Carême 2025
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La Passion de Jésus-Christ, que les catholiques commémorent le Vendredi saint, trouve ses racines dans un amour divin qui dépasse toute compréhension humaine. Si les fidèles savent que Jésus a voulu souffrir à leur place pour expier leurs péchés, les réconcilier avec le Père et Lui rendre toute gloire, Saint Alphonse de Liguori (1696–1787), fondateur des Rédemptoristes et docteur de l'Église, nous invite à contempler une autre cause souvent négligée : l’amour excessif du Christ pour nous.
1Les causes de la Passion
Dans son ouvrage « Horloge de la Passion », le saint évêque italien nous rapporte cette réflexion bouleversante de saint Jean Chrysostome : « Une prière de Jésus suffisait bien pour notre salut, mais non pour nous montrer tout son Amour pour nous ». Jésus a donc choisi de vivre la Passion pour nous révéler l’immensité de son amour et se concilier notre propre amour. La Croix devient alors le lieu où s’exprime le désir ardent du Christ de nous conquérir par son sacrifice. Saint Paul l’affirme avec puissance : « Il m’a aimé et s’est livré pour moi » (Gal 2, 20). En méditant sur les causes de la Passion, nous sommes invités à répondre de tout notre cœur à l’amour infini de notre Rédempteur par une foi renouvelée et un abandon total à Dieu.
2Un excès de douleur et d’amour
La Passion de Jésus-Christ est un mystère d’une intensité inégalée, que saint Bonaventure, cité par Saint Alphonse de Liguori, décrit comme un « excès de douleur et d’amour ». Les souffrances physiques du Christ, depuis la sueur de sang au Jardin de Gethsémani jusqu’à la crucifixion, furent terribles. Flagellé au point de devenir méconnaissable, il fut appelé par Isaïe « l’homme des douleurs » (Isaïe 53 : 3). Pourtant, ses souffrances intérieures furent encore plus profondes : désolation, tristesse devant les péchés de l’humanité et l’ingratitude, y compris celle de son peuple élu. Ces tourments ne commencèrent pas seulement durant les derniers jours de sa vie, mais dès sa conception, dans une prescience parfaite des offenses humaines.
Face à cette horreur, Jésus demeure l’Agneau doux et silencieux, soumis à la volonté du Père. Il supporte les tortures les plus cruelles avec une miséricorde infinie pour ses bourreaux. La crucifixion elle-même, où ses mains et pieds furent percés – des zones d’une sensibilité extrême – manifeste l’intensité de son amour. En méditant sur la Passion, nous sommes invités à contempler l’amour excessif du Christ pour chacun de nous, et à répondre par une fidélité renouvelée à Celui qui s’est livré pour nous.
3La soif ardente de Jésus
La Passion culmine dans cette parole bouleversante : « J’ai soif » (Jn 19, 28). Saint Alphonse de Liguori s’émerveille que le Christ, après tant de tourments, ne mentionne ni ses plaies ni sa douleur, mais choisisse de révéler une soif qui dépasse le physique. Jésus a soif de notre amour et de notre salut. Cette soif du Christ n’est pas un manque, mais un excès d’amour. Elle manifeste la quête éternelle de Dieu pour l’homme, comme au jardin d’Éden où Il demandait : « Où es-tu ? » (Gn 3, 9). Sur le Golgotha, ce même appel devient plus urgent, plus viscéral. Le Christ assume la soif spirituelle de l’humanité, celle du psalmiste assoiffé de Dieu (Ps 42, 3), tout en exprimant aussi la soif de Dieu Lui-même qui désire nous sauver, nous attirer à Lui, nous combler de son Esprit (Jn 7, 37-39).
Cette parole est aussi un appel à la mission, comme l’a vécu mère Teresa, qui y puisa la force de servir les plus pauvres. En ce Vendredi Saint, contemplons le Cœur transpercé qui « a soif de toi », selon les mots de la sainte. Demandons à Notre-Dame des Douleurs de nous apprendre à aimer son Fils, avec un esprit de contrition pour nos péchés, mais surtout pour notre tiédeur. Car chaque goutte de sang versée par Jésus-Christ est une invitation à répondre à l’Amour qui n’a pas reculé devant la mort pour nous conquérir.
Aliénor Strentz est fondatrice du blog « Chrétiens heureux » et Missionnaire de l’Immaculée. Elle propose des ateliers en ligne pour les mamans catholiques. Elle est aussi docteur en ethnomusicologie et formatrice pour adultes.