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Parmi les nombreux films produits par Hollywood dans les années 1960 sur la vie de Jésus, « La Plus Grande Histoire jamais contée » s’avère être assurément le plus fidèle au Nouveau Testament, notamment à l’Évangile de saint Jean. Plus proche du film historique que du péplum, dont il délaisse un grand nombre de codes, ce film de 3h45 privilégie à la fois la sobriété tout en mettant en œuvre les moyens d’une superproduction. Le réalisateur George Stevens dut, face au gigantisme de l’entreprise, s’adjoindre l’aide de deux autres réalisateurs, David Lean et Jean Negulesco. C’est l’acteur Max von Sydow qui interprète avec une grande force expressive le rôle de Jésus. De manière anecdotique, le spectateur reconnaîtra en ouverture et en conclusion du film le visage de l’acteur sur la fresque d’une église réalisée spécialement pour le film.
Le réalisateur a réuni pour cette superproduction hollywoodienne un nombre impressionnant de vedettes d’Hollywood et du grand écran : Max von Sydow, acteur fétiche des films de Bergman, Charlton Heston pour le rôle de Jean le Baptiste, Telly Savalas pour Ponce Pilate, Sidney Poitier pour Simon de Cyrène, et même une apparition fugace de quelques secondes de John Wayne pour la scène de la Crucifixion en centurion romain.
Les décors ne sont pas en reste ! Grandioses ils ont été tournés en extérieur dans les immensités désertiques de l’Utah et du Colorado et traités sur le plan de la couleur afin de les rapprocher des paysages de Terre sainte. Bien sûr, le film n’échappe pas au spectaculaire souhaité par les producteurs d’Hollywood, avec des temples au décorum plus proche du péplum que de la fidèle reconstitution historique, des scènes peu crédibles à la cour du roi Hérode et, curieusement, un rôle quasi absent accordé à Marie, mère de Jésus. Néanmoins, soulignons que cette belle et grande évocation demeure largement fidèle à la vie de Jésus selon l’Évangile de saint Jean et, à ce titre, a remporté, lors de la 38e cérémonie des Oscars, la meilleure photographie et la meilleure direction artistique, sans oublier celui des costumes et de la musique dont de célèbres classiques tel le fameux Alléluia du « Messie » de Haendel.
Ce film offre, en effet, dès les premiers plans très soignés consacrés à la Nativité, une succession de jeux de lumière dignes des plus beaux tableaux de la Renaissance italienne. Cette attention à l’esthétique s’exprime par différentes techniques cinématographiques, qu’il s’agisse de champs-contrechamps, de longs travellings ou encore de clair-obscur que n’aurait pas renié le Caravage notamment pour la Nativité et la Tentation du Christ au désert avec cette lune crépusculaire témoin des rares instants de faiblesse du Fils de l’Homme.
Mais la véritable priorité de ce film réside indéniablement dans la fidélité aux Écritures, privilégiant la force du Verbe directement repris des textes bibliques avec de nombreuses citations des Psaumes tout autant que de l’Évangile de saint Jean maintes fois cité. La réalisation a fait le choix judicieux de délaisser les effets spéciaux pour focaliser la caméra sur le jeu des acteurs et des figurants, la beauté des paysages et l’omniprésence de la musique. Quelques libertés avec la Bible peuvent, certes être relevées, mais offrent cependant un éclairage intéressant sur la vie de Jésus comme cette apparition à de multiples reprises du diable sous la forme d’un personnage l’accompagnant jusqu’au terme de sa vie terrestre. La sobriété est de mise notamment à Gethsémani, dans les derniers instants de Jésus, de même que pour la Passion tant éloignée de la violence exprimée par le film de Mel Gibson. La Parole incarnée et l’interprétation toute en finesse par Max von Sydow offrent de rares instants de cinéma au service de la Bible pour ce film d’une grande qualité esthétique.