À la tête de l’Église catholique depuis bientôt dix ans, le pape François a célébré des messes par milliers, a prononcé tout autant d’homélies et a très certainement donné les différents sacrements à des dizaines de milliers de personnes. Une vocation qui trouve son origine dans une rencontre fortuite qui s’est déroulée un 21 septembre il y a 71 ans entre le jeune Jorge Mario Bergoglio, alors étudiant en chimie, et un prêtre dans une église d’Argentine.
Cette rencontre, il en a parlé dans le livre Des pauvres au Pape, du Pape au monde, publié le 1er avril aux éditions du Seuil, où il a répondu en toute liberté – et simplicité – à une centaine de questions posées par des pauvres du monde entier. "Comment avez-vous ressenti l’appel à devenir prêtre ?", l’a ainsi interrogé Françoise, une Française d’Angers. Voici sa réponse :
Je ne l’oublierai jamais. C’était le 21 septembre 1953. En Argentine, le 21 septembre est la Journée de l’étudiant, et je m’apprêtais à partir en pique-nique avec mes camarades. Je suis passé devant l’église de San José de Flores et j’y suis entré. J’étais catholique. J’étudiais la chimie pour devenir médecin. Je suis donc entré et, là, j’ai vu un prêtre que je ne connaissais pas. Il s’est installé dans le confessionnal, et j’ai senti alors comme une impulsion à me confesser. Je ne sais pas ce qui s’est passé, ni combien de temps a duré cette confession. Mais je me suis relevé, je suis rentré chez moi et je me suis progressivement rendu compte que Dieu m’appelait. J’ai poursuivi le cours de ma vie normale, l’école, les amis, le travail le matin dans un laboratoire… Mais en 1956, trois ans plus tard donc, je suis entré au séminaire. J’avais vingt ans. Je veux rendre témoignage de ce prêtre que je ne connaissais pas. Il venait de la province de Corrientes, et avait d’abord été acteur de théâtre. Il était à Buenos Aires pour soigner une leucémie. Dix mois après notre rencontre, il est mort. C’est lui qui m’avait guidé, c’est lui qui m’avait aidé. J’avais en effet continué à le voir. Après son enterrement, je suis rentré chez moi et j’ai pleuré, pleuré. Je me sentais dans un état d’angoisse, dans un sentiment d’abandon. Je me rappellerai toujours ces larmes. Ensuite, les choses sont allées lentement. Mais la certitude est née ce jour du 21 septembre 1953. La certitude d’un cadeau.