Il lui a fallu à peine sept ans de pontificat pour battre un record sans précédent. Le souverain pontife argentin a canonisé 898 nouveaux saints. Plus que tous les papes réunis de l'histoire de l'Église. Si le site officiel de la Congrégation pour la cause des saints n’a publié aucune information officielle à ce jour au sujet de toutes les béatifications et canonisations prévues en 2020, ses bureaux n’ont jamais autant travaillé : plus de 1.500 procédures sont ainsi en cours aujourd’hui.
Mais attention ! Pour être reconnue sainte, une personne doit remplir quelques conditions, et pas des moindres. À commencer par la fameuse odeur de sainteté, quand le défunt est réputé avoir vécu selon la foi chrétienne jusqu’à ses dernières heures, l’Église exige aussi qu’on lui reconnaisse l’intercession d’au moins deux miracles, ou la mort en martyre. Enfin, sauf exception, une personne doit avoir déjà été béatifiée avant d’être canonisée.
Si c'est la constitution Pastor Bonus de 1988 qui précise bien le rôle et le fonctionnement de cette véritable fabrique des saints, le dernier mot en matière de sainteté revient toujours au souverain pontife. C’est lui qui est chargé d’approuver la promulgation de chaque décret de canonisation. À tel point qu’il peut décider par un simple décret de reconnaître quelqu'un comme saint. Il s'agit alors d'une canonisation équipollente. C’est ce circuit que le pape François a emprunté en 2013 pour canoniser Pierre Fabre, compagnon de saint Ignace et tout premier prêtre jésuite.
Alors quels sont les pronostics pour l'année 2020 ? L’Espagne sera-t-elle représentée d’une façon particulièrement massive parmi les nouveaux bienheureux de cette année comme en 2019 ? Plusieurs nouveaux bienheureux porteront-ils les couleurs de l’Amérique latine ? Est-ce l’Argentine, terre de martyrs et patrie du Pape, qui sera de nouveau en haut de la liste ? Ou l’Italie qui, chaque année, offre de nouveaux visages de la sainteté au quotidien ? En analysant certaines homélies du Saint-Père ou les confidences de Mgr Giovanni Angelo Becciu, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, on peut raisonnablement avancer certains noms.
Des béatifications déjà programmées en 2020
Déjà, quatre cérémonies de béatification sont prévues en 2020. Il s'agit de quatre nouveaux saints dont la décision a été prise en 2019, pour des cérémonies de béatification prévues en 2020. À commencer par une religieuse italienne, de la congrégation des Servantes de la Charité, Lucia Ripamonti (1909-1954) qui sera béatifiée le 9 mai prochain. Issue d'une famille nombreuse, Lucia s'est démarquée depuis sa petite enfance par son sens de la prière en participant chaque jour à la messe et en supportant une lourde maladie avec patience. Elle incarne ce modèle de sainteté au quotidien si cher au pape François.
Le 7 juin 2020, c'est une figure majeure de l'Église de Pologne qui sera béatifiée. Primat de Pologne, archevêque de Gniezno et de Varsovie, Stefan Wyszynski (1901-1981) a combattu durant des décennies le régime communiste pour défendre la liberté de la foi catholique sous le régime totalitaire. Son attitude lui a valu plusieurs années de prison et des pressions permanentes tout au long de son sacerdoce.
Enfin une semaine plus tard, le 14 juin 2020, ce sera au tour de Sandra Sabattini (1961-1984) d'être proclamée officiellement bienheureuse. Membre de la communauté Jean XXIII, cette jeune laïque italienne a rayonné par sa foi et son action auprès des personnes handicapées et marginalisées.
En souvenir douloureux de l’histoire contemporaine, le père Jan Franciszek Macha (1914-1942) prêtre polonais assassiné en 1942 par les nazis, sera béatifié cette année. Malgré la torture, sa foi n'a pas été brisée : en prison, il a fabriqué un chapelet avec des bouts de ficelle en y ajoutant une croix grâce à une écharde arrachée à un coin de table. Il a évangélisé ses co-prisonniers jusqu'au jour de sa mort. Sa béatification est prévue au printemps 2020.
Le père Hamel et d'autres nouveaux saints en tête de liste
Il ne faut pas non plus exclure une béatification du père Jacques Hamel (1930-2016) dès 2020. Remis à la congrégation vaticane moins de trois ans après sa mort, le dossier de son procès en béatification bénéficie en effet de la dispense des cinq années habituellement requises pour l’ouverture d’un procès en reconnaissance d’un martyre. Mgr Becciu, préfet de la congrégation a assuré à l'ouverture du procès vouloir donner la priorité au dossier du père Hamel, conformément à la volonté du pape François.
Si la cause d’autres Français en attente est moins probable, deux candidats italiens semblent figurer dans la liste des « possibles » pour 2020. C'est le cas notamment de Pier Giorgio Frassati (1901-1925). Étudiant, alpiniste et membre du tiers ordre dominicain, mort à l'âge de 23 ans, il a choisi la vie au service des plus pauvres. Béatifié en 1990 par Jean Paul II, le pape polonais en a fait un modèle de sainteté pour les jeunes, le proclamant patron des JMJ. Carlo Acutis (1991-2006) un autre jeune italien, se rapproche à grand pas de la canonisation. En novembre dernier, la Congrégation pour la cause des saints a reconnu un miracle à ce petit génie d’Internet, celui que l’on a surnommé le "geek de Jésus". Enfin une autre cause avance à grands pas. Il s'agit de la fondatrice du mouvement Focolari, Chiara Lubich (1920-2008) dont nous fêtons le 100 anniversaire de sa naissance ce 22 janvier. Après presque cinq années de travail sur la vie et les vertus de cette Italienne, le dossier semble se trouver en haut de la pile. Présent aujourd'hui dans 182 pays, Focolari, mouvement catholique à vocation œcuménique, propose une vie fraternelle profondément imprégnée de l’Évangile.
À n’en pas douter, l’Église et le Pape vont continuer d’offrir de nouveaux exemples au monde. En des temps qui la disent en crise, cette multiplication de témoins du Christ ne peut que favoriser la continuité et le renouvèlement du message d’une Église qui se veut tout autant universelle que soucieuse de jalonner notre époque des porteurs de la lumière du Christ.