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"Ton avion est à 7 heures du matin demain. Pense à te lever suffisamment tôt pour ne pas le rater et n'oublie pas ton passeport, tu es tellement tête en l'air." Des messages comme celui-ci, Hélène en reçoit régulièrement de la part de son père. Mariée et mère de trois enfants, elle est souvent infantilisée par ses parents. Une réalité avec laquelle elle a appris à vivre. "Je les laisse radoter et ignore souvent des messages de ce type", avoue la trentenaire. Il est courant que certains parents éprouvent des difficultés à lâcher prise lorsque leurs enfants deviennent adultes. Une situation qui peut découler de différents facteurs liés à l'attachement, aux préoccupations parentales et aux dynamiques familiales. "Les parents redoutent souvent que leurs enfants fassent de mauvais choix, car, en tant que parents, ils veulent que leurs enfants réussissent et évitent les erreurs. Ils ont peur de les voir se planter, or c’est en se plantant qu’on pousse”, explique Marie Brintet, conseillère conjugale et familiale au Cler en Bourgogne.
Dans d’autres cas, les parents qui s’investissent beaucoup dans la vie de leurs enfants, y compris financièrement, estiment qu’ils ont leur mot à dire. Jean, 44 ans, témoigne : "Mes parents m'ont aidé à acheter mon premier appartement. Depuis, ils donnent des conseils sur tout, des travaux à réaliser à la couleur de la peinture à mettre dans le salon". Un comportement qui n’a pas tardé à entraîner des tensions. "Nous nous disputions beaucoup avec mon épouse à ce sujet, elle ne supportait plus cette intrusion. Quant à moi, je ne voulais pas me sentir redevable. Résultat, nous n’allons plus déjeuner le dimanche chez mes parents." Une souffrance pour sa mère, Chantal, qui ne comprend pas cet éloignement, elle qui ne veut que le meilleur pour son fils unique.
Passer d’une relation parent-enfant à une relation d’égal à égal
Bien souvent, cette inquiétude, qui peut être perçue comme infantilisante, voire étouffante, est liée à l'amour profond que les parents portent à leurs enfants. Mais ce trop-plein d'amour peut devenir néfaste, car l’intention est justement trop bien intentionnée. C’est pourquoi, comme le conseille Marie Brintet, il est important de "passer d'une relation parent-enfant à une relation d'égal à égal". "Un parent doit être capable de permettre à l'enfant de faire ses propres choix. Cela passe par une relation d'adulte à adulte, sans trop s'immiscer dans les décisions personnelles de l'enfant", précise la spécialiste.
Et si l’envie de donner des conseils est très présente, pourquoi ne pas tenter une autre formulation que "à ta place, je ferais ceci" ou "tu devrais faire cela" ? "Il est préférable d'expliquer pourquoi une décision vous inquiète : "Le choix que tu poses va impliquer ceci et cela ne me rassure pas. Mais c’est ton choix." Il faut permettre à votre enfant d'opter pour ce qui lui semble juste. L’idée est de ne pas imposer ses décisions, mais de maintenir une communication honnête et bienveillante", conseille Marie Brintet, ajoutant que "le rôle des parents face à leurs enfants adultes est de rester présents sans s’imposer ni imposer des conditions."
Accepter les échecs de ses enfants est également crucial, car c’est à travers ces échecs qu’ils évoluent. Ils se font leur propre expérience de la vie, qu’il s’agisse de leur vie étudiante, d’époux et d’épouse, ou de parents. "Avec le temps, la relation entre parents et enfants évolue. Et c’est ce qui est intéressant dans la parentalité, dont l’une des réussites est de devenir ami avec ses enfants. C’est-à-dire passer d’une relation filiale à une relation d'égal à égal, ce qui nécessite de laisser de l’espace tout en offrant du soutien", insiste Marie Brintet. Les parents peuvent avoir du mal à accepter que leurs enfants prennent des décisions qui ne correspondent pas à ce qu'ils auraient souhaité pour eux ou fait à leur place. Cela peut parfois entraîner un deuil symbolique, celui de perdre la version idéale de l'enfant qu'ils avaient en tête. "Il faut comprendre que, bien qu'ils puissent conseiller leurs enfants, ceux-ci doivent pouvoir faire leurs propres choix, même si ces choix diffèrent de ce qu'ils auraient imaginé", conclut Marie Brintet.