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C'est un lieu témoin d'une foi et d'une spiritualité millénaires, étonnamment ancré dans le présent malgré ses siècles d'âge, et dont les occupants sont résolus à regarder vers l'avenir. Situé à Vézelay, sur cette colline où l'on peut voir trôner comme une reine l'éternelle basilique romane, l'ermitage de La Cordelle est habité depuis 1217 par des Franciscains, première fondation de l'Ordre en France. Depuis sa petite chapelle de pierre, des pèlerins s'élancent tous les jours sur les chemins de Compostelle. Aujourd'hui, seuls trois frères continuent d'habiter les murs de cet ermitage, fidèles à la Règle de François d’Assise. Pourtant, il connaît depuis quelques années une affluence notable : environ 30.000 visiteurs par an et 150 par jour en moyenne de mai à octobre se rendent à La Cordelle, et jusqu’à 15 pèlerins sont bénis chaque matin avant de partir vers Compostelle ou Assise. Devant cette nouvelle vitalité et confrontés à l'exiguïté de leur lieu de vie, les frères ont décidé d'entamer un projet de restauration de l'ermitage, dont la pose de la première pierre a eu lieu le 21 septembre.
D'une durée de deux ans, le chantier se divisera en trois parties comprenant la rénovation énergétique des bâtiments communautaires (cellules, salle de communauté, cloître…), la restauration de la chapelle Sainte-Croix, de sa crypte du XIIe siècle et du portail de l’ancienne église du couvent (XVIIe), tous classés aux Monuments historiques; et la construction d'un nouveau bâtiment destiné à la rencontre et à l’accueil. Cette dernière partie doit permettre de créer un espace tampon de rencontres entre la vie de l'ermitage et les visites extérieures, garantissant aux frères franciscains leur vie de solitude et de prière tout en autorisant l'accueil et l'hospitalité. Ce chantier, estimé à environ deux millions d'euros, sera financé à hauteur de 70% par des dons, reçus via la Fondation des Monastères, et de 20% par les subventions publiques (DRAC et Région Bourgogne-Franche-Comté). Le reste sera à la charge de la Province franciscaine de France-Belgique, garante du projet.
Lieu de paix et de vocations
Signe du dynamisme de ce lieu de prière, La Cordelle s'apprête à accueillir dans les prochaines années de nouveaux frères après plus de 15 ans sans nouvelle vocation, avec trois professions temporaires et deux postulants. "Il y a un vrai désir de penser l'avenir", affirme Emilie Rey, chargée de communication des franciscains de France-Belgique. "Ce chantier est une prise de conscience de l'actualité du charisme de saint François. Il y a une multitude de gens qui fréquentent ce lieu, et qui dans un monde où tout va vite, viennent s'arrêter, prier ici." Ce charisme touche de nombreuses personnes, y compris en dehors du cercle catholique. "C'est un peu comme un accordéon de l'Église, avec des gens qui sont très loin de la foi, d'autres qui sont immergés au contraire depuis la naissance, des sensibilités différentes...", relève Emilie.
Marion fait partie de ceux que la Cordelle a touché au cœur, bien qu'elle ne se sente "pas forcément croyante". "Je n'ai pas évolué dans le milieu catho du tout. Je suis arrivée là un peu par hasard, même si je connaissais bien François d'Assise par mes études d'histoire. J'ai été touchée par La Cordelle", se souvient cette trentenaire. "Il y a la pureté et la simplicité de l'architecture d'abord, mais aussi tout ce qu'on y vit en amitié et en fraternité. Là-bas, je suis libre d'être qui je suis avec les frères, je n'ai pas besoin de jouer un rôle." C'est après avoir découvert La Cordelle que Marion a opéré ce qu'elle appelle sa "mue", autrement dit, sa reconversion professionnelle en maçonnerie et taille de pierre. Cinq ans après sa première venue, Marion se retrouve elle-même bénévole sur le chantier. "Un acte d'amitié", glisse-t-elle.
Si la vie d'ermitage risque d'être quelque peu bousculée par le chantier, la communauté de La Cordelle fait preuve d'optimisme. "Il est certain que cela va constituer un sacrifice pour nous, entre le bruit, les espaces de vie temporairement réduits... Mais c'est le Seigneur qui nous le demande, je crois, au vu des petits signes qui nous sont envoyés", sourit frère Eric. "Nous aimerions que tout soit achevé pour le 3 octobre 2026, où nous commémorerons les 800 ans de la mort de saint François", confie encore le frère. "Cela ferait un beau cadeau d'anniversaire."
Pratique
Ermitage de La Cordelle,
Chem. de la Cordelle, 89450 Vézelay