separateurCreated with Sketch.

François, un pape à la santé fragile

papież Franciszek jedzie na wózku inwalidzkim podczas audiencji w auli Pawła VI w Watykanie
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Anna Kurian - publié le 30/03/23
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Le pape François est hospitalisé à l’hôpital Gemelli de Rome depuis le 29 mars, officiellement pour une infection respiratoire. Ces dernières années, sa santé a été durement éprouvée. Décryptage.

Alors que se multiplient les appels à la prière pour le rétablissement du pape François hospitalisé depuis ce mercredi 29 mars pour une infection respiratoire, retour sur les grands épisodes du carnet de santé d’un pape à la santé éprouvée ces dernières années. 

Dès sa jeunesse, Jorge Mario Bergoglio a été confronté à la fragilité et à la finitude de la vie humaine, alors qu’une maladie respiratoire faillit l’emporter en 1957. Dans l’ouvrage Un temps pour changer, Viens, parlons, osons rêver, écrit par son biographe Austen Ivereigh (Flammarion 2020), il raconte cette "maladie grave" contractée à ses 21 ans. 

Pendant des mois, je n’ai pas su […] si j’allais mourir ou vivre.

"Pendant des mois, je n’ai pas su […] si j’allais mourir ou vivre", confie-t-il notamment. "Même les médecins ne savaient pas si je m’en sortirais. Je me souviens qu’un jour j’ai demandé à ma mère, en l’embrassant, de me dire si j’allais mourir", se souvient celui qui était en deuxième année de séminaire à l’époque. Le 13 août 1957, voyant sa santé se détériorer, un responsable du séminaire l’emmène à l’hôpital. Diagnostic : trois kystes dans le lobe supérieur de son poumon droit ainsi qu’un épanchement pleural.

"Ils ont d’abord extrait un litre et demi d’eau de mon poumon, puis ils m’ont laissé lutter entre la vie et la mort", narre le Pape. En novembre, il subit une intervention chirurgicale pour retirer le lobe supérieur droit de son poumon. Dans l’essai La santé des papes, du journaliste et docteur argentin Nelson Castro (Édition Sudamericana) le pape François évoque cette ablation comme une opération "sanglante" : on lui avait ouvert la cage thoracique, ce qui lui laissera à vie une grande cicatrice sur la moitié de la poitrine.

Un problème cardiaque en 2004

Selon Bergoglio, il est sauvé par deux infirmières durant son hospitalisation. "L’une d’elles était l’infirmière en chef, une religieuse dominicaine qui avait été enseignante à Athènes avant d’être envoyée à Buenos Aires. J’ai appris plus tard comment, après le départ du médecin, une fois le premier examen terminé, elle avait dit aux infirmières de doubler la dose du traitement qu’il avait prescrit – à base de pénicilline et de streptomycine – parce que son expérience lui avait appris que j’étais mourant", confie-t-il ainsi. L’autre infirmière avait fait de même quand le jeune était "déchiré par la douleur".

Cette intervention lourde, si elle n’a pas altéré sa fonction respiratoire, a joué un rôle dans l’élection de l’Argentin sur le trône de Pierre, comme le rapporte le vaticaniste Gerard O’Connell dans son livre L’élection du pape François (Artège, 2020). Alors que la candidature du cardinal Jorge Mario Bergoglio prenait de l’importance en 2013, un cardinal avait mis en cause sa capacité à gouverner avec un poumon en moins. Les cardinaux Óscar Andrés Rodríguez Maradiaga et Abril Santos y Casteló étaient alors allés voir l’archevêque de Buenos Aires qui les avaient rassurés sur sa santé. "Je n’ai jamais ressenti de fatigue ou d’essoufflement", a-t-il affirmé dans divers entretiens.

Toujours dans le livre La santé des papes (2021) de Nelson Castro, le pape François a également révélé qu’en 2004, alors qu’il était archevêque de Buenos Aires, il avait eu un problème cardiaque, un "pré-infarctus". Mais après une hospitalisation de quelques jours, il n’avait plus jamais eu de symptômes cardiaques.

L’année 2021, un tournant

Hormis des affections de saison et une sciatique récurrente qui lui demandèrent d’annuler parfois des audiences, le Pape une fois élu a suivi un rythme intense pendant huit ans. Toutefois l’année 2021 marque un tournant sur le plan médical, dans un contexte marqué par la pandémie de Covid-19. Pour la première fois de son pontificat, la question de sa santé est véritablement débattue.

Le 1er janvier, l’année commence mal : une douloureuse sciatique l’oblige en effet à annuler plusieurs célébrations liturgiques et à repousser le traditionnel discours au corps diplomatique.

Le pontife s’en remet. Le 14 janvier, il reçoit sa première dose de vaccin contre le Covid. Une annonce précédée d’un véritable plaidoyer en faveur de la vaccination : "Je crois que, d’un point de vue éthique, tout le monde devrait prendre le vaccin", annonce-t-il à la télévision italienne. Le 3 février, il reçoit sa seconde dose.

Le pape François montre cependant des signes de fatigue après son éprouvant voyage du 5 au 8 mars en Irak. "Je vous confie que dans ce voyage je me suis fatigué beaucoup plus qu’au cours des autres", déclare-t-il aux journalistes lors de la conférence de presse en vol, de retour vers Rome.

L’année se poursuit de façon éprouvante : le dimanche 4 juillet, quelques heures après la traditionnelle prière de l’Angélus prononcée depuis la fenêtre du Palais apostolique, le Saint-Siège annonce l’hospitalisation du pontife à la polyclinique Gemelli. Le pape François, apprend-on alors, est opéré d’une "sténose diverticulaire symptomatique du côlon", une opération fréquente pour une personne de son âge mais qui peut s’avérer délicate d’un point de vue chirurgical.

"33 centimètres d’intestin en moins"

D’après le Saint-Siège, l’opération, première de cette ampleur pour le pontife, avait été planifiée en avance. Mais elle suscita des inquiétudes et nombre de supputations sur l’état de santé du chef de l’Église catholique. Et ce d’autant plus que François a dû rester dix jours dans l’hôpital romain – plus que les premières estimations – récitant même l’Angélus depuis le balcon de l’établissement le 11 juillet.

Pendant ces dix jours, les bulletins de santé ont été scrutés avec attention par toute la presse internationale. Une atmosphère d’incertitude qui va générer de nombreuses rumeurs sur le déclin de la santé de François. La fin de l’hospitalisation du Pape – qui disparait de la scène médiatique pendant plusieurs semaines, à la faveur des vacances – ne va pas tempérer les interrogations. Pendant l’été, plusieurs vaticanistes vont même initier un débat sur la nécessité de réformer les règles du conclave. Dans un livre paru à la rentrée, un vaticaniste italien, Francesco Antonio Grana, annonçait que l’Église était désormais en "période de pré-conclave".

"Chaque fois qu’un pape est malade, il y a toujours une brise ou un ouragan de conclave", relativisait pourtant le pape François dans son premier entretien post-opératoire avec la radio espagnole COPE, le 30 août 2021. Le pontife y reconnaissait néanmoins l’ampleur de l’opération subie deux mois auparavant. Il déclarait alors pouvoir "manger de tout", mais que cela n’avait pas été possible pendant un certain temps et qu’il était encore sous médicaments post-opératoires, "parce que le cerveau doit enregistrer qu’il a 33 centimètres d’intestin en moins", soulignait-t-il, révélant l’ampleur réelle de l’opération subie. Mais concluait, se voulant rassurant : "À part ça, j’ai une vie normale, je mène une vie tout à fait normale."

Le pontife recommence à voyager : Hongrie et Slovaquie en septembre, Chypre et Grèce en décembre. Pour Nelson Castro, "c’est un homme avec une santé de fer".

L’année 2022, une épreuve

Le pape François souffre régulièrement de problèmes de hanche et montre certaines difficultés à marcher. Mais 2022 porte le coup de grâce à sa motricité. Dès le début d’année, il évoque à plusieurs reprises sa douleur "à la jambe droite". Le 17 janvier, lors d’une audience privée accordée à des journalistes, il confie souffrir quand il se tient debout. De même en recevant la police italienne le 3 février, l’évêque de Rome reste assis pour saluer ses hôtes.

À l’issue de l’audience générale du 26 janvier, il s’excuse de ne pas être en mesure de circuler parmi les fidèles pour les saluer comme il a l’habitude de le faire. Le pontife explique que sa jambe est "inflammée" à cause d’un problème du "ligament du genou".

Peu à peu, le mal se précise : il s’agit de "gonalgie aiguë", informe le Saint-Siège alors que le chef de l’Église catholique doit renoncer à la Rencontre des évêques et maires de Méditerranée à Florence le 27 février ainsi qu’aux célébrations du mercredi des Cendres le 2 mars. Le médecin du pontife argentin lui a en effet prescrit "une période de repos" et des injections.

La mobilité du pontife ne sera plus jamais la même. Début avril, lors de son voyage à Malte, il est pour la première fois obligé d’utiliser un élévateur pour monter et descendre de l’avion. De plus en plus, il choisit de ne pas présider la messe mais plutôt d’y assister et de lire, assis, l’homélie.

Un pape en fauteuil roulant, une première

À partir du mois de mai, on verra le pape François en fauteuil roulant. Une première au Vatican. Puis, le 10 juin, coup de tonnerre inattendu : le Bureau de presse annonce que le Pape est contraint de reporter son voyage en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud prévu du 2 au 7 juillet, afin de "ne pas compromettre les résultats des thérapies du genou encore en cours". C’est la première fois que le pape François reporte un voyage à l’étranger pour raison de santé.

Quelques jours plus tard, le 19 juin, toujours en raison de ses problèmes au genou, il ne peut célébrer la messe pour la solennité du Corpus Domini. Les rumeurs de démission s’intensifient, ainsi que les soupçons de maladies plus graves, d’autant plus que François vient de convoquer un consistoire pour créer de nouveaux cardinaux à la fin de l’été. Plus encore, il annonce par ailleurs vouloir se rendre à l’Aquila, la ville de Celestin V, le dernier pape à avoir renoncé librement avec le retrait du pape Benoît XVI en 2013. Mais, déclare le Pape à un groupe d’évêques brésiliens le 20 juin, "je veux vivre ma mission jusqu’à ce que Dieu me le permette".

Dans un entretien à Reuters diffusé le 4 juillet, le Pape de 85 ans confie pour la première fois avoir eu une "petite fracture" au genou en faisant un faux pas alors qu’un de ses ligaments était déjà enflammé. "Je vais doucement mieux", confie le pape François, assurant que sa fracture se ressoudait, aidée par une thérapie au laser et par la magnétothérapie – une méthode basée sur l’utilisation des champs magnétiques.

Il écarte par ailleurs les rumeurs selon lesquelles un cancer a été découvert lors de son opération subie en juillet 2021, les traitant de "ragots de cour". Cette opération a été "un grand succès", assure-t-il, déclarant toutefois qu’il ne souhaitait pas être opéré du genou car l’anesthésie générale a eu des effets secondaires négatifs.

Finalement, après un temps de repos, le pontife pourra se rendre au Canada du 24 au 30 juillet. Un voyage qui lui fait mesurer qu’il ne peut plus continuer selon le rythme précédent, admet-il devant les journalistes durant le vol de retour de ce déplacement allégé, où le chef de l’Église catholique quitte rarement son fauteuil roulant. En août, il préside un consistoire, se déplace à Matera. À l’automne, le Pape se rend par ailleurs au Kazakhstan, à Bahreïn, puis en février 2023 en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud.

Un malaise cardiaque ?

Dans un entretien accordé le 24 janvier 2023 à l’agence de presse américaine AP, le Pape confie toutefois que la diverticulose de laquelle il avait été opéré en 2021, "est revenue". "Je pourrais mourir demain, mais tout est sous contrôle. Je suis en bonne santé", affirme alors le chef de l’Église catholique. 

Le 29 mars, le Saint-Siège annonce que le pape François est à l’hôpital, assurant dans une première version que ces examens étaient programmés. Mais selon la journaliste argentine Elisabetta Piqué, proche de François, celui-ci aurait subi un malaise cardiaque.

C’est à son retour à sa résidence Sainte-Marthe, après l’audience générale qu’il a présidée place Saint-Pierre, que le pape aurait commencé à ressentir "des douleurs à la poitrine", raconte-t-elle dans La Nacion. Son assistant personnel, Massimiliano Strappetti, lui aurait alors conseillé de se rendre immédiatement à l’hôpital Gemelli, où il a été transporté en ambulance. 

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)