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La touchante rencontre du Pape avec une prostituée

FLORES-DISTRICT-BUENOS-AIRES

Vue aérienne de la basilique San José de Flores, à Buenos Aires, que Jorge Mario Bergoglio fréquentait pendant son enfance.

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Camille Dalmas - publié le 16/01/25
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Dans sa nouvelle autobiographie "Espère" (Albin Michel), le pape François raconte la vie des gens de son quartier d'enfance à Buenos Aires. Une galerie haute en couleurs, constituée de rencontres parfois inattendues.

Dans sa nouvelle autobiographie, Espère (Albin Michel), remontant le fil de son enfance, le pape François se souvient que dans son "barrio" - un quartier de Buenos Aires – se trouvait un certain nombre de prostituées. Il y avait une certaine Margot, une coiffeuse chez qui sa mère l'envoyait parfois se faire couper les cheveux, et dont il connaissait les parents. "C’étaient des gens très bien", affirme-t-il, se remémorant de sa surprise quand la jeune femme, un jour, a eu un enfant dont on ne savait pas de qui était le père. 

Le pape François se souvient aussi d’une danseuse de revue qui était mariée à un homme "ombrageux" et qui, disait-on, vendait elle aussi ses charmes. La jeune femme était morte subitement de la tuberculose, "éprouvée par la vie". Elle était la fille d'une Française, qui s'était produite "dans les night-clubs parisiens", mais qui travaillait désormais comme domestique et dont le Pape loue la grande dignité. François se souvient aussi de deux autres filles de joie qui étaient sœurs et avaient la réputation d'être "haut de gamme", parce qu'elles fixaient leur rendez-vous "par téléphone" et qu'on venait les chercher en voiture. "Tout le quartier les connaissait", raconte-t-il, se rappelant leurs surnoms : la Ciche et la Porota.

"Les corps qui n’intéressent personne"

Un jour de l'année 1993, alors que Jorge Mario Bergoglio a désormais près de 57 ans et qu'il est devenu, depuis 1992, évêque auxiliaire de Buenos Aires, il reçoit un coup de téléphone. « C'était la Porota qui voulait me parler ». L'évêque est surpris, il n'a plus entendu parler d'elle depuis son enfance. "Hé, tu te souviens de moi ? J'ai appris qu'on t'avait fait évêque, je veux te voir !", lui demande cette femme très loquace, pareille, selon les mots du pontife, à « un véritable fleuve en crue ». Le Pape accepte et reçoit la Porota à l'évêché. La femme lui raconte sa vie : "Tu sais, j'ai été prostituée partout, même aux États-Unis […] J'ai gagné de l'argent, et puis je suis tombée amoureuse d'un homme plus âgé, il a été mon amant. Quand il est mort, j'ai changé de vie." Bénéficiant désormais d'une pension, la femme raconte à Mgr Bergoglio son nouveau métier : elle donne le bain à des personnes âgées "qui n'ont personne pour s'occuper d'eux" dans leur maison de retraite. 

"J'ai tout fait avec mon corps, mais maintenant je veux prendre soin des corps qui n'intéressent personne", explique-t-elle à son évêque. "Une Madeleine contemporaine", s'exclame le pape François, la comparant à la célèbre prostituée repentante des Évangiles. La Porota, qui est malade, n'a pas sa langue dans sa poche et prononce "quatre jurons tous les cinq mots". Devant Mgr Bergoglio, elle reconnaît qu'elle ne va pas beaucoup à la messe, contrairement à sa sœur, la Ciche, qui elle aussi "a changé de vie" et passe son temps à prier. "C'est devenu une suceuse de cierges !", déclare l'ancienne prostituée dans son langage pittoresque, avant de demander à Mgr Bergoglio de dire à sa sœur de "se bouger les fesses" et de s'occuper des autres. 

"Je l'ai beaucoup aimée"

Quelques semaines plus tard, la Porota demande au Pape de venir célébrer une messe pour elles et certaines de ses amies, des anciennes prostituées ou femmes ayant appartenu au “syndicat”, soit la pègre. François accepte, et fait venir avec lui un ami prêtre qui traverse une grave crise vocationnelle mais qui remonte la pente. "Ce fut une célébration magnifique", se souvient-il, racontant que toutes ces femmes avaient décidé de se confesser. Plus tard, c'est sur son lit d'hôpital que le Pape retrouve la Porota, qui l'a fait venir pour recevoir l'extrême-onction et la communion. Elle meurt peu après, et depuis, le pape François n'oublie jamais de prier pour elle le jour de sa mort. "Je l'ai beaucoup aimée", déclare-t-il.

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