C’est "avec douleur" que l’Église en France a indiqué avoir appris ce 17 juillet des témoignages rapportant des faits d’agressions sexuelles commis par l’Abbé Pierre à l’encontre de plusieurs femmes entre la fin des années 1970 et 2005. "Ces faits ont concerné des salariées, des volontaires et bénévoles de certaines de nos organisations membres, ou des jeunes femmes dans l’entourage personnel de l’abbé Pierre", précise Emmaüs France dans un communiqué. À la suite "d'un témoignage faisant état d’une agression sexuelle commise par l’Abbé Pierre sur une femme", Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre ont mandaté le 9 février 2024 le groupe Egaé, dirigé par Caroline de Haas, qui a mené "un travail en interne" détaillé dans une synthèse rendue public ce mercredi.
Le rapport mentionne les témoignages de sept femmes qui font état "de comportements pouvant s’apparenter à des agressions sexuelles ou des faits de harcèlement sexuel commis par l’abbé Pierre entre la fin des années 1970 et 2005", ajoutent les trois organisations, qui précisent que l'une d’entre elles "était mineure au moment des premiers faits". Parmi les faits remontés, le groupe Egaé souligne des comportements inadaptés d’ordre personnel, une proposition sexuelle, des propos répétés à connotation sexuelle, des tentatives de contacts physiques non sollicités et des contacts non sollicités sur les seins.
"Faire de l’Église une maison sûre"
"Ces révélations bouleversent nos structures, au sein desquelles la figure de l’abbé Pierre occupe une place majeure", a réagi Emmaüs France. "Chacun d’entre nous connaît son histoire et son message. Ces agissements changent profondément le regard que nous portons sur un homme connu avant tout pour son combat contre la pauvreté, la misère et l’exclusion." "L’abbé Pierre a eu, dans notre pays et dans le monde, un impact remarquable ; il a éveillé les consciences sur la responsabilité de tous à l’égard des personnes en précarité, et a renouvelé le regard que notre société porte sur les plus pauvres", a souligné la Conférence des évêques de France (CEF). "Mais sa position ne saurait dispenser du travail de vérité nécessaire, que vient de réaliser Emmaüs avec clarté et courage, en se mettant à l’écoute des personnes plaignantes et en menant cette enquête dont le rapport vient d’être publié."
Attendant de prendre connaissance du rapport publié, la CEF a tenu "à assurer les personnes victimes de sa profonde compassion et de sa honte que de tels faits puissent être commis par un prêtre, et redit sa détermination à se mobiliser pour faire de l’Église une maison sûre." Un dispositif de recueil de témoignages et d’accompagnement, "strictement confidentiel, s’adressant aux personnes ayant été victime ou témoin de comportements inacceptables de la part de l’abbé Pierre", a été mis en place, selon les trois associations.