint François d’Assise est un des saints les plus populaires de la chrétienté, par son caractère romanesque, romantique et engagé : son Cantique des créatures loue le Seigneur et le remercie des merveilles de la nature qu’Il a créé. Mais pour Mgr Léonard, saint François a « répandu une conception très optimiste de la création ». Trop optimiste ? Selon Mgr léonard, « en réalité, la vie des humains et celle des animaux est tragique. La vie animale est une boucherie, une entretuerie. C’est bien gentil de prêcher aux oiseaux, mais quand ceux-ci voient un ver de terre, ils le déchiquettent. Quand un chat voit une souris, il ne lui fait pas des choses très sympathiques ! »
Saint François serait-il donc une sorte d’écologiste naïf et illuminé ? Sans doute pas : le stigmatisé qu’il était connaissait le prix et le poids de la souffrance. Mais lorsque le Poverello remercie le Seigneur pour « frère vent » dans son Cantique des créatures, Mgr léonard objecte que « si ce vent souffle à 300 kilomètres à l’heure, ce n’est pas un frère très commode. C’est plutôt un ennemi. ». De même pour le feu : « Notre frère le feu, on l’apprécie dans l’âtre qui chauffe la maison, pas dans les forêts incendiées. Et heureusement que saint François ne bénit pas nos frères crocodiles et serpents ! »
Néanmoins, on peut considérer que l’intention de saint François n’était pas de remercier le Seigneur pour les ouragans et les moustiques, mais plutôt d’inciter à l’admiration et à l’humilité devant la nature, belle et destructrice à la fois. Alors que plus de la moitié de la population mondiale vit en milieu urbain, que l’état de la planète se dégrade et que de nombreuses espèces sont en voie de disparition, le message de saint François semble plutôt toujours d’actualité, et d’un optimisme bienvenu pourvu qu’il n’occulte pas la Croix.