La baisse était prévisible mais les chiffres définitifs font néanmoins froid dans le dos. L’Insee a publié ce mardi 14 janvier le bilan démographique de l’année 2024. La fécondité continue de baisser, malgré le "réarmement démographique" annoncé par Emmanuel Macron il y a un an. La natalité était déjà en berne en 2023, et les chiffres de 2024 ne vont pas en s’améliorant : avec 663.000 naissances en 2024, la natalité a chuté de 2,2% en un an et de 21,5% depuis 2010 (année du dernier pic des naissances). Si cette baisse est d’une ampleur moindre que celle enregistrée entre 2022 et 2023 (‑6,6 %), elle reste néanmoins plus importante que celle observée chaque année entre 2010 et 2022.
Une baisse qui s’explique principalement par le recul de la fécondité. En 2024, l’indice conjoncturel de fécondité (ICF) recule à 1,62 enfant par femme (après 1,66 en 2023). "Cette baisse s’inscrit dans une tendance de moyen terme : l’ICF diminue depuis 2010, où il s’élevait à 2,02 enfants par femme", souligne le rapport. Il faut remonter à la fin de la Première Guerre mondiale pour retrouver un ICF aussi bas qu’en 2024. En outre, en 2024, l’âge moyen à l’accouchement poursuit sa hausse : les femmes ont leur premier enfant à 31 ans (contre 29,5 ans 20 ans plus tôt).
La France, désormais mauvaise élève en Europe
Pendant longtemps, la France était considérée comme "bonne élève" en matière de natalité au vu de son indicateur de fécondité plus élevé que celui des autres pays européens. Mais avec un ICF qui ne cesse de baisser depuis plusieurs années, cette position n'est désormais plus d'actualité. Un point mis en avant par l'UNAF (Union nationale des associations familiales) : "Ceux qui cherchent à relativiser cette baisse ou à se consoler en se comparant aux pays voisins se trompent : sur les deux dernières années, la baisse en France est plus accentuée que dans la majorité des pays européens", a alerté l'association le 9 janvier 2025. Les AFC (Associations Familiales Catholiques) soulignent quant à elles que le taux de fécondité est remonté dans un certain nombre de pays européens grâce à des mesures prises entre 2001 et 2021. C'est le cas en Allemagne (+17%), en Lettonie (+29%), en Roumanie (+42%), en Slovénie (+35%) et en Tchéquie (+59%).
En France, "cette baisse est continue depuis 10 ans. En 2024, il est né environ 160.000 bébés de moins qu’en 2014", déplore Pascale Morinière, présidente des Associations Familiales Catholiques (AFC) au micro de RCF ce mardi 14 janvier. "Nous battons chaque année des records à la baisse !" Et d’alerter sur le fait que depuis 50 ans, la France n’assure plus le renouvellement naturel de ses générations. "Pour cela, il faut un taux de natalité supérieur ou égal à 2,1 enfants par femme. Voilà désormais un demi-siècle que nous sommes en dessous de ce taux", constate-t-elle.
L’urgence d'une politique familiale forte
La natalité est en berne alors même que le désir d’enfant reste majoritaire en France. L’année dernière, en janvier 2024, l’UNAF a réactualisé le nombre idéal d'enfants souhaité par les Français : le désir d’enfant était de 2,27, bien au-dessus des 1,62 enfant par femme actuels. "L’écart entre ces deux indices montre que les Français ne parviennent pas à accueillir le nombre d’enfants qu’ils souhaitent", concluent les AFC. Les Associations Familiales Catholiques exhortent le nouveau gouvernement formé par François Bayrou à réaliser un diagnostic précis des raisons menant à cet écart pour proposer des réformes adéquates aux besoins des familles françaises. Selon elles, seul un diagnostic aussi exact que possible de la situation française permettra de proposer les bonnes solutions.
Pour l'UNAF, la relance de la natalité passe par une politique familiale forte. Elle dénonce "un soutien dégradé" des politiques en faveur des parents ces dix dernières années, et notamment la "destruction massive des aides socio-fiscales". Selon l'association, "le coût du logement et les charges financières sont devenus des obstacles majeurs à la réalisation du désir d’enfant". Elle pointe également du doigt la détérioration de la conciliation de la vie familiale et de la vie professionnelle. Autant de facteurs qui reportent les naissances, les rendant plus aléatoires. Pour l'UNAF, seules une véritable réforme du congé parental, l'accessibilité aux modes de garde ainsi qu'une meilleure prise en compte fiscale et sociale de la charge d'enfant permettront de favoriser les naissances.