Cet objet à ajouter dans votre crèche qui n’est pas un santon !

La crèche, familiale ou paroissiale, est un merveilleux complément à la liturgie. Inventée par saint François d’Assise, elle consonne avec le sens de l’Avent : préparer la crèche comme on prépare son cœur à recevoir le Sauveur, faire de la place chez soi et en soi. Avant la nuit de Noël, durant laquelle Dieu vient vivre auprès de son peuple réuni, manifesté par la diversité des santons, Joseph et Marie entourent… un vide. Il reflète, certes, la soif intérieure de chacun d’amour infini. Mais il peut être comblé provisoirement par un objet fort symbolique qui détonnera légèrement au milieu des santons : une bible.

Drôle d’idée à première vue : une bible ? À la place de l’Enfant-Jésus, ou du moins en attendant sa venue ? Les esprits pratiques auront pour avis qu’un livre prend trop de place dans une crèche domestique… mais la chose est plus réaliste dans une crèche paroissiale. Et se fait ici ou là. Pour une raison à la fois théologique et simple : le Christ est le "Verbe [qui] s’est fait chair", comme le dit saint Jean dans le prologue de son évangile, lu le jour de Noël. Plus encore, le Fils de Dieu est la "plénitude personnelle de la Révélation" comme l’explique la constitution dogmatique Dei Verbum du concile Vatican II (§ 4).

Que veut dire cette formule grandiloquente, mais extrêmement importante ? Le texte des pères conciliaires traite de la "révélation divine", c’est-à-dire de la manière que Dieu a de se manifester aux hommes pour leur dire quel est son dessein bienveillant, que tous soient en communion avec la Trinité pour l’éternité. Cette révélation a commencé par la Création, au travers de laquelle chacun peut percevoir l’amour du Père. Elle s’est poursuivie par "la promesse d’une rédemption" dès le péché originel (cf. Gn 3, 15) puis par l’Alliance avec le peuple élu à travers les patriarches puis les prophètes. Dieu a ainsi pris "un soin constant du genre humain, pour donner la vie éternelle à tous ceux qui, par la constance dans le bien, recherchaient le salut." (§ 3)

"Après avoir, à bien des reprises et de bien des manières, parlé par les prophètes, Dieu […] a envoyé son Fils" (§ 4), poursuit la constitution. Jésus, donc, qui est la "plénitude personnelle de la Révélation" puisque par sa mort et sa résurrection il "achève l’œuvre du salut". Avec le Christ, le dessein bienveillant du Père est à la fois pleinement manifesté et réalisé. La Parole de Dieu, transmise dans l’Esprit saint par les auteurs et les lecteurs de l’Écriture a ainsi pris corps, s’est faite chair. Ce que l’Église célèbre particulièrement à Noël.

Pour revenir à la crèche, donc, mettre la Bible à la place de l’Enfant-Jésus avant qu’il n’advienne à Bethléem, prend tout son sens. Cela rappelle à ceux qui prient devant tout à la fois l’amour créateur du Père, son désir de nous partager sa vie éternelle, le souci constant qu’il a eu dans l’histoire pour son peuple et qu’il a pour chacun de nous singulièrement, la réalisation de son plan de salut en Jésus. Bref, voilà un moyen simple de mettre en avant la Révélation. Et de susciter, une fois encore, notre louange et notre foi.