La bénédiction d’un orgue n’est pas, en soi, un événement si rare. "Du fait du lien étroit de l’orgue avec la musique et le chant dans les actions liturgiques […] il est bon de le bénir", explique ainsi le Livre des bénédictions au début du formulaire ad hoc. Tout orgue d’église est donc normalement béni lors d’une liturgie. Celui de Notre-Dame le sera aussi, le 7 décembre prochain, et l’événement sera alors historique. Parce qu’il s’agit du plus grand orgue de France, parce qu’il est le signe de la renaissance de la cathédrale après l’incendie de 2019, parce que ce rite inaugurera la séquence liturgique de la réouverture.
"Parce qu’il ajoute de l’éclat à la liturgie et contribue à la louange divine", l’orgue de Notre-Dame se verra en effet béni pour accompagner les voix du peuple de Dieu avant le Magnificat ou le Te Deum prévu comme premier acte liturgique. Comme toutes les bénédictions, le rituel prévoit une introduction – de Mgr Ulrich en l’occurrence – suivie de la lecture d’un extrait de la Parole de Dieu, commentée par le célébrant, qui rappelle que le chrétien vit dans l’action de Grâce et chante à Dieu, dans son cœur et par sa voix, sa reconnaissance (cf. Col 3, 12-17).
“Éveille-toi, orgue, entonne la louange de Dieu”
Vient ensuite la bénédiction proprement dite, durant laquelle l’évêque, les mains étendues, loue Dieu pour sa "beauté toujours ancienne et toujours nouvelle" avant de demander à Dieu de bénir l’instrument "pour qu’il accompagne de son harmonies louanges et prières [des fidèles] et que [leurs] cœurs [Le] chantent dans l’Esprit saint puis d’encenser l’orgue". Voilà pour l’acmé spirituelle.
Mais le clou du spectacle, si l’on peut dire, n’est pas là. Désormais, l’orgue peut faire entendre sa voix, et de quelle manière ! Voici le réveil, dans un magnifique dialogue entre le célébrant et l’instrument. "Éveille-toi, orgue, demande l’un, entonne la louange de Dieu, notre Créateur et Père" et l’autre fait résonner ses tuyaux. Puis, toujours à la demande de Mgr Ulrich, pour célébrer Jésus mort et ressuscité. Huit fois, l’orgue va être appelé à évoquer musicalement l’Esprit saint et Marie, à manifester l’action de grâce des fidèles, à soutenir leur prière et réconforter leur peine et, enfin, à proclamer "gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit."
Huit improvisations
Les morceaux ne sont pas écrits, et c’est donc huit improvisations de l’organiste qui vont inaugurer la nouvelle vie de l’instrument et de la cathédrale Notre-Dame. Comme un membre de l’assemblée en prière, le monstre musical sera alors amené à faire monter sa mélodie vers le ciel tous les jours de l’année. En commençant par les vêpres qui suivront la bénédiction.