Mayotte, Bethléem… pour Noël, ces chrétiens espéreront contre toute espérance

En Terre sainte, et notamment à Gaza, les chrétiens en plus de subir les dommages du conflit entre Israël et le Hamas, sont toujours sujets à des intimidations et des interdictions d’exprimer leur foi en public. À l’approche de Noël, les patriarches et chefs des Églises de Jérusalem ont malgré tout délivré un message d’espérance : "En cette période sacrée de Noël et au-delà, nous appelons tous les chrétiens et les personnes de bonne volonté du monde entier à se joindre à nous pour prier", ont-ils déclaré en rappelant que Bethléem reste le berceau du christianisme "où Jésus est né". Le cardinal Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem, a pu entrer dans la ville de Gaza ce 22 décembre, et rejoindre le petit troupeau des fidèles autour du père Gabriel Romanelli, curé de la paroisse latine de l'enclave. "La lumière est ici, dans cette église", a assuré le cardinal de Jérusalem, invitant à se tourner vers Jésus, "le seul qui nous donne la force d’endurer cette période sombre".

Frappée de plein fouet par le cyclone Chido, Mayotte ne s’attendait pas à fêter Noël au milieu des décombres. Dans un climat de pareille désolation, il peut sembler difficile d’accueillir le Sauveur, qui viendra au cœur des souffrances d’un peuple dévasté par l’incompréhension. Mgr Charles Mahuza, évêque des Comores s’est adressé ainsi aux fidèles : "Prions ensemble pour les victimes et pour que la paix revienne dans les cœurs éprouvés. Mais prions aussi pour que la charité inspire des gestes concrets d’entraide."

Enlèvements, assassinats, habitations détruites… Le quotidien des chrétiens au Nigeria continue de se dégrader. En proie aux persécutions djihadistes depuis plusieurs années, Noël est devenu une période redoutée pour eux. L'an dernier, des attaques perpétrées le 24 décembre 2023 dans l’État de Plateau et attribuées à des militants peuls, avaient dévasté plusieurs villages et tué 160 personnes. Mais la population ne désespère pas, et continue à se rassembler pour prier dans les églises incendiées. Une espérance plus forte que la mort.

Au Nicaragua, le gouvernement de Daniel Ortega accentue ces derniers mois la pression sur l’Église. En exprimant leurs désaccords contre les décisions du gouvernement, les chrétiens sont considérés comme des "agents déstabilisateurs" du pays et subissent fermetures d’églises, arrestations et exils forcés. À Noël 2023, le gouvernement avait déjà interdit les processions et les crèches vivantes, restreignant la pratique de celles-ci uniquement dans les églises. Cette année encore, ils vont célébrer la naissance de Jésus sous très haute surveillance.

Un Noël en silence, à l’image de la discrétion dans laquelle Jésus est né, c’est comme cela que les chrétiens de Birmanie vont célébrer la nativité cette année. La population chrétienne fait partie des minorités ethniques du pays. Délaissée et discriminée, elle ne cesse de subir des persécutions depuis le coup d’État militaire en avril 2021. Églises et villages chrétiens ne cessent d’être ciblées par les forces gouvernementales, et les persécutions sont d’autant plus accentuées avec l’utilisation par le pouvoir de nouvelles technologies de surveillance. Les chrétiens s’apprêtent donc à vivre un Noël de plus dans la discrétion et le silence.

Depuis l’arrivée au pouvoir du groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), les chrétiens de Syrie vivent la période de Noël dans l’incertitude et l’appréhension. Si le régime déclare respecter les différentes communautés religieuses y compris chrétiennes, l’Église reste prudente sur l’attitude à adopter face aux nouveaux dirigeants et attend de voir l’évolution de la situation politique du pays.