Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi le vôtre.
*don déductible de l'impôt sur le revenu
Sur les quais, de nombreux courageux se sont rassemblés pour la regarder de loin. Étrange coïncidence que cette eau glaciale qui tombe sur Notre-Dame, cinq ans après le feu dévastateur qui a failli la perdre pour toujours. Le vent se déchaîne, le froid est mordant, mais dans Notre-Dame de Paris qui abrite les quelques invités privilégiés de sa réouverture, on entend simplement un murmure d’excitation. Passée cette porte massive, le regard est comme aspiré par la lumière des pierres. Notre-Dame n’est plus qu’une éblouissante voûte céleste. Les stigmates de l'incendie ont disparu : la blondeur minérale de la pierre, le chatoiement des vitraux, l'ampleur de cette nef qui semble ouvrir grand ses bras au moment de retrouver ses enfants : Notre-Dame exulte, impose avec douceur une majesté qu'on ne lui avait peut-être jamais connue. Les chanceux déjà arrivés près de trois heures avant le début de la cérémonie déambulent les yeux levés et le cou tendu vers le ciel de pierres. La nef, les transepts, le déambulatoire… les costume-cravate croisent les soutanes et les cols romains dans un étonnant ballet. Et puis le silence, et enfin, le bourdon qui annonce le retour de la Vieille Dame, ce son grave, à la fois puissant et doux, que la capitale n’avait plus entendu depuis cinq ans.
La voix lente de Mgr Ulrich s’élève, de l’extérieur de la cathédrale. "Frères et sœurs, entrons maintenant dans Notre-Dame, c’est elle qui nous rassemble, c’est elle que nous aimons". Trois coups massifs succèdent à cette invitation. Avec sa crosse, l’archevêque frappe contre les portes de la cathédrale, symbole fort par lequel le pasteur fait entrer derrière lui, dans sa cathédrale, son troupeau. "Notre Dame, modèle de la foi, ouvre tes portes !", "Notre Dame, mère très aimante, ouvre tes portes !", "Notre-Dame, témoin de l’espérance, ouvre tes portes !" Alors que l’écho de cette invocation traverse la cathédrale et confère une double solennité à cet instant hors du temps, la cathédrale lui "répond" en chantant le psaume 121, hautement symbolique. Enfin, les portes s’ouvrent. "Aujourd’hui, c’est jour de fête ! Gloire à Jésus-Christ, ressuscité !" chante la maîtrise de Notre-Dame de Paris alors que s’avancent les bannières des paroisses parisiennes dans une procession colorée.
"Réveille-toi, orgue !"
Le moment phare des vêpres arrive enfin : le grand orgue, dont la restauration des tuyaux s’est achevée en novembre, va jouer de nouveau. Miraculé de l’incendie, il avait cependant été très abîmé par le plomb et avait été démonté afin de restaurer ses tuyaux un par un. Perché sur sa tribune, devant la grande rose occidentale, il irradie d’un éclat nouveau et se tient de nouveau prêt à chanter les louanges de Dieu. "À Toi la louange incessante du chœur des anges, le chant des étoiles, l’acclamation unanime de tes saints qui te chantent !" Après l’avoir béni, Mgr Ulrich apostrophe l’orgue : "Réveille, toi orgue, instrument sacré, entonne la louange de Dieu !" Le voilà qui s’éveille, les premières notes se font entendre, doucement d’abord, comme s’il s’étirait après un sommeil trop long. Puis sa voix emplit toute l’église, se répercute sur les pierres, fait trembler ses tuyaux, comme pris d’une fièvre soudaine, d’une allégresse impossible à contenir.
"C’est une vraie louange que nous adressons à Dieu, le Père de tous, en cette soirée bénie (…) Nous rendons grâce pour ce chantier si incroyable", déclare Mgr Ulrich lors de son homélie, rappelant que "la pierre angulaire de cet édifice, c’est le Christ". "Cette maison, cette église, cette cathédrale tout harmonieuse dans ses proportions et tout entière tournée vers le mystère du Christ, est le signe de la joie immense des croyants, de millions d’hommes et de femmes, d’enfants, de vieillards, de malades et de personnes avec handicap." C'est ce dimanche 8 décembre que Notre-Dame retrouvera sa véritable vocation, au cours de la messe et de la consécration du nouvel autel.
Après les lectures et les intentions de prière s’élèvent le Magnificat. Vers la Vierge du Pilier, deuxième rescapée des flammes, incarnation ultime de la foi au milieu des décombres brûlantes (la statue n'avait pas été touchée alors que plusieurs poutres s'étaient effondrées devant elle), l’encens monte longuement. Comme les prières qui lui sont adressées et qui supplient Notre Dame, la Toute Sainte, de protéger ses enfants.