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Faut-il se mêler des disputes de ses enfants devenus adultes ?

family arguing
Anna Ashkova - publié le 22/09/24
Il n’est jamais évident de voir ses enfants se disputer. Si on gère naturellement les chamailleries de ses jeunes enfants, est-il possible d’intervenir dans les disputes de ses enfants devenus adultes ? 

"Je n’ai plus de sœur", a lâché Valérie à ses parents après une violente dispute avec sa sœur aînée Laure. Depuis, les deux sœurs ne se parlent plus et évitent de se retrouver au même endroit en même temps. "Nous passons chaque été en famille en Bretagne. Cette année, les filles sont venues à des moments différents pour ne pas se croiser. C’était déprimant", se désole Chantal. Les disputes impliquant ses enfants touche profondément les parents. "Ils rêvent d’harmonie, d’une famille parfaite. Ils se sentent responsables des liens que leurs enfants tissent entre eux", explique à Aleteia Bénédicte Lucereau, thérapeute de couple au cabinet Mots croisés. Bien que les tensions entre leurs enfants confrontent les parents à une sensation d'échec, la spécialiste assure qu’"ils ne sont pas responsables de la manière dont ils gèrent leur relation". 

Ne pas intervenir mais analyser la situation 

Ainsi, tandis que certaines fratries vont s'aimer jusqu'à la fin de leur vie, d'autres se détesteront à certains moments, voire tout le temps. C'est la vie et il ne faut pas se mêler de leurs disputes, sauf si elles déstabilisent la vie de famille, le savoir vivre ensemble. "Si une dispute éclate lors d’un repas de famille, il ne faut pas hésiter à inviter les protagonistes à résoudre leur conflit ailleurs", conseille Bénédicte Lucereau. Si elle suggère de ne pas intervenir ni de tenter de régler le conflit, elle note néanmoins qu’il faut parfois analyser les causes de la situation et mettre des mots sur des événements qui ont pu se produire dans le passé et pousser à une telle situation aujourd’hui. 

Si les enfants ont décidé à ne pas se parler, il ne faut pas les obliger à le faire. Cela rajouterait de la souffrance.

"Avec mon mari, nous avons eu notre deuxième fils lorsque notre aîné avait 12 ans. Nous avons toujours voulu avoir une grande famille mais mon état de santé ne nous le permettait pas. La naissance de Nicolas a été vécue par nous comme un petit miracle. Comblés, nous avons inconsciemment délaissé Pierre. Leur relation a toujours été compliquée et aujourd’hui encore, alors qu’ils ont 42 et 30 ans respectivement, ils continuent à rivaliser", raconte Monique. Pour Bénédicte Lucereau, les conflits dans une fratrie sont souvent liés aux blessures d’enfance : la place dans la fratrie, une maladie, la jalousie, etc. "Il est important que les parents expliquent aux enfants ce qui s’est passé. Sinon les enfants risquent de se construire avec de fausses croyances". 

Lorsque le lien dans la fratrie est brisé, la tentation est grande pour les parents d'essayer de le renouer. Mais à moins que la situation ne dégénère en violence, mieux vaut ne pas s’immiscer dans leur vie privée. "Si les enfants ont décidé à ne pas se parler, il ne faut pas les obliger à le faire. Cela rajouterait de la souffrance", répète Bénédicte Lucereau. Et de proposer aux parents d’inviter leurs enfants à entreprendre une thérapie.

Avoir un regard d’espérance 

Mais il arrive aussi qu’un enfant demande à ses parents de prendre position dans le conflit… en sa faveur. "En exigeant cela de leurs parents, les enfants les mettent en position de juge. Et ce n’est pas bon ! Les parents ne doivent pas valider les choix de l’un ou l’autre enfant car cela risque d’amplifier la division au sein de la famille. À partir du moment où on se juge les uns les autres, les liens familiaux en prennent un coup", explique Bénédicte Lucereau. Mais dès lors que faire ? Se boucher les oreilles ? "Non, ils peuvent écouter, chercher à comprendre, à soutenir, sans monter les uns contre les autres. Ils peuvent dire à celui ou celle qui vient les voir : "Je t’écoute, je comprends ce que tu ressens, je suis triste moi aussi de cette situation" mais sans donner d’avis sur le conflit", insiste Bénédicte Lucereau. 

Georges, lui, préfère fermer les yeux sur les conflits de ses filles en faisant comme s’ils n’existaient pas. "Elles sont grandes ! Je refuse d’entendre parler de leurs disputes", confie-t-il, non pas sans être déçu de cette relation électrique qu’entretiennent ses enfants. Une technique de l’autruche que Bénédicte Lucereau déconseille également. Ne pas intervenir ne veut pas dire qu'il faut faire comme si tout allait bien. "Il faut prier pour qu’un jour la paix et le pardon règnent, et surtout se dire que si la situation est "pour le moment" ainsi, elle pourra évoluer plus tard. Se dire "pour le moment" permet d’avoir un regard d’espérance", conclut Bénédicte Lucereau.

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