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Dans l’iconographie, les lettres font partie intégrante du récit théologique de l’icône elle-même. Ces lettres sont l’âme d'une icône, comme le soulignait le théologien orthodoxe Pavel Florensky (1882-1937). Sans elles, une icône n’en est pas une. Grâce à ces inscriptions, faites en différentes langues, en général il s’agit du slavon ou du grec, une icône prend vie. Dans les temps anciens, ces inscriptions étaient faites par l'évêque lui-même, après quoi l'icône était considérée comme consacrée.
Si elles paraissent difficiles à comprendre, c’est que ces lettres sont en réalité des abréviations : les mots ne sont presque jamais écrits dans leur intégralité. Dans l’iconographie, il est d'usage d'utiliser le format dit de contracture dans lequel seules la première et la dernière lettre d'un mot sont représentées. Cette contracture est indiquée par un signe spécial placé au-dessus des lettres : ͠ .
Ces inscriptions servent de repères spirituels et aident les fidèles à comprendre leur contexte. Pour celles et ceux qui sont moins familiers avec ces langages ou conventions, voici un aperçu des lettres et des abréviations les plus courantes, c’est-à-dire en grec, dans les icônes orthodoxes :
Jésus
L'une des inscriptions les plus répandue que l'on retrouve sur les icônes du Christ est IC XC (ΙϹ ΧϹ), qui signifie en grec Ἰησοῦς Χριστός – Jésus-Christ. Elles sont souvent placées de chaque côté de la tête du Christ. Outre IC XC, une autre inscription courante est Ὁ ὬΝ (HO ON), qui signifie "Celui qui est", faisant référence à la révélation de Dieu dans l’Exode par "JE SUIS". Cette phrase souligne la nature divine du Christ comme éternelle et auto-existante – comme le dit le Credo : "engendré, non créé, consubstantiel au Père". Cette phrase est inscrite sur les icônes dans le nimbe crucifère qui rappelle la russification de Jésus.
Marie
Les icônes représentant la Vierge Marie comportent souvent deux inscriptions : ΜΡ ΘΥ (Μήτηρ Θεοῦ), l'abréviation grecque de Mère de Dieu. Cette abréviation, également en grec ou en slavon d'église, explique le rôle de Marie dans l'histoire du salut en tant que Theotokos, ou "porteuse de Dieu". Parfois, les mots Παναγία (Panagia), qui signifient "Toute Sainte", accompagnent les images de Marie, soulignant sa pureté unique et son rôle dans la théologie chrétienne.
Saints
Dans les scènes de saints, d'anges ou de personnages bibliques, les noms sont souvent abrégés ou écrits en entier en signe d'honneur et d'identification. Par exemple, saint Georges peut être appelé ΟἉΓΙΟC ΓΕΩΡΓΙΟC (Hagios Georgios), ou simplement ΓΓ en abrégé, "Hagios" signifiant "Saint". Cette pratique permet au fidèle de reconnaître immédiatement les personnages et leur héritage spirituel, même au-delà des barrières linguistiques.
Les fêtes
Les inscriptions sur les icônes s'étendent également aux représentations des fêtes liturgiques. Dans l'icône de la Résurrection, les lettres grecques Ἡ ἈΝΑΣΤΑΣΙΣ (He Anastasis) sont souvent présentes, signifiant "La Résurrection", mettant l'accent sur l'événement représenté, plutôt que sur une simple figure. De même, dans les icônes de la Nativité ou du Baptême du Christ, les inscriptions indiquent l'événement, rappelant le mystère sacré global représenté.
Les icônes sont destinées non seulement à décrire mais à communiquer le mystère de l'Incarnation, de la Résurrection et de la vie des saints, et ces lettres apparemment simples contiennent des éléments clés qui aident à déchiffrer ces vérités théologiques. En apprenant à les reconnaître, les fidèles sont invités à une contemplation plus profonde, expérimentant les icônes non pas comme des images statiques, mais comme un langage partagé révélateur.