Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi le vôtre.
*don déductible de l'impôt sur le revenu
Prier pour la paix, inlassablement. L’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, il y a un an, a ouvert sur une année sanglante et une intensification du conflit au Proche-Orient. Les semaines s’y sont suivies et avec elles leur lot de nouvelles sanglantes et désolantes. Dans la bande de Gaza d’abord où, après une année de guerre, la situation continue d’être dramatique. Une grande majorité de Gazaouis sont déplacés : pour l'instant 400.000 personnes vivent à Gaza city, le reste de la population est localisée au sud. "Les bombardements continuent depuis le début de la guerre, il n'y a pas de trêve", confie à Aleteia le père Gabriel Romanelli, curé de la paroisse catholique de Gaza. "Nous entendons et vivons les frappes tous les jours. Il y a des morts quotidiennement, et évidemment beaucoup de blessés (95.000 depuis le début de la guerre)".
Le plus difficile pour lui ? "À ce stade est de ne pas savoir quand tout cela va prendre fin. Il semble qu'il n'y ait aucun cessez-le-feu ni aucune trêve en cours de négociation." Au début de la guerre, Gaza comptait 1.017 chrétiens, toutes confessions confondues. "La communauté catholique est la plus petite, puisque nous sommes 135 en incluant les religieuses", détaille encore le père Romanelli. Mais depuis le 7 octobre, "nous avons perdu 30% de la communauté chrétienne". "300 sont partis grâce à leur Visa et ont pu fuir vers l'Égypte au début du conflit, et 43 sont morts, soit d'un manque de soins médicaux, soit tués par l'armée israélienne (20 chrétiens orthodoxes dans le bombardement de l'église de Saint-Porphyre, deux catholiques abattues dans la paroisse catholique, ndlr)."
Déstabilisation de la Terre sainte
Cette attaque du 7 octobre 2023 a entraîné une déstabilisation de l’ensemble de la Terre sainte, expression qui recouvre le "monde de la Bible" c’est-à-dire Israël (qui compte 2% de chrétiens, ndlr) et la Cisjordanie (1% de chrétiens, ndlr) mais aussi le Liban, la Jordanie et l’Égypte. Les chrétiens y sont-ils menacés ? La réponse ne peut être unanime. "Cela dépend de là où on se situe en Israël et en Palestine", détaillait début octobre Marie-Armelle Beaulieu, rédactrice en chef de Terre Sainte magazine, sur le plateau de KTO. "Si vous êtes un chrétien qui habite un des villages du nord d’Israël et donc aux abords de la frontière du Liban, cela veut dire que vous êtes comme les villages israéliens, et donc sujet à recevoir des roquettes de la part du Hezbollah. Les chrétiens du nord du pays sont fatigués", y explique-t-elle. "Si vous êtes un chrétien de Jaffa, vous avez reçu toutes les roquettes pendant les premiers mois d’attaque du Hamas ou Tel-Aviv était également visé. Si vous êtes à Nazareth, c’est plus tranquille mais il y a le contre-coup économique de l’absence des pèlerinages." À Jérusalem aussi la situation est alarmante en raison de l’absence de pèlerinage.
Depuis l'intensification des échanges de tirs entre le Hezbollah et Israël, le Liban était sur le qui-vive, partagé entre angoisse et fatalisme. Mais elle demeurait localisée à la frontière Sud. Ce n’est désormais plus le cas. Le 24 septembre, l’armée israélienne a annoncé une "frappe ciblée" sur Beyrouth. Plus d’une trentaine de frappes ont visé la banlieue sud de Beyrouth, dans la nuit du samedi 5 au dimanche 6 octobre. Les raids de l’aviation israélienne ne cessent de s’intensifier, annonçant peut-être une vaste offensive terrestre. Lors de l'Angélus ce dimanche 6 octobre, le pape François a appelé à un "cessez-le-feu immédiat sur tous les fronts, y compris au Liban". Il a enjoint à prier pour les Libanais, en particulier pour ceux du sud du pays qui sont forcés de quitter la région pour fuir les bombardements et les opérations de terrain de l’armée israélienne. Une proximité dont a plus que besoin la communauté chrétienne du pays qui vit aujourd'hui dans une angoisse décuplée. Trois hôpitaux au Liban, dont l'un près de la banlieue sud de Beyrouth, ont annoncé vendredi 4 octobre suspendre leur activité en raison des frappes israéliennes sur le pays. L'hôpital privé Sainte-Thérèse près de la banlieue sud a annoncé cesser ses services en raison de bombardements à proximité, et fait état d'"immenses dégâts" dans l'établissement dirigé par des sœurs. Plus de 1.110 personnes ont été tuées depuis le 23 septembre, selon un bilan établi à partir de données officielles libanaises.
Journée de jeûne et de prière pour la paix
Face à cette situation, le patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pizzaballa, a appelé les chrétiens à participer à une journée de jeûne, de pénitence et de prière ce lundi 7 octobre 2024. "Depuis un an, la Terre sainte, et pas seulement, est plongée dans un tourbillon de violence et de haine jamais vu ni vécu auparavant", a-t-il déploré le 26 septembre. "L’intensité et l’impact des tragédies dont nous avons été témoins au cours des douze derniers mois ont profondément déchiré notre conscience et notre sens de l’humanité." Un appel repris et martelé par le pape François. "Le 7 octobre, je demande à chacun de vivre une journée de prière et de jeûne pour la paix dans le monde", a-t-il déclaré à la fin d'une messe place Saint-Pierre, à Rome. Une nécessité, selon lui, "en cette heure dramatique de notre histoire, alors que les vents de la guerre et les feux de la violence continuent de bouleverser des peuples et des nations entières".
Mais prier pour la paix sert-il vraiment à quelque chose ? "La paix est toujours possible ! Nous devons la chercher… La prière est à la racine de la paix. La prière fait germer la paix", affirmait le pape François lors de l’Angélus du 1er janvier 2015. Et il n’est pas vain d’insister. Il est même bon de continuer à prier sans se lasser, à l’image de la veuve de l’Évangile, qui, à force de supplier le juge malhonnête, réussit à ce qu’il lui rende justice. Dans cette parabole, Jésus conclut : "Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ?" (Lc 18, 7). Si la veuve, à force d’insistance, réussit à convaincre le juge, nous pouvons bien croire que Dieu, qui nous aime, nous écoute attentivement si nous le prions avec insistance.
Mais on peut légitimement se demander pourquoi il est nécessaire de prendre la peine de prier alors même que Dieu connaît tous nos besoins et la valeur inestimable de la paix. "Quel sens cela a-t-il d’insister auprès de Dieu ?", interrogeait en ce sens le pape François lors de l’Angélus du 20 octobre 2013. "Dieu nous invite à prier avec insistance, non parce qu’il ne sait pas de quoi nous avons besoin, ou parce qu’il ne nous écoute pas. Au contraire, Il écoute toujours et il sait tout de nous, avec amour. Sur notre chemin quotidien, en particulier dans les difficultés, dans la lutte contre le mal en dehors et au-dedans de nous, le Seigneur n’est pas loin, Il est à nos côtés ; nous luttons avec Lui à nos côtés, et notre arme est justement la prière, qui nous fait sentir sa présence à nos côtés, sa miséricorde, également son aide. Mais la lutte contre le mal est dure et longue, elle exige patience et résistance." La prière pour la paix est donc une question de foi, de personnes, et de temps.
Voici une prière que chacun peut réciter librement à l’occasion de cette journée :
Seigneur notre Dieu,
Père du Seigneur Jésus-Christ,
et Père de toute l'humanité,
Qui, dans la croix de ton Fils,
et par le don de sa propre vie,
à grands frais Tu as voulu détruire
le mur de l'inimitié et de l'hostilité
qui sépare les peuples et fait de nous des ennemis :
Envoie dans nos cœurs
le don du Saint-Esprit,
afin qu'il nous purifie de tout sentiment
de violence, de haine et de vengeance,
éclaire-nous pour comprendre
la dignité irrépressible
de chaque personne humaine,
et nous enflammer jusqu'à la consommation
pour un monde en paix et réconcilié
dans la vérité et la justice,
dans l'amour et la liberté.
Dieu tout-puissant et éternel,
dans tes mains sont les espoirs des hommes
et les droits de chaque peuple :
Assiste de ta sagesse ceux qui nous gouvernent,
afin qu'avec ton aide,
ils deviendront sensibles aux souffrances des pauvres
et de ceux qui en subissent les conséquences
de la violence et de la guerre ;
qu'ils favorisent le bien commun et une paix durable
dans notre région
et dans toute la terre.
Vierge Marie, Mère de l'Espérance,
obtenir le don de la paix
pour la Terre sainte qui t'a donné naissance
et pour le monde entier. Amen.