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Cette nomination épiscopale est singulière. Le père Étienne Guillet, bien qu’ayant un parcours le destinant à de hautes fonctions, s’est consacré aux humbles, aux oubliés. Prêtre du diocèse de Versailles, il aurait pu choisir une paroisse plus confortable. Mais il a accepté et même choisi de passer neuf années à Trappes, la ville qui inquiète par un passé et un présent difficile. Il a fait vivre la paroisse Saint-Georges perdue en milieu musulman, il a contribué à lutter contre toutes les violences, toutes les ségrégations. Il est un exemple parmi d’autres de ces curés de cités qui sont les missionnaires d’aujourd’hui, les successeurs de François-Xavier, Matteo Ricci, du père Laval et tant d’autres, héros et saints d’hier partis annoncer la parole dans les contrées les plus hostiles.
Une mission au grand jour
Ces prêtres, religieux, religieuses vivant dans les quartiers, sont animés par une vraie force évangélisatrice ; ils acquièrent aujourd’hui avec leur frère Étienne une reconnaissance et tous se réjouissent de la nomination de l’un des leurs. Vendredi 15 novembre, lorsque le communiqué de la Conférence des évêques est paru, la Fraternité missionnaire des cités a reçu de nombreux messages, tous se réjouissant pour Étienne et au-delà pour les paroissiens, les habitants de leurs villes. Ils ont ressenti que leur mission apparaît désormais au grand jour.
Au-delà des chrétiens, les élus, les responsables d’autres religions et d’associations, les éducateurs qui ont travaillé avec le Père Étienne ont adressé des messages de félicitation et de soutien. Il s’agit là de la reconnaissance d’un homme, bien sûr, qui a su tisser des liens forts avec la communauté humaine mais plus encore, de la force et du rayonnement des paroisses et de tous chrétiens des cités qui sont reconnus comme des acteurs de paix.
Une voie prophétique
La reconnaissance de l’action des paroisses dans les quartiers populaires est essentielle : indispensable. On parle trop du déclin de la foi, des églises vides qui sont des réalités dans une France traditionnelle. Regardons ce qui se passe dans les quartiers populaires, allez à la messe à Bondy, à La Courneuve, à Saint-Denis ou ailleurs pour constater que les églises sont pleines. Elles sont joyeuses, animées, la liturgie est classique et belle, les jeunes sont présents. Oui, il existe une Église en France qui lance un message d’espérance, une voie prophétique et il suffit de prendre le RER pour la découvrir en Île-de-France ou parcourir quelques kilomètres vers les périphéries des grandes villes.
Dans moins de dix ans, il y aura autant de catholiques fréquentant les églises dans les quartiers que dans le reste des villes, bourgs et campagnes.
Dans moins de dix ans, il y aura autant de catholiques fréquentant les églises dans les quartiers que dans le reste des villes, bourgs et campagnes. Le sait-on, ce message d’espérance et de foi parvient-il aux oreilles du peuple de Dieu dans notre pays ? C’est une bonne nouvelle et il faut la partager. Les "périphériques" chers au pape François vont s’inverser et les jeunes des cités vont venir évangéliser les centres.
Révéler attentes et expériences
Mgr Étienne Guillet est très attendu tant les thèmes qu’il va aborder sont nombreux et difficiles. Il devra s’attaquer aux questions de société : violence, drogue, chômage, et aux sujets religieux avec un présence musulmane importante, le prosélytisme des évangéliques. Les réalités de ces paroisses sont différentes des autres diocèses avec la multiplication des baptêmes, la faiblesse des mariages, l’absence de proposition pour les jeunes qui auraient une vocation.
Il va compter sur les prêtres de toutes origines, tous très engagés, courageux et missionnaires, sur les nombreuses communautés religieuses présentes dans les cités et sur les jeunes tels ceux qui se réuniront le 20 décembre prochain à Saint-Roch pour une nuit de prière : la Cité Céleste. Étienne Guillet nous dit : "Je suis heureux de servir ce diocèse marqué par beaucoup de défis, le multiculturalisme, l’existence de nombreuses fragilités mais aussi des signes heureux et positifs. Il y a un aspect prophétique et les chrétiens sont les témoins de la bonne nouvelle."
Les dynamiques de Saint-Denis peuvent donner des idées, motiver ou servir de référence dans la France des quartiers.
Le nouvel évêque sera ordonné le 16 février prochain. Son diocèse sera observé par d’autres diocèses, tous les diocèses de France peut-être, tant ils comptent de quartiers populaires qui demandent une pastorale adaptée. Les dynamiques de Saint-Denis peuvent donner des idées, motiver ou servir de référence dans la France des quartiers. En étant l’un des aumôniers de la Fraternité missionnaire des Cités, le Père Étienne a contribué à révéler les expériences et les attentes des prêtres de l’Île-de-France, il continuera sa mission dans ce sens. Monseigneur, cher Père Étienne, appelons à prier pour vous, pour votre diocèse et pour tous les fidèles vivant dans les quartiers difficiles et qui croient, s’engagent et annoncent la Parole de Dieu.