Pourquoi l’évêque ne porte-t-il pas son anneau épiscopal le Vendredi saint ?

Cela n’est pas grand chose pour les fidèles, mais c’est quelque chose pour les évêques. Ainsi pourrait-on résumer le geste que fait l’évêque avant la célébration de la Passion du Seigneur, le Vendredi saint. Alors qu’il le porte en tout temps depuis sa consécration, il retire dans la sacristie son anneau épiscopal et se présente les mains vides, pourrait-on dire, pour cette liturgie, moment de contemplation du mystère de la souffrance de Dieu qui s’offre pour racheter les hommes.

Justement, cet office, au cœur duquel est lue la Passion selon saint Jean, est marqué par son dénuement. Celui du Christ sur la Croix qui va être vénérée par tous. Avant cela, les prêtres et les diacres entrent dans le silence et se prosternent devant l’autel, à l’exemple du Seigneur qui s’abandonne à son Père. Ainsi, dans la longue Prière universelle, tout et tous sont remis entre les mains du Dieu tout-puissant et miséricordieux.

Et, si l’on communie, il ne s’agit pas d’une messe. Comment se pourrait-il qu’on célébrât l’eucharistie alors que l'Époux est mort ? Pourquoi un tel rappel alors que le sujet est celui, bien moins grave, d’un enlèvement (sic) d’anneau. Parce que cet acte consonne avec la gravité de la liturgie et l’"absence" du Christ. L’omission de cet insigne épiscopal – il omet aussi la crosse mais garde mitre et croix pectorale – manifeste l’apparente disparition de l’Alliance, du lien que Dieu a voulu créer avec ses créatures, l'Époux est "enlevé" (cf. Lc 5,35).

Car telle est la signification de cet anneau remis le jour de l’ordination avec la crosse et la mitre. "Recevez cet anneau, signe de fidélité : gardez dans la pureté de la foi l’Épouse de Dieu, la sainte Église" dit ainsi l’évêque consécrateur principal à l’ordonné en l’enfilant à son annulaire de la main droite. "L’évêque portera toujours l’anneau, signe de fidélité et d’union à l’Église, son épouse" ajoute le Cérémonial des évêques (§58). Toujours ? Sauf le Vendredi saint.