Le vendredi 14 février, le pape François était conduit à l’hôpital Gemelli de Rome pour poursuivre son traitement contre une bronchite. Retour en quinze dates sur huit semaines qui ont fait vaciller le pontificat du pape argentin.
Carême 2025
Ce contenu est gratuit, comme le sont tous nos articles. Soutenez-nous par un don déductible de l'impôt sur le revenu et permettez-nous de continuer à toucher des millions de lecteurs.
Il y a huit semaines, le vendredi 14 février, le pape François était conduit à l’hôpital Gemelli de Rome pour poursuivre son traitement contre une bronchite. Personne n’imaginait alors qu’il n’en ressortirait que 38 jours plus tard et qu’il frôlerait la mort. De retour au Vatican depuis le 23 mars, le pape François commence à déroger à sa convalescence de deux mois prescrites par ses médecins au sortir de l'hôpital, il y a deux semaines. Hier, il a reçu en privé le roi Charles III et son épouse Camilla alors que ce rendez-vous officiel avec le couple royal avait été reporté sine die. Ce jeudi, il a effectué un déplacement impromptu dans la basilique Saint-Pierre de Rome, preuve supplémentaire que le Pape entend assumer sa mission jusqu'au bout. Retour en quinze dates sur ces semaines qui ont fait vaciller le pontificat du pape argentin.
***
Vendredi 14 févrierL’hospitalisation
"Ce matin, à l’issue des audiences, le pape François a été admis à la polyclinique Agostino Gemelli pour y subir des examens diagnostics nécessaires et poursuivre en milieu hospitalier son traitement contre la bronchite", indique sobrement le Vatican. Une dizaine de jours auparavant, le Pape avait confié lors d’une audience avoir un "gros rhume". Au soir du premier jour de l’hospitalisation du Pape, le Saint-Siège annonce que "les premiers examens effectués montrent une infection des voies respiratoires" et qu’il "présente une légère fièvre". Le lendemain, ses médecins lui prescrivent un "repos absolu".
Mardi 18 févrierUne pneumonie bilatérale détectée
"Les examens de laboratoire, la radiographie pulmonaire et l’état clinique du Saint-Père continuent de présenter un tableau complexe", communique le Vatican. Le Pape souffre d’une "pneumonie" qui touche les deux poumons et nécessite une nouvelle thérapie. Le communiqué du Vatican assure toutefois que le Pape est "de bonne humeur". Le jour suivant, la Première ministre italienne Giorgia Meloni rend visite au pape François.
Samedi 22 févrierCrise respiratoire et transfusions sanguines
"L’état du Saint-Père reste critique et […] le Pape n’est pas hors de danger", fait savoir le Vatican dans un communiqué au ton grave laissant entendre que son pronostic vital est engagé. François a eu une "crise respiratoire asthmatique prolongée" qui a nécessité l’application d’oxygène à haut débit. Les analyses de sang du jour ont révélé un manque de plaquettes dans le sang, associée à une baisse anormale du taux d’hémoglobine dans le sang. Le Pape a donc bénéficié de transfusions sanguines. Les analyses du dimanche révèlent une légère insuffisance rénale. En début de semaine, ses conditions s'améliorent néanmoins. Le lundi, le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin – numéro 2 du Vatican – et le substitut de la secrétairerie d’État Mgr Edgar Peña Parra – numéro 3 - rendent visite au Pape au Gemelli.
Vendredi 28 févrierspasmes et vomissements
Le pape François a souffert en début d’après-midi d’une "crise isolée de bronchospasme" entraînant "un épisode de vomissements avec inhalation et une aggravation soudaine du tableau respiratoire", alerte le Bureau de presse du Saint-Siège. Les médecins ont procédé rapidement à une bronchoaspiration et mis en place une "ventilation mécanique non invasive". Il n’a pas perdu connaissance durant cette séquence.
Lundi 3 marsdeux crises respiratoires aiguës
"Le Saint-Père a présenté deux épisodes d’insuffisance respiratoire aiguë, causés par une accumulation importante de mucus endobronchique et d’un bronchospasme conséquent", détaille le bulletin médical. "Deux bronchoscopies ont donc été réalisées avec la nécessité d’aspirer d’abondantes sécrétions", précise le Vatican. Dans l’après-midi, la ventilation mécanique non invasive a repris. La veille, les ‘numéros 2 et 3’ du Saint-Siège avaient été reçus par le Pape. Ils le retrouveront le dimanche suivant.
Jeudi 6 marsla voix essoufflée du Pape
"Je vous remercie de tout cœur pour vos prières", déclare le pape François dans un message audio adressé aux fidèles venus comme chaque soir prier le chapelet pour lui place Saint-Pierre. Ces quelques mots, prononcés en espagnol avec difficulté, constituent la première prise de parole publique du pontife depuis le début de son hospitalisation. Un peu plus tôt, un bulletin indiquait que les conditions cliniques du Pape étaient "restées stables par rapport aux jours précédents". Il avait pu travailler durant la journée, alternant avec des moments de repos et de prière. Le "pronostic réservé" des médecins était maintenu.
Lundi 10 marsLe Pape n’est plus "en danger imminent"
Un bulletin médical transmis par le Saint-Siège indique que les médecins ont décidé de "lever le pronostic" réservé sur l’état de santé du pape de 88 ans. Le pape François n’est plus considéré "en danger imminent", confie une source vaticane, alors que les améliorations enregistrées les jours précédents "se sont encore consolidées". Prudents, les médecins rappellent toutefois que le tableau clinique du Pape reste "complexe" et expliquent qu’il devra rester encore plusieurs jours à l’hôpital. Le Pape fêtera d’ailleurs le 12e anniversaire de son pontificat à l’hôpital, le jeudi 13 mars.
Dimanche 16 marsla première photo du Pape
Le pape François dans sa chapelle du Gemelli, 16 mars 2025.
Holy See Press Office
La journée est marquée par la diffusion de la première photo du Pape, prise de dos dans la chapelle de l’appartement qui lui est attribué, au 10e étage de la polyclinique. Dans sa méditation diffusée par écrit le dimanche midi à l’occasion de l’Angélus, le pontife parle d’un "temps d’épreuve" et confie se sentir "fragile" et "faible" dans sa maladie. Cependant, sa physiothérapie respiratoire et motrice a des effets "positifs", assure le Vatican. Les jours suivants, l'amélioration de l'état clinique du pontife se confirme, l'emploi de la ventilation mécanique est suspendu et le recours à l'oxygène à haut débit est réduit.
Samedi 22 marsLes médecins annoncent la sortie du Pape de l’hôpital
"La bonne nouvelle que, j’imagine, le monde entier attend, est que demain, le Pape sortira", confie le docteur Sergio Alfieri devant la presse convoquée à la polyclinique Gemelli de Rome. Après 38 jours d’hospitalisation en raison d’une grave infection respiratoire, le pape de 88 ans s’apprête à retrouver sa résidence Sainte-Marthe du Vatican où il devra poursuivre sa thérapie et suivre une convalescence de deux mois. Les médecins insistent sur le bon respect de cette convalescence et déconseillent au pontife les rencontres avec des groupes et de grands efforts. Le docteur Alfieri, l’air grave, a rappelé avoir dû affronter "deux épisodes très critiques durant lesquels le Saint-Père a été en danger de mort".
Dimanche 23 marsLe Pape, très affaibli, rentre au Vatican
Plus de cinq semaines après son entrée à l’hôpital, le pape François apparaît quelques secondes à un balcon du Gemelli pour saluer les fidèles. Le visage marqué par la maladie, il limite sa prise de parole à quelques mots, remerciant la foule et en particulier une femme qui lui présente un bouquet de fleurs jaunes. Il bénit difficilement les fidèles venus en nombre sur l’esplanade de l’hôpital. Il est ensuite conduit au Vatican dans une Fiat 500 blanche. Le convoi fait un détour par Sainte-Marie-Majeure où le Pape tient à faire déposer le bouquet de fleurs de la dame du Gemelli. Le Pape reprend enfin possession de son appartement de la résidence Sainte-Marthe où un lit médicalisé a été installé.
Mardi 25 mars"Laisser partir" le Pape ?
Dans un entretien au Corriere della Sera, le professeur Sergio Alfieri raconte comment le pape François a failli mourir lors de son hospitalisation au Gemelli. Il confie notamment que s’est posée la question d’arrêter les traitements et de "le laisser partir". Lors d’une crise particulièrement grave, "nous devions choisir entre nous arrêter et le laisser partir ou forcer et essayer tous les médicaments et thérapies possibles, en courant le risque très élevé d’endommager d’autres organes", raconte l’Italien qui explique que la deuxième option a été retenue. "C’est toujours le Saint-Père qui décide", insiste le docteur Alfieri. Il rapporte toutefois que François a "délégué tous les choix en matière de santé à Massimiliano Strappetti, son assistant de santé qui connaît parfaitement la volonté du Pape".
Samedi 29 marsle Pape manque un nouveau jubilé
"J’aurais voulu vous rencontrer à l’occasion de votre pèlerinage", écrit le pape François aux prêtres "missionnaires de la miséricorde" réunis à Rome pour leur jubilé. Toujours en convalescence au Vatican, le Pape se fait de nouveau représenter par un prélat de la Curie romaine pour la célébration de la messe. Sur les sept premiers jubilés de l’année, il n’a pu en présider que deux.
Mardi 1er avril"légère amélioration" de l’ infection pulmonaire
Des analyses de sang réalisées démontrent "des résultats dans la norme" et une "légère amélioration" a été constatée sur une radio des poumons, indique le Vatican. Durant ses journées de repos, le Pape ne reçoit pas de visite officielle. Mais il s’adonne à son travail, en partie assis à son bureau, et il concélèbre la messe dans la chapelle située au deuxième étage de sa résidence – comme son appartement. Son humeur est "bonne", assure-t-on encore.
Dimanche 4 avrilLe Pape crée la surprise en sortant place Saint-Pierre
Le pape François crée la surprise en faisant une sortie publique sur la place Saint-Pierre. Arrivé en fauteuil roulant sous les applaudissements, le pontife de 88 ans bénit les participants au Jubilé des malades au terme d’une messe célébrée par Mgr Rino Fisichella. D’une voix encore enrouée, sous oxygène, mais souriant, il remercie les fidèles et leur souhaite un bon dimanche. Il s’agit de sa première apparition publique depuis son retour de l’hôpital.
Mercredi 9 avrilLe Pape reçoit le roi Charles III
Vatican Media
De nouveau, le pape François surprend en recevant le roi Charles III du Royaume-Uni et son épouse, la reine Camilla, dans son appartement de la maison Sainte-Marthe. La rencontre entre les deux souverains, initialement prévue le 8 avril, avait été repoussée sine die en raison de la santé du pape François. Mais le chef de l’Église catholique tient à saluer les époux royaux et les féliciter pour les 20 ans de leur mariage. Sur la photo diffusée par le Vatican, le Pape apparaît sans canules nasales, un dispositif qui lui permet de recevoir de l’oxygène. Ni le couple royal ni le Pape ne porte de masque. Le lendemain, le Pape effectue un nouveau déplacement impromptu dans la basilique Saint-Pierre de Rome.