Douze fioretti d’Aleteia pour les douze ans du pontificat de François

Il y a douze ans, le 13 mars 2013, les catholiques découvraient sur le balcon de la basilique Saint-Pierre le visage du nouveau chef de l'Église. Élu à l'âge de 76 ans, le cardinal Jorge Mario Bergoglio, archevêque de Buenos Aires, est encore loin d'atteindre les 26 années du pontificat de Jean Paul II, le troisième plus long de l'Église catholique. Pourtant, son pontificat n'en est pas moins riche et a présenté bien des rebondissements, des ruptures et des moments marquants. Pour les douze ans du pontificat de François, Aleteia revient sur douze petites anecdotes qui font la singularité de ce Pape que les cardinaux de 2013 sont allés "chercher quasiment au bout du monde".

Dès le début de son pontificat, François a donné à voir l'immense majorité du temps sa proximité avec les fidèles. Toujours accessible, il se laisse facilement approcher et n'est pas avare de gestes de soutien et de tendresse, quelle que soit la personne qui se trouve en face de lui. En 2013, l'accolade échangée avec Vinicio, défiguré par la maladie de Recklinghausen avait ému le monde entier.

"Priez pour moi" : cette demande du Pape aux catholiques revient très régulièrement, pour ne pas dire systématiquement, à l'issue des audiences générales, des discours et des angélus. François a toujours assumé avec humilité porter une charge très lourde et avoir besoin du soutien spirituel de ceux qu'il dirige. C'est d'ailleurs la première chose qu'il a dite aux croyants rassemblés place Saint-Pierre, alors qu'il apparaissait sur le balcon le 13 mars 2013 : "Priez pour moi, j’ai un métier très difficile".

Le pape François parle beaucoup de langues, mais il s'exprime le plus régulièrement en italien et en espagnol. Toutefois, le français n'est pas en reste ! Le Pape a montré à plusieurs reprises qu'il maîtrise aussi la langue de Molière. Comme en 2022, par exemple, lorsqu'il a récité devant l'écrivain Éric-Emmanuel Schmitt médusé un texte de Blaise Pascal, le Mémorial. Ce texte mystique est le fruit de l’expérience de Dieu que le philosophe a faite dans la nuit du 23 au 24 novembre 1654. Le pape François a à plusieurs reprises évoqué son admiration pour ce philosophe qu'il souhaiterait voir béatifié, au point d'y consacrer une lettre apostolique en 2023.

Alors que le monde entier était à l'arrêt, soumis à la pandémie de Covid-19, le pape François s'est imposé comme un rempart d'espérance en unissant les catholiques autour de la prière. Le 27 mars 2020, seul place Saint-Pierre, le Pape demandait la fin de cette épidémie et encourageait les chrétiens à faire confiance à Dieu dans l'épreuve en s'arrêtant sur le passage de la barque de saint Pierre. "Tu nous invites à saisir ce temps d’épreuve comme un temps de choix. Ce n’est pas le temps de ton jugement, mais celui de notre jugement : le temps de choisir ce qui importe et ce qui passe, de séparer ce qui est nécessaire de ce qui ne l’est pas", avait-il proclamé dans son sermon avant de procéder à une bénédiction Ubi et Orbi sur le monde. Un moment historique.

"Lorsque le soir je prie et j’essaie de faire mon examen de conscience, de voir ce qui s’est passé pendant la journée, comment je l’ai vécue, une question me revient toujours : l’ai-je vécue dignement ? Avec dignité ?", confie le Pape dans son livre entretien publié en 2022 Des pauvres au Pape, du Pape au monde (Le Seuil).

Si la dévotion à "Marie qui défait les nœuds" est ancienne, c'est bien le pape François qui l'a remise au goût du jour. Le Pape est en effet très attaché à cette image de la sainte Vierge, un tableau peint en 1700 et attribué à Johan Melchior Schmidtner, qui est exposé dans l'église St Peter am Perlach à Ausbourg en Allemagne. La Vierge y est représentée défaisant les nœuds d’un ruban blanc tenu par deux anges, entourée de scènes bibliques. François, bouleversé par cette image, avait propagé cette dévotion en Argentine alors qu'il était encore évêque. Une neuvaine a même été créée pour ceux qui éprouvent le besoin de prier Marie de dénouer elle-même les nœuds qui nous peinent ou nous éloignent de Dieu.

Le pape François est un homme de son siècle : il utilise lui aussi les outils de communication nécessaires à l'accomplissement de sa mission. S'il s'en est servi à plusieurs reprises au service de ses fidèles, c'est surtout le coup de fil quotidien à la paroisse catholique de Gaza qui a fait le tour du monde depuis l'automne 2023. Chaque soir, à 19h, François appelle le curé de la paroisse de la Sainte Famille via WhatAapp."Comment allez-vous ? Avez-vous mangé ?" questionne le Pape comme un père à ses enfants. Une intention qui a beaucoup touché les paroissiens éprouvés par la guerre.

Si le Pape a plusieurs prières qu'il aime réciter, celle attribuée à saint François d'Assise est une de ses favorites. En choisissant le nom de François, le Pape avait évidemment pensé à l'exemple de ce saint italien apôtre de la pauvreté. Si ce dernier a lui-même laissé plusieurs prières, la plus connue et celle que le Pape aime réciter est celle-ci : "Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix, là où il y a la haine, que j’apporte l’amour, là où il y a l’offense, que j’apporte le pardon, là où il y a le doute, que j’apporte la foi, là où il y a le désespoir, que j’apporte l’espérance, là où il y a les ténèbres, que j’apporte la lumière, là où il y a la tristesse, que j’apporte la joie."

Le Pape aura canonisé plus de 900 saints depuis le début de son pontificat ! Un chiffre impressionnant qui s'explique par la canonisation des 813 martyrs d’Otrante, massacrés par les Turcs en 1453. Mais le Pape a aussi canonisé des saints "modernes" ! Il a ainsi béatifié Carlo Acutis et annoncé sa canonisation qui aura lieu le 27 avril 2025 avec Pier Giorgio Frassati. Probablement le saint du XXIe le plus populaire dans le monde entier.

Le pape François aime rire ! Et il n'est pas avare de blagues ni de touches d'humour. En 2022, place Saint-Pierre, le Pape est questionné par des séminaristes mexicains sur sa santé et notamment sur son genou qui le fait régulièrement souffrir. Reconnaissant leur accent, le Pape a souri et n'a pas pu s'empêcher de glisser une boutade : "Vous savez ce dont j’ai besoin pour mon genou ?" Sans leur laisser le temps de répondre, il leur lance dans un éclat de rire : "… De la tequila !"

Certes, le pape François est la plupart du temps de bonne humeur et apparaît souriant. Mais lorsqu'il faut dire les choses, il ne prend pas toujours de gants. "Je me mets en colère, mais je ne mords pas !", avait-il dit en 2015 à des jeunes qui l'interrogeaient sur son rapport à la colère. C'est notamment le sujet de la fin de vie qui a de nombreuses fois suscité l'indignation de François. Adoptant un ton durci, le Pape a ainsi affirmé que l'euthanasie est le "reflet d’une culture du rejet" en 2024, tançant avec sévérité les lois "conçues pour tuer".

Fan de football, le pape François était un supporter inconditionnel du club de son quartier, San Lorenzo, en Argentine. Il raconte dans son autobiographie Espère le souvenir cher à son cœur des matchs qu'il allait voir en famille, et du goût sans pareille de la pizza dégustée avec les siens en revenant du stade."Je crois encore sentir le parfum de cette pizza : c'est peut-être ma madeleine de Proust", affirme-t-il. Avant d'aller au stade, son père prenait toujours soin de déposer deux récipients dans le restaurant et passait sa commande. "Au retour, nous reprenions nos deux bocaux remplis cette fois d'escargots à la sauce piquante, accompagnés d'une pizza cuite sur pierre sortant du four. Ainsi, quel qu'ait pu être le résultat, l'après-match était une fête", se souvient François.