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Depuis 1968, l’Église célèbre chaque 1er janvier, en la fête de sainte Marie Mère de Dieu, la Journée mondiale de la paix. Ainsi, il y a 56 ans, le pape Paul VI exhortait tous les hommes à unir leurs prières dans ce but, affirmant que l’Église catholique souhaitait "consacrer aux intentions et aux résolutions de la paix une célébration particulière le premier jour de l’année civile".
Déjà dans l’Évangile, Jésus invite à devenir des artisans de paix : "Heureux ceux qui travaillent pour la paix. Ils seront appelés fils de Dieu" (Mt 5, 9). L’Église catholique a l’habitude de prier pour la paix. Prier pour la paix est en effet une manière d'y "travailler". Et le pape François a multiplié les appels en sa faveur ces derniers mois au regard des conflits armés qui ont éclaté dans le monde, notamment en Ukraine puis en Terre sainte. Des appels qui se sont illustrés par des journées de jeûne et de prière, par la consécration du monde au Cœur immaculé de Marie, ou encore par la venue au Vatican de 6.000 enfants provenant de régions du monde tourmentées pour réfléchir à la paix dans le monde.
Et pourtant… Le conflit en Ukraine se prolonge depuis 680 jours, la guerre en Terre sainte fait de nouveau rage et des bandes djihadistes armées continuent de sévir au Burkina Faso, au Nigéria, en RDC… La prière sert-elle à quelque chose ? Peut-elle vraiment faire taire le bruit des armes ?
Un acte de foi
Face à la force armée se dresse une autre force, douce, silencieuse, spirituelle, celle de la prière. "La prière est la force douce et sainte qui s’oppose à la force diabolique de la haine, du terrorisme et de la guerre", a déclaré le pape François lors de l’Angélus le 15 octobre dernier. La prière est forte, puissante, efficace, même si les résultats escomptés ne sont pas ceux imaginés.
Il est vrai que croire en la puissance de la prière est un acte de foi. Mais il ne présente pas trop de risque puisqu'il s'agit d'une promesse du Christ lui-même. Jésus n'a-t-il pas dit : "Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira" (Lc 11,9) ? Et aussi : "Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est aux cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent !" (Mt 7, 11).
La prière peut changer les choses, quand les êtres demeurent impuissants, car seul Dieu peut pénétrer le cœur de l’homme. "Nous croyons dans la douce et humble force de la prière", a dit le pape François à Assise en septembre 2016. Un Credo que les chrétiens sont invités à professer.
"La paix est une question de personnes"
La guerre naît dans le cœur de l’homme, mais Dieu peut changer les cœurs. Voilà pourquoi il n’est jamais vain de prier pour la paix : Dieu peut changer les cœurs pour faire advenir des artisans d’amour et de paix. "La paix n’est pas tant une question de structures que de personnes", rappelait Jean Paul II en 2003 dans son message pour la journée mondiale de la paix. "Les structures et les procédures de paix sont le fruit de la sagesse et de l'expérience accumulées au long de l'histoire à travers d'innombrables gestes de paix, posés par des hommes et des femmes qui ont su garder espoir sans jamais céder au découragement. Les gestes de paix naissent de la vie de personnes qui nourrissent en elles des attitudes constantes de paix. Ce sont des fruits de l'esprit et du cœur des artisans de paix".
Nos actes d’amour ne sont rien d’autre que des actes de paix… et la paix commence par un sourire.
Prier pour la paix dans le monde, ce n’est pas demander à Dieu d’arrêter les guerres d’un coup de baguette magique, mais plutôt de changer les cœurs, à commencer par le sien, en vue d’amorcer, chacun à sa mesure et à la hauteur de ses responsabilités, des gestes de paix. Mère Teresa disait : "Nos actes d’amour ne sont rien d’autre que des actes de paix… et la paix commence par un sourire."
Dieu est la seule personne qui puisse changer le cœur des hommes, le guérir, le rendre capable d’amour et de charité, au service de la paix. "Seul celui qui peut guérir le cœur des hommes est en mesure d’établir la paix entre eux. La vraie racine du mal se trouve à l’intérieur de l’homme et seule la charité est capable de l’en extirper. Et cette charité, seul le Christ est en mesure de la lui donner. Voilà pourquoi, hors de lui, il est illusoire d’attendre une paix pérenne", écrivait récemment notre chroniqueur Jean-Michel Castaing.
Insister n’est pas vain, au contraire
"La paix est toujours possible ! Nous devons la chercher… La prière est à la racine de la paix. La prière fait germer la paix", affirmait le pape François lors de l’Angélus du 1er janvier 2015. Et il n’est pas vain d’insister. Il est même bon de continuer à prier sans se lasser, à l’image de la veuve de l’Évangile, qui, à force de supplier le juge malhonnête, réussit à ce qu’il lui rende justice. Dans cette parabole, Jésus conclut : "Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ?" (Lc 18, 7). Si la veuve, à force d’insistance, réussit à convaincre le juge, nous pouvons bien croire que Dieu, qui nous aime, nous écoute attentivement si nous le prions avec insistance.
Mais on peut légitimement se demander pourquoi il est nécessaire de prendre la peine de prier alors même que Dieu connaît tous nos besoins et la valeur inestimable de la paix. "Quel sens cela a-t-il d’insister auprès de Dieu ?", interrogeait en ce sens le pape François lors de l’Angélus du 20 octobre 2013. "Dieu nous invite à prier avec insistance, non parce qu’il ne sait pas de quoi nous avons besoin, ou parce qu’il ne nous écoute pas. Au contraire, Il écoute toujours et il sait tout de nous, avec amour. Sur notre chemin quotidien, en particulier dans les difficultés, dans la lutte contre le mal en dehors et au-dedans de nous, le Seigneur n’est pas loin, Il est à nos côtés ; nous luttons avec Lui à nos côtés, et notre arme est justement la prière, qui nous fait sentir sa présence à nos côtés, sa miséricorde, également son aide. Mais la lutte contre le mal est dure et longue, elle exige patience et résistance." La prière pour la paix est donc une question de foi, de personnes, et de temps.