Le dicastère pour le Clergé a publié le 13 avril un décret visant à mieux encadrer les offrandes versées aux prêtres par les fidèles demandant une messe pour une intention particulière. Carême 2025
Ce contenu est gratuit, comme le sont tous nos articles.
Soutenez-nous par un don déductible de l'impôt sur le revenu et permettez-nous de continuer à toucher des millions de lecteurs.
Je donne
Avec l’accord du pape François, le dicastère pour le Clergé a publié, le 13 avril 2025, un décret visant à mieux encadrer les offrandes versées aux prêtres par les fidèles demandant une messe pour une intention particulière. Le Vatican rappelle que les prêtres ne peuvent bénéficier que d’une offrande par jour et qu’ils n’ont pas le droit de recevoir de l’argent en échange de la simple évocation d’une intention lors de la messe. Le texte rappelle en outre que les pauvres ne doivent en aucun cas se sentir privés des sacrements en raison de leur précarité.
Le décret de 5 pages signé par le cardinal Lazzaro You, préfet du dicastère pour le Clergé, entrera en vigueur dans une semaine, à partir du dimanche de Pâques. Il entend mieux contrôler une pratique ancienne dans l’Église catholique : le fait qu’un prêtre puisse recevoir une offrande d’un fidèle pour célébrer la messe à une intention déterminée. Si l’Église autorise et encourage cette pratique, elle veut absolument éviter qu’elle entraîne une forme de "commerce de choses sacrées", rappelle l’introduction du document qui se réfère largement au code de droit canon.
En France par exemple, la Conférence des évêques suggère une offrande d’un montant de 18 euros pour une messe demandée par un fidèle. Un prêtre ne peut accepter qu’une seule intention par messe. Il doit alors l’inscrire sur un registre consultable par l’autorité supérieure.
Célébrer des messes même sans offrandes
Dans ce décret, Rome rappelle que les prêtres ne doivent rien demander contre la célébration des sacrements. Ils doivent toujours éviter que "les plus nécessiteux soient privés de l'aide des sacrements à cause de la pauvreté".
Le texte renvoie au code de droit canon qui recommande "vivement" aux prêtres, "même s'ils n'ont pas reçu d'offrande, de célébrer la messe aux intentions des fidèles, surtout de ceux qui sont dans le besoin".
Une intention "collective" sous conditions
Le texte du dicastère autorise dans certaines conditions - déterminées par les évêques d’une province - le fait que des prêtres puissent accepter plusieurs intentions - et donc plusieurs offrandes - et de les satisfaire par "une seule messe". Cela peut être le cas lorsque le nombre de prêtres est trop faible par rapport aux demandes d’intention.
Dans ce cas, la messe est célébrée selon une unique intention collective, mais seulement si tous les offrants ont été informés et ont librement donné leur accord. "Ce consentement ne peut jamais être présumé", insiste le Vatican, qui veut éviter les dérives et renforcer la transparence.
En outre, la règle pour le prêtre est alors de ne conserver qu’une seule offrande correspondant à une intention. De même, le prêtre qui célèbre plusieurs messes par jour ne peut recevoir qu’une seule offrande.
Des mesures disciplinaires ou pénales
Dans un article au ton très ferme, le dicastère pour le Clergé rappelle aux évêques et curés de s’assurer que soient rigoureusement inscrits dans les registres le nombre de messes à célébrer, les intentions, les offrandes et les célébrations effectives. Ces registres doivent être examinés chaque année par l’ordinaire, "personnellement ou par délégation".
Cet article 4 insiste aussi sur la distinction entre la célébration d’une messe pour une intention déterminée et le "simple souvenir" d’une intention énoncée au cours de la messe.
Le Vatican prévient que des mesures disciplinaires, voire pénales, peuvent être prises à l’encontre des prêtres qui accepteraient ou solliciteraient des offrandes contre ces simples évocations d’intention durant les célébrations. Il s’agit pour Rome d’ « éradiquer ce phénomène déplorable".
Une part importante des ressources de l’Église
Enfin, le dicastère encourage la coutume de "transférer les intentions de messe excédentaires avec les offrandes correspondantes vers les pays de mission". En clair, un sanctuaire qui reçoit plus de demandes de messes qu’il n’est capable d’en célébrer est invité à les confier à d’autres églises moins sollicitées. Ce sont elles qui doivent alors recevoir les offrandes.
Les offrandes liées aux demandes de messe constituent une part importante des ressources dans l’Église catholique et permettent de rémunérer les prêtres. En France, le diocèse d’Angers verse par exemple à ses prêtres une indemnité mensuelle de 1.035 euros, dont 450 euros d’honoraires de messes, soit 25 messes célébrées pour une offrande moyenne de 18 euros.