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Abbé Pierre : le recadrage de Mgr de Moulins-Beaufort à propos de la responsabilité de l’Église

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Mgr de Moulins Beaufort.

Cécile Séveirac - publié le 16/09/24
Dans une tribune publiée ce lundi 16 septembre au "Monde", Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, revient sur les dernières accusations d'abus sexuels visant l'abbé Pierre. Reconnaissant sans ambages que certains évêques étaient informés de ces graves dérives, il rappelle que des mesures avaient été prises contre le prêtre, et que l'Église ne peut être tenue comme unique responsable du silence qui a étouffé ces scandales.

Reconnaître ses torts oui, assumer seule la responsabilité des faits dont est accusé l'abbé Pierre, non. C'est le message qu'a voulu faire passer l'Église en France par la voix de Mgr de Moulins Beaufort, ce lundi 16 septembre, alors que de nouvelles accusations ont été formulées à l'encontre d'Henri Grouès. Le président de la Conférence des évêques de France s'est exprimé dans les colonnes du journal Le Monde, dans lequel il revient sur l'action de l'Église et son degré de connaissance des faits imputés au prêtre mort en 2007.

Le prélat relève ainsi que si certains évêques avaient vraisemblablement été mis au courant des comportements déviants et dangereux de l'abbé Pierre de son vivant, "des mesures [avaient] été prises" afin d'endiguer ce phénomène. Parmi elles, une cure psychiatrique, ou encore l'attribution d'un "socius", c'est-à-dire un adjoint ou un assistant à la surveillance duquel l'abbé Pierre se serait évertué à échapper. "On peut les juger insuffisantes, on peut regretter qu’elles aient été gardées très confidentielles", reconnaît-il, mais "elles représentent cependant une réaction forte au regard des manières de faire de ce temps, dans l’Église sans doute, mais aussi dans la société entière."

"De qui parle-t-on quand on dit : l’Église ?"

Tout en appelant à ce que le Vatican suive la CEF dans la levée du délai de communicabilité de ses archives, Mgr de Moulins Beaufort insiste sur le travail réalisé depuis quelques années pour que soient traitées avec sérieux les affaires d'abus sexuels commis par des religieux. Et appelle "toutes les autres institutions et organisations à en faire autant". Se désolant des reproches faits à l’Église d'avoir popularisé et encensé l'abbé Pierre toute sa vie et après sa mort, l'évêque ne mâche pas ses mots : l’Église n'est pas la seule, loin de là, à être responsable de cette "starification". Bien au contraire, le sont aussi les médias, les cercles politiques, le monde de la culture et de la littérature, et de nombreux autres organismes, qui pas plus que l’Église n'ont su dénoncer ces agissements ni encourager les victimes à parler, n'évoquant jamais les agressions sexuelles auxquelles se livrait le religieux. Église tenue par ailleurs à l'écart des affaires de l'abbé Pierre... par l'abbé lui-même, rappelle Mgr de Moulins Beaufort, puisqu'il a "presque toujours vécu à distance de tout cadre proprement ecclésial".

Et l'évêque de conclure par une mise au point sur le célibat des prêtres, remis en cause par de nombreux observateurs qui verraient dans sa levée un moyen de contrecarrer les abus sexuels. "Mettre en cause l’Eglise et le célibat sacerdotal n’est pas à la hauteur de ce que les agressions sexuelles commises par l’abbé Pierre nous obligent encore à voir", estime-t-il. Interrogée sur le plateau de Mediapart le 12 septembre, sœur Véronique Margron, présidente de la Corref, avait elle aussi marqué son désaccord avec ce point de vue : "Ce n’est pas le sujet. Ça veut dire que les femmes des prêtres, demain, seraient les paravents pour empêcher ces messieurs d’exercer la violence?"

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