Campagne de Carême 2025
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Cela fait environ 800 ans que des franciscains vivent ici, au pied de cette emblématique colline verte, à l'ombre de la somptueuse basilique qui la domine. À Vézelay, les trois frères qui font vivre l'ermitage de La Cordelle ont assisté quotidiennement, entre le 29 juillet le 20 septembre 2024, aux fouilles archéologiques préventives menées par l'Inrap. Les premiers résultats de ces mois de recherche doivent être dévoilés par les équipes scientifiques, levant un peu plus le voile sur l'histoire quasi millénaire de ce haut lieu de spiritualité franciscaine. La Cordelle est en effet la première implantation franciscaine du royaume de France.
Dès 1217, des frères mineurs investissent ces lieux déjà témoins de la grande épopée française : 70 ans auparavant, en 1146, Bernard de Clairvaux y prêchait la seconde croisade face au roi Louis VII et à la reine Aliénor d'Aquitaine, événement à la suite duquel fut posée la première pierre de l'ermitage. L'ordre franciscain obtient la protection du comte de Chastellux et reste en ces murs jusqu'à la Révolution, date à laquelle l'ermitage est vendu. Ce n'est qu'en 1949 que les frères mineurs font leur grand retour, sous la protection renouvelée de la famille de Chastellux, propriétaire du lieu. Remuer les entrailles de cette terre et disséquer ces vestiges, c'est faire émerger une partie de cet héritage séculaire, à la fois spirituel et historique. "D'un point de vue archéologique, c'est un site qui présente un très grand intérêt, même exceptionnel", explique à Aleteia Orianne Wadel, archéologue de l'Inrap responsable des opérations de fouille. "Il est classé à l'Unesco et très bien conservé, nous avons donc pu tirer des éléments particulièrement satisfaisants d'un point de vue scientifique et symbolique", relève encore l'archéologue. Ces fouilles, qui ont eu lieu sur prescription de la Direction régionale des Affaires Culturelles (DRAC), ont permis d'effectuer des recherches minutieuses sur une surface de 200 m2 autour de l'ermitage en amont de sa restauration. Car malgré sa petite taille, l'afflux de visiteurs et de pèlerins qui y font halte a de quoi donner le vertige, raison pour laquelle les frères ont décidé de rénover les bâtiments communautaires et de construire un nouveau lieu d'accueil d'ici deux ans.
Ancien couvent, statues...
Parmi les éléments découverts, de nombreuses maçonneries correspondant à l'ancien couvent, qui comprennent une partie de l'ancien réfectoire. "Nous allons pouvoir restituer un plan de l'ancien couvent qui permettra de donner un bon aperçu de la vie franciscaine avec les différentes occupations au fil des siècles", relate Orianne Wadel. Les remous des siècles passés ont imprimé leur trace sur la vie des franciscains et sur leur lieu de vie, dont la structure a sensiblement évolué au fil du temps. Guerre de Cent Ans, guerres de religions, difficultés financières… "L'ermitage a été modifié par ces événements, avec des destructions, des constructions, des reconstructions. On a donc un nombre important de remblais qui permettent de relire toute l'histoire de ce site", poursuit Orianne Wadel. C'est justement dans ces remblais qu'ont été découvertes d'émouvantes traces de la vie franciscaine passée.
Quatre statues, toutes sans tête, ont été retrouvées, dont l'une d'elles représente un franciscain que l'on reconnaît avec son cordon et son habit religieux. L'une d'entre elles présente notamment une palme faisant penser à la palme des martyrs, ainsi qu'un fragment de livre, pouvant ramener à la figure de saint Fiacre auquel avait été dédié le tout premier ermitage. "On ne peut cependant pas s'avancer", prévient prudemment Orianne Wadel. Toutes les statues seront étudiées aussi bien d'un point de vue polychromatique (des traces de peinture pouvant être aperçues) et stylistique. "Nous avons aussi retrouvé de beaux éléments de lapidaire, des monnaies, ou encore des fragments de vitraux", atteste Orianne Wadel, qui se réjouit de ces trouvailles : "Nous allons non seulement en avoir plus sur La Cordelle, mais aussi sur les ordres mendiants en général, dont on sait finalement peu de choses d'un point de vue archéologique". L'ensemble de ces éléments nécessite encore des analyses détaillées afin de connaître avec précision leur datation.