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Le Liban, à nouveau otage d’une guerre qui n’est pas la sienne

LIBAN-AFP

Des soldats et des secouristes de l'armée libanaise dans le quartier de Ghobeiri, banlieue sud de Beyrouth, après une frappe israélienne, 24 septembre 2024.

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Jean-Baptiste Noé - publié le 25/09/24
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Les frappes entre Israël et le Hezbollah ont repris, faisant du Liban un otage et une victime collatérale d’un conflit qui n’est pas le sien. Encore une fois, souligne le géopoliticien Jean-Baptiste Noé, l’espoir de la paix demeure mince.

L’histoire semble se répéter et ne pas avoir de fin. Encore une fois, le Liban est frappé par la guerre, victime collatérale de l’affrontement entre Israël et le Hezbollah. Après les attaques personnalisées sur les bipeurs et les talkies-walkies, Israël est passé au cran supérieur en bombardant des sites abritant des responsables du Hezbollah. Lequel tire également sur Israël, depuis ses positions libanaises. La partie sud de Beyrouth a été touchée, ainsi que des villes situées dans le sud du pays. Plusieurs centaines de Libanais ont fui vers la Syrie, d’autres remontent vers le nord. Le Liban, certes malheureusement habitué à la guerre, est une nouvelle fois pris dans un engrenage qu’il ne maîtrise pas, victime collatérale de la rivalité de ses voisins.

Réplique du 7 octobre

Cette attaque, annoncée et prévue, s’inscrit dans la réplique de l’attaque du 7 octobre 2023. À la suite de l’agression du Hamas, le Hezbollah avait marqué son soutien au groupe terroriste, sans pour autant intervenir directement dans le conflit. Mais, au fil des mois, la pression s’accentuait sur Israël, via l’Iran d’une part, soutien habituel du Hezbollah, et par le Sud Liban, d’où la plupart des roquettes sont tirées vers Israël. Sans être résolue, la situation à Gaza est désormais stabilisée pour Israël. L’intervention stagne, les principaux chefs du Hamas sont décapités, la bande est ceinturée et contrôlée. Depuis l’été, c’est donc vers le Hezbollah qu’Israël se tourne, décidé à éradiquer son adversaire pour assurer la paix de sa population. 

L’opération d’explosions des bipeurs est à cet égard remarquable d’efficacité et de technicité. Si l’on ne connaît pas encore tous ses tenants et aboutissants, celle-ci s’inscrit dans une démarche de plusieurs années d’action souterraine, via des sociétés-écrans basées à l’étranger, des livraisons passées inaperçues et des appareils détournés de leur fonction première. Par cette opération, non seulement Israël a pu neutraliser les principaux chefs du Hezbollah, soit morts, soit blessés de façon plus ou moins grave, mais l’État hébreu a surtout porté la discorde et la peur chez l’ennemi. Il a démontré qu’il pouvait frapper partout, y compris dans l’intimité des soldats ennemis. Il a détruit les moyens de communication, empêchant le Hezbollah de pouvoir se réorganiser et planifier des attaques contre Israël. À la suite de quoi, il est plus aisé de frapper les sites de l’organisation islamiste. 

Une guerre sans fin

Implanté au Liban comme un lierre dans son mur, le Hezbollah est protégé par la profondeur du territoire libanais et par les populations civiles, se moquant bien des conséquences humaines de ses actes. Otage, la population libanaise subit une nouvelle fois les foudres de la guerre. Peut-il y avoir une solution ? Israël espère démembrer le Hezbollah, ce qui semble peu probable. Solidement implanté au Liban, il dispose de camps d’entraînement en Syrie et au Soudan, du soutien de l’Iran et de réseaux de financement qui passent par les États du Golfe. C’est tout le monde arabe qui a une part de responsabilité dans le développement et le maintien de cette organisation. 

Avec les bombardements au Liban, l’extension tant redoutée de la guerre est en marche. Nul ne sait quand celle-ci pourra cesser ni si une situation de paix durable pourra s’établir. Israël semble perdu dans une fuite en avant avec un gouvernement qui survit par la guerre. Les prochaines élections étant dans deux ans, les citoyens israéliens pourront donner leur avis sur ce conflit et les partis politiques définir des plans de paix. D’ici là, le Levant est une nouvelle fois plongé dans la guerre et chacun redoute les conséquences humaines et humanitaires d’affrontements que personne ne semble contrôler. 

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