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“L’Imitation de Jésus-Christ” de Pierre Corneille

Pierre Corneille
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Marzena Devoud - publié le 20/07/20
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Tourmentés et visionnaires, les poètes sont souvent les éclaireurs de Dieu, les « voyageurs ailés », comme l’écrivait Charles Baudelaire. Pour atteindre parfois des sommets de poésie qui inspirent et qui rapprochent de Dieu. Comme “L’Imitation de Jésus-Christ”, traduite par Pierre Corneille. Depuis le si riche XVIIe siècle qu’il parcourt aux côtés de Racine et de Molière, de La Fontaine ou de Voltaire, Corneille fait partie de ces noms qui ont façonné l’histoire de la Tragédie Française. Né à Rouen le 6 juin 1606, il meurt à Paris le 1er octobre 1684 en laissant derrière lui une œuvre considérable, marquée autant par la tragédie que la comédie et la poésie. Il est l’auteur de certains des plus grands chefs-d’œuvre de notre littérature dont Le Cid, Polyeucte, Horace ou encore Andromède.



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L’une des œuvres les plus lues de Corneille, celle qui influencera profondément la spiritualité de son siècle, c’est sa traduction de L’Imitation de Jésus-Christ. Rédigée vraisemblablement entre la fin du XIVe siècle et le début du XVe siècle, l’auteur de L’Imitation de Jésus-Christ a longtemps été considéré comme anonyme avant d’être identifié comme le moine néerlandais Thomas a Kempis. Mais dès le début du XVIIe siècle, beaucoup revendiqueront, pour leur pays ou leur ordre, la paternité du recueil. En France, on citera Jean Gerson. L’Italie proposera un abbé bénédictin de Verceil. Jusqu’en 1921, où un nouveau candidat sera proposé, Gérard Groote. Si ce guide spirituel ne remplace pas la Parole de Dieu, il est de ces ouvrages que l’on garde près de soi, que l’on feuillette au gré du temps, sorte d’aide-mémoire qui nous rappelle l’essentiel : notre union avec Dieu. « L’Imitation de Jésus-Christ est le plus beau livre qui soit parti de la main d’un homme, puisque l’Évangile n’en vient pas », disait l’écrivain français Fontenelle. Corneille est l’un des premiers à traduire dès 1651 en français cette œuvre de piété chrétienne : 

“Vois, mortel, combien tu me dois : 

J’ai quitté le sein de mon Père,
Je me suis revêtu de toute ta misère,
J’en ai voulu subir les plus indignes lois ;
Le ciel était fermé, tu n’y pouvais prétendre ;
Pour t’en ouvrir la porte il m’a plu d’en descendre,
Sans que rien m’imposât cette nécessité ;
Et, pour prendre une vie amère et douloureuse,
J’ai suivi seulement la contrainte amoureuse
De mon immense charité.

Mais je veux amour pour amour,
Je veux, mon fils, que tu contemples
Ce que je t’ai laissé de précieux exemples
Comme autant de leçons pour souffrir à ton tour ;
Que, sous l’accablement des misères humaines,
L’esprit dans les ennuis et le corps dans les gênes,
Tu tiennes toujours l’œil sur ce que j’ai souffert,
Et que, malgré l’horreur qu’en conçoit la nature,
Tu t’offres sans relâche à souffrir sans murmure,
 Ainsi que je m’y suis offert.  

L’Imitation de Jésus-Christ (1651-1656) 

Pierre Corneille (1606-1684)


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