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Étienne Guillet, nouvel évêque de Saint-Denis : “La mission n’est pas une expertise”

Le père Etienne Guillet sera ordonné évêque en la basilique Saint-Denis, le 16 février.

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Anne-Sophie Retailleau - publié le 15/02/25
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Le père Étienne Guillet, 48 ans, va devenir le plus jeune évêque de France, pour le diocèse de Saint-Denis. À quelques heures de son ordination épiscopale, l'ancien curé de Mantes-la-Jolie (Yvelines) et de Trappes a répondu aux questions d'Aleteia.

À 48 ans, le père Étienne Guillet s'apprête à devenir le prochain évêque de Saint-Denis. Il recevra l'ordination épiscopale dans la basilique de Saint-Denis, dimanche 16 février, en présence d'une trentaine d'évêques. Ordonné prêtre en 2006, il a été curé à Trappes, puis à Mantes-la-Jolie (Yvelines). Le père Étienne Guillet vit dans les quartiers populaires depuis une dizaine d'années et veut faire rayonner l'Église des périphéries, selon le souhait du pape François.

Aleteia : Comment vous sentez-vous à l'approche de votre ordination épiscopale ?
Père Étienne Guillet : Il faut s’en remettre au Seigneur pour cette grande responsabilité qui est de prendre soin de son Église. C’est assez impressionnant de se dire qu’on rejoint le grand cortège des apôtres et de leurs successeurs qui ont essayé de faire de leur mieux pour que l’Évangile soit annoncé et que l’on rayonne de l’amour de Dieu. Dans ce cortège, il y a ceux qui sont morts mais aussi ceux qui sont vivants, avec tous les évêques de France et du monde entier.

Vous vivez dans les quartiers populaires depuis plusieurs années. Comment allez-vous soutenir l'évangélisation dans le diocèse de Saint-Denis ?
Il faut être vigilant à ne pas plaquer ce qu’on a vécu sur un autre territoire. Mais il y a des questions qui me sont plus familières, dont le fait d’être en quartier populaire. J’évolue dans ce milieu depuis une dizaine d’années. Il faut se laisser surprendre et se laisser émerveiller. Le territoire a une histoire qui me précède, une histoire de la mission. Depuis la création du diocèse en 1966, beaucoup d’énergies missionnaires s’y sont déployées. Il faut donc avoir une paire de lunettes qui se laisse émerveiller, surprendre, qui ose poser des questions, comme l’enfant qui ne sait pas et qui démarre. C’est pour cela que j’ai décidé que jusqu’à l’été, l’essentiel de mes journées sera consacré à rendre visite aux prêtres, ils sont 130 dans le diocèse. Je veux les rejoindre là où ils vivent plutôt que leur demander de venir à l’évêché. Le soir sera le moment de visiter les communautés religieuses, il y en a beaucoup. Je souhaite aussi rencontrer les diacres permanents. Je veux les écouter. L’Esprit saint parle dans le cœur d’un évêque j’imagine, mais il parle aussi beaucoup dans le cœur des uns et des autres.

Il faut commencer par écouter. Les différentes traditions de religieux dans le diocèse ont ceci de commun d’être tous venus pour participer à la mission, avec les prêtres diocésains. Une religieuse de Charles de Foucault ne vit pas la mission qu’un prêtre de la Communauté de l'Emmanuel ou un frère de Taizé par exemple. J’ai surtout envie de les encourager à donner le meilleur de leur spiritualité. La mission, ce n’est pas qu’un seul chemin. Il s’agit que chacun puisse rayonner. C’est un département très jeune, 30% de la population a moins de 21 ans, cela se retrouve dans les paroisses. Les jeunes seront nombreux à partir à Taizé, au Frat, à Rome pour le jubilé. Il y a une belle jeunesse croyante. Il faut les encourager, car ils sont aussi les missionnaires de la Seine-Saint-Denis d’aujourd’hui.

La mission, c'est le caractère propre d’une Église vivante et joyeuse.

J’ai le désir de les encourager à avoir la Parrhèsia, l’audace de témoigner qui vient de l’Esprit saint. Je serai dans un département où les chrétiens sont peu nombreux et ils ont une responsabilité forte, qui est de rayonner de Son amour en actes et en paroles. C’est l’aventure de l’Église pour tous et pas une spécialité pour certains. La mission n’est pas une expertise, la fin de l’Évangile de saint Matthieu le dit. C'est le caractère propre d’une Église vivante et joyeuse. Quand on porte une bonne nouvelle, on a envie de la partager !

Comment comprenez-vous l'expression du pape François qui exhorte à aller "aux périphéries" ? Comment souhaitez-vous le vivre dans votre diocèse ?
Il faut que la communauté rassemblée continue à être ancrée en Jésus-Christ, à le célébrer, le louer, qu’elle ouvre grand ses portes pour rejoindre ceux qui ne connaissent pas le Christ, et particulièrement les périphéries, c’est-à-dire, ceux qui sont en marge. Pour nous qui habitons au-delà du périphérique, ce sont les marges sociales, les plus fragiles, les plus pauvres. Ce sont aussi les marges d’état de vie, il y a les hôpitaux, une prison qui va doubler de taille. Ce sont aussi toutes les marges existentielles, les gens qui se retrouvent seuls, qui peuvent douter qu’ils sont aimés et qu’ils comptent. Il n’y a rien de tel que de dire à tout homme qu’il compte pour nous, le Christ a manifesté cela. Les marges, ce sont tous ceux qui ne sont pas sûrs qu’ils comptent aux yeux de Dieu. La mission de l’Église, ce n’est pas nouveau, c’est de les rejoindre.

Comment allez-vous vivre ces dernières heures avant votre ordination ?
J’ai voulu rester le plus longtemps possible dans ma paroisse à Mantes-la-Jolie. Je venais d'arriver comme curé lorsque j'ai été nommé évêque. Ce n'est pas rien pour une communauté, donc je voulais rester avec eux jusqu'au bout. La veille de mon ordination, je vais partir marcher. De Saint-Jean-Baptiste de Grenelle, l’endroit où j’ai été baptisé, je dirai les laudes, puis j'irai à pied jusqu’à Montmartre, au pied de la colline. Il y a là-bas le lieu du martyr de saint Denis, le premier évêque de Paris. C’est une très grande figure de sainteté. Il a été missionnaire pour Lutèce, une petite communauté chrétienne s’est formée autour de lui, puis il a été arrêté et décapité à Montmartre. Je vais dire la messe au lieu de son martyr. Et je finirai à pied jusqu’à la basilique Saint-Denis, le lieu où il a été inhumé.

Ma façon d’entrer dans ce ministère sera donc de retourner à la source de mon baptême et de demander l’intercession de celui qui a fondé l’Église en Île-de-France, au lieu où il est mort puis où il a été inhumé. Saint Denis a quelque chose de moderne : il a quitté sa ville pour être missionnaire et tout donner par amour du Christ. Ça sera ma prière lors de mon ordination.

Quel évêque serez-vous pour les prêtres de votre diocèse ?
C’est difficile, je ne sais pas quel évêque je serai, mais je sais ce que je désire. Je souhaite leur être proche, être à leur écoute. Je les remercie d’avoir donné leur vie pour le Christ. Quel que soit leur âge, les 130 prêtres se donnent largement pour que Jésus soit connu et aimé. Je leur suis reconnaissant, et j’ai voulu leur écrire à chacun pour leur dire que je prie pour eux et que j'essaierai d’être le plus disponible possible. Le concile Vatican II dit que l’évêque est à la fois le père de ses prêtres, et aussi l’ami. Il faut articuler ces deux dimensions d’autorité et de fraternité. Être tout à la fois frère par l’ordination, père comme évêque, et ami par le baptême et la mission commune.

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