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[HOMÉLIE] Les trois détails intrigants de la parabole du fils prodigue

Le retour du fils prodigue, James Tissot

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Charles Mallard - publié le 29/03/25
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Vicaire général du diocèse de Fréjus-Toulon, le père Charles Mallard commente l’évangile de l’enfant prodigue, pour le 4e dimanche de carême. Trois détails intriguent dans cette fameuse parabole, qui forment comme une progression pour découvrir le visage de Dieu et baliser notre itinéraire de conversion : réaliser l’injustice du péché, reconnaître l’humilité de notre misère, entrer dans la joie de Dieu.

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Quel merveilleux texte que cet évangile du fils prodigue ! Une de ces perles de l’Évangile que l’on aime lire et relire. Un texte facile à comprendre, agréable à entendre. La joie du Père comme fruit de la conversion du fils, n’est-ce pas merveilleux ? Mais c’est aussi un véritable calvaire pour le prédicateur qui se demande bien ce qu’il va pouvoir dire de plus sur le sujet ! Je relisais studieusement le texte lorsque je me suis aperçu qu’il y avait au moins trois détails intrigants qui méritent que l’on approfondisse notre méditation.

La logique du péché

Tout d’abord, la situation du fils, pendant la famine. Il va se faire embaucher chez un homme d’un pays lointain, mais personne ne lui donne rien. Quel type d’employeur est cet homme qui ne paye pas, au moins modestement, ceux qui sont à son service ? On ne lui donne même pas les gousses que mangent les cochons ? Même les esclaves reçoivent le minimum pour survivre ! La situation est à l'image du péché. Après avoir gaspillé son argent, donc profité sans peiner ; voici que le jeune fils se fait exploiter de la manière la plus inique qui soit : il peine sans profiter. Et c’est finalement un bon résumé de la logique du péché : séparer l’effort du plaisir, de sorte qu’après un plaisir sans effort, survient un effort sans plaisir. Il n’y a rien d’étonnant à ce que, du fond de son malheur, le fils se souvienne de son père qui, lui, est un maître juste, rétribuant abondamment ses ouvriers.

Le cœur du père se brise

Ensuite, il y a la réaction du père à l’arrivée de ce fils. Oh ! bien sûr, c’est très beau, et très émouvant. Mais il y a une expression qu’on ne remarque pas et qui est pourtant essentielle. "Son père l’aperçut et fut saisi de compassion" (Lc 15, 20). Le mot grec est fort, c’est aussi celui qui est utilisé pour décrire l’attitude de Jésus devant la foule comme des brebis sans berger. On peut le traduire par "remué aux entrailles". On imagine bien que le fils ne devait pas être en grande tenue. Il n’avait même plus de chaussures, puisque son père demande qu’on lui en donne. S’il allait pieds nus, son vêtement étant sans doute peu reluisant, et il n’avait certainement plus aucun bijou. Alors on comprend que le cœur du père se brise en voyant son fils dans cet état. Il s’agit bien ici de la miséricorde au sens fort du terme, du cœur brisé qui prend pitié, comme nous-mêmes nous implorons "Seigneur, prends pitié". 

La compassion conduit à la joie

Enfin il y a un troisième détail sur lequel on passe généralement. C’est l’expression du père au fils aîné lorsqu’il sort pour le convaincre de rentrer. "Il fallait festoyer et se réjouir" (Lc 15, 32). C’est rare que la fête soit un devoir ! Le premier à parler de festoyer, c’est le fils aîné, qui regrette de n’avoir pas festoyé avec ses amis. Sans doute y a-t-il de l’amertume dans sa remarque, mais rien d’essentiel ne lui manque ; tandis que le père considère comme une obligation de festoyer pour le retour de son fils. Pourquoi ? "Parce qu’il est revenu à la vie", "parce qu’il est retrouvé" (v. 32). C’est en quelque sorte la réponse de Jésus aux récriminations des scribes et des pharisiens, comme s’il demandait : "Que faut-il faire lorsqu’un pécheur revient ?" Pour Dieu, c’est tellement important qu’il faut s’en réjouir, comme on se réjouit de la naissance d’un enfant, comme on se réjouit de retrouver ce qui était perdu. Que la compassion conduise à la joie en dit long sur le cœur de Dieu.

Un itinéraire de conversion

Ainsi, les trois détails forment comme une progression pour découvrir le visage de Dieu. C’est d’abord un père juste qui n’embauche pas des serviteurs sans rien leur donner pour survivre. C’est ensuite un père au cœur tendre qui se laisse émouvoir par la misère du pécheur. C’est enfin un père fidèle et aimant qui se réjouit du retour du fils perdu, de la renaissance du fils qui était mort. Ces trois détails balisent aussi l’itinéraire de conversion auquel nous sommes appelés. Il faut commencer par réaliser l’injustice du péché se présentant sous l’aspect séduisant de l’insouciance qui profite sans effort mais conduit à l’esclavage de l’effort sans profit. Il faut ensuite accepter de se présenter dans l’humilité de notre misère devant Dieu qui balaye les orgueilleux mais se laisse saisir de compassion. Alors nous pourrons nous laisser revêtir par le Christ, pour entrer dans la joie du Père au festin du Royaume. 

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Trône de la Sagesse qu’elle nous apprenne à détester l’injustice et à déjouer les pièges de la tentation. Mère de Miséricorde, qu’elle nous montre le chemin de la conversion et de l’humilité. Porte du Ciel qu’elle nous accompagne jusqu’à la joie du salut pour que nous puissions entrer dans la demeure de Dieu et partager le Repas du Seigneur pour les siècles des siècles.

Pratique

Lectures du 4e dimanche de carême :
Jos 5, 9a.10-12 ; Ps 33 ; 2 Co 5, 17-21 ; Lc 15, 1-3.11-32
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