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La Bible, star des péplums : « L’histoire de Ruth » d’Henry Koster

l'histoire de ruth

Photo12 via AFP

L'histoire de Ruth, film de 1960 par Henry Koster.

Philippe-Emmanuel Krautter - publié le 01/06/21

Le film « L’histoire de Ruth » reprend avec une certaine liberté le récit biblique de l’Ancien Testament consacré à Ruth, la Moabite. Bien que la Bible demeure silencieuse, ce péplum la décrit échappant à son funeste destin de prêtresse d’un dieu païen. Mariée et veuve du fils de Noémie, elle épousera en seconde noces Booz et donnera naissance à une longue dynastie, de David à Jésus.

Hollywood sait comme personne se saisir de la Bible pour la réécrire à sa manière ! Et « L’histoire de Ruth » réalisée par Henry Koster en 1960 n’échappe pas à la règle. Pendant près de 50 minutes, le film invente de toutes pièces l’enfance et la jeunesse de Ruth, sans qu’une seule ligne ne soit pourtant inscrite à ce sujet dans le livre entier que lui consacre l’Ancien Testament. Ce dernier ne fait, en effet, une première mention de Ruth qu’à travers l’histoire des fils de Noémie :

« Ceux-ci épousèrent deux Moabites ; l’une s’appelait Orpa (c’est-à-dire : Volte-face) et l’autre, Ruth (c’est-à-dire : Compagne). Ils demeurèrent là une dizaine d’années » (Rt 1, 4).

Face à la brièveté du récit biblique, le péplum de Koster, lui-même d’origine juive, comble les lacunes et imagine l’héroïne comme étant une prêtresse du dieu Chemosh, après avoir été vendue aux prêtres Moab par son pauvre père dans le besoin. Alors qu’elle vient d’être désignée par le grand prêtre la plus digne pour être sacrifiée au dieu, Ruth échappera par un signe divin de justesse à son funeste destin…C’est alors l’occasion pour le réalisateur de dramatiser les silences du texte biblique et d’évoquer avec force les sacrifices humains et sanglants, les terribles cultes païens des Moabites pour mieux les opposer au Dieu unique d’Israël. Nul doute que cette critique du paganisme n’a pu que naître dans l’expérience même vécue par Henry Koster, né en Allemagne, et qui dut fuir dans les années 30 l’antisémitisme croissant de son pays pour se réfugier aux États-Unis où il fera carrière à Hollywood.

Ruth, modèle étranger de bonté

Alors que les ingrédients classiques du péplum sont mis en œuvre par le réalisateur avec combats, massacres, sacrifices sanglants et autres poursuites guerrières dans un décor de carton-pâte, Ruth rencontrera Mahlon, fils de Noémie et artisan judéen fidèle au Dieu unique. Troublée à la fois par Mahlon et la bonté de son Dieu aux multiples noms, Ruth s’opposera alors aux grands prêtres et épousera le jeune artisan juste avant qu’il ne meurt après l’avoir sauvée. Si la bonté de Ruth, l’étrangère moabite, peine à émerger, progressivement, le scénario rejoint cependant le récit biblique et fait rayonner l’abnégation de la Moabite envers sa belle-mère et sa foi :

« Ne me force pas à t’abandonner et à m’éloigner de toi, car où tu iras, j’irai ; où tu t’arrêteras, je m’arrêterai ; ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu. Où tu mourras, je mourrai ; et là je serai enterrée. Que le Seigneur me traite ainsi, qu’il fasse pire encore, si ce n’est pas la mort seule qui nous sépare ! » (Rt 1, 16-17).

Ici, réside toute la beauté de la Bible qui accueille l’étrangère moabite par un réseau de lois de solidarité alors même qu’elle incarne l’ennemie païenne par excellence. Cependant, soulignons que le film se démarquera de nouveau quelque peu du récit biblique en forçant le trait sur l’accueil hostile des villageois de Bethléem à l’arrivée de la jeune femme. Au-delà de cette liberté, Ruth poursuit cependant son chemin de bonté, fidèle en cela aux Écritures.

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L’histoire de Ruth.

Booz endormi…

Le film développe également une forte rivalité, non évoquée par le récit Biblique, entre les deux plus proches parents de Noémie, Booz et un homme que la Bible ne nomme pas, tous deux pouvant prétendre selon les traditions à prendre Ruth pour femme. Alors que le texte de l’Ancien Testament voit s’effacer rapidement le second au profit de Booz, le film a fait choix de tisser rapidement une opposition entre les deux hommes qui ne fera que croître jusqu’à son terme… Là où la poésie du texte biblique vient à s’estomper, l’intrigue et les péripéties prennent le relais et se multiplient. Seule la belle scène qui inspira à Victor Hugo son célèbre poème « Booz endormi » demeure plus ou moins maintenue :

« Booz s’était couché de fatigue accablé ;

Il avait tout le jour travaillé dans son aire ;

Puis avait fait son lit à sa place ordinaire ;

Booz dormait auprès des boisseaux pleins de blé (…) »

Ruth acceptera tout au long du film son destin, même lorsqu’il sera des plus sombres, ce que suggère le texte biblique. Alors que toute semblait, en effet, perdu pour Noémie et sa belle-fille Ruth, toutes deux veuves, la Bible précise qu’un mari en la personne de Booz offrira à Ruth une descendance conduisant à la naissance quelques générations plus tard de David, et de David à Jésus… Cette confiance et cette espérance dans le Dieu auquel elle s’est convertie rayonne au cœur même d’Israël. 

Une valeur d’exemple de la foi qui, même si elle se trouve très largement réinterprétée par ce film cédant aux codes d’Hollywood, permettra cependant de redécouvrir ce personnage biblique touchant de fidélité que fut Ruth.

Tags:
BibleCinéma
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