Après deux premières salves de révélations en juillet et en septembre 2024, neuf nouveaux témoignages de violences sexuelles incriminant l'abbé Pierre ont été révélés ce 13 janvier dans un rapport du cabinet spécialisé Egaé. Ces agressions comprennent un viol sur mineur et des faits concernant des membres de sa famille. "Les faits décrits se sont déroulés des années 1960 aux années 2000, la plupart du temps en France et parfois à l’étranger", peut-on lire dans ce rapport qui porte à 33 le nombre de témoignages visant le prêtre décédé en 2007.
Une membre de la famille de l’abbé Pierre a indiqué au cabinet avoir subi de sa part des "contacts sexuels sur ses seins et sa bouche à la fin des années 1990".Un autre témoignage fait état d'un "acte sexuel avec pénétration sur un garçon mineur". Les personnes qui témoignent vont de la "salariée d’un hôtel dans lequel séjournait" l’abbé Pierre, aux "soignantes travaillant dans des hôpitaux" où il était hospitalisé, à une volontaire pour un camp de jeunes ou une mission humanitaire.
L’accumulation des faits désormais connus perpétrés par ce prêtre, qui fut tant admiré, horrifie.
Il s'agit du troisième rapport du cabinet mandaté par Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre pour faire la lumière sur les agissements de l'abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès. En juillet 2023, la première salve de révélations basées sur 7 témoignages avait provoqué une onde de choc. En septembre, un second rapport contenant 17 nouveaux témoignages avait conduit la Fondation Abbé Pierre à annoncer sa décision de changer de nom et Emmaüs à fermer définitivement le lieu de mémoire dédié au prêtre situé à Esteville (Seine-Maritime).
"L’accumulation des faits désormais connus perpétrés par ce prêtre, qui fut tant admiré, horrifie", a réagi dans la foulée la Conférence des évêques de France (CEF). "Réaliser qu’il a utilisé son aura médiatique et l’œuvre sociale qu’il avait édifiée - suscitant, dans sa suite, l’engagement de tant de Français au service des plus pauvres - pour abuser sexuellement de femmes, d’enfants, et de personnes en situation de précarité, est effroyable."
Déterminée "à aider autant qu’elle le pourra afin que toute la vérité possible soit faite sur les crimes commis par l’abbé Pierre et les silences dont il aurait pu bénéficier", la CEF encourage toute personne agressée par l’abbé Pierre "à se rapprocher, si elle le souhaite, de l’un des dispositifs d’écoute ou d’accompagnement de l’Église ; ou du dispositif mis en place par Emmaüs".