Cela fait cinq jours que les pieds de caméra et les micros ont refait surface aux abords du Gemelli, ce vaste hôpital situé au nord-ouest de Rome, à six kilomètres des portes du Vatican. Sur l’esplanade de la polyclinique, certains yeux sont rivés sur les fenêtres du dixième étage du bâtiment aussi massif qu’impersonnel. Derrière les vitres se trouvent les appartements du pape François, hospitalisé pour une infection respiratoire depuis le 14 février. Ici, c’est Gemelli, le "nº3 du Vatican", avait ironisé le pape Jean Paul II à force d’y séjourner. Le pontife polonais a passé près de 150 jours - dix hospitalisations - dans cette polyclinique inaugurée par Paul VI en 1964. C’est d’ailleurs pour lui qu’une suite papale y a été agencée dans les années 1980. Opéré en urgence après l’attentat de mai 1981 sur la place Saint-Pierre, Jean Paul II y a contracté un cytomégalovirus lors d’une transfusion sanguine qui l’a obligé à revenir au Gemelli plusieurs semaines. Le Vatican a alors pris des dispositions pour permettre aux chefs de l’Église catholique d’être hospitalisés dans des conditions de sécurité et de sérénité élevées.
La suite papale située au dernier étage du complexe compte une chambre où le Pape est alité, une salle de bains puis une chapelle. C’est là que le pontife peut se recueillir ou célébrer la messe. Selon les derniers bulletins du Saint-Siège, le pape François a "reçu" l’Eucharistie mais il n’est pas dit qu’il l’ait célébrée. Il est donc peu probable qu’il se soit rendu à la chapelle depuis son arrivée vendredi. Selon un schéma publié par le quotidien italien Corriere della Sera et datant des années 1980, l’appartement compte aussi deux petits salons et une salle pour les agents de sécurité, une salle de réunion pour ses médecins, une salle pour ses secrétaires. S'il a été restructuré à plusieurs reprises depuis, l'appartement est resté sensiblement le même, confie une source bien informée à I.Media. Et il a servi exclusivement pour les papes, en l’occurrence Jean Paul II et François, ajoute-t-elle.
Le respect de l'intimité
Bien évidemment, le dixième étage est extrêmement bien surveillé contre d’éventuelles intrusions malveillantes et pour protéger le périmètre des journalistes. La police italienne, la gendarmerie vaticane et la sécurité de l’hôpital veillent ainsi de concert au respect de l’intimité du Pape. Cela n’empêche pas les papes de parfois circuler dans les autres départements de l’hôpital qui compte près de 5.000 employés et 1.600 lits. En mars 2023, le pape François, remis de sa bronchite, s’était rendu auprès des enfants pris en charge au département d’oncologie pédiatrique, leur apportant des chapelets ou des œufs en chocolat. Il avait même baptisé un nouveau-né.
De même, quand leur santé le permet, les papes peuvent réciter à la fenêtre l’angélus dominical devant une foule de personnes réunies en contrebas, sur l’esplanade du Gemelli. Là se trouve une imposante statue de Jean Paul II, arc-bouté sur sa férule papale, comme pour inviter les malades et leurs proches à s’abandonner à Dieu.