separateurCreated with Sketch.

Malte, le rêve d’une île

MALTE-SHUTTERSTOCK

Malte.

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Fleur Nabert - publié le 01/10/24
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Fleur Nabert, sculpteur et conférencière durant le pèlerinage Magnificat & Aleteia à Malte qui a lieu cette semaine, nous invite à suivre son carnet de pèlerinage sur l’archipel. Entre histoires et sensations, elle révèle toutes les facettes de cette destination dont on ne soupçonne guère la portée spirituelle. (1/6)

Notre groupe de pèlerins Magnificat et Aleteia se retrouve à l’aéroport. Ce qui unit ces personnes venues des quatre coins de la France : l’amour de la liturgie des Heures pour habiter les jours. Nous quittons Paris sous le ciel de coton gris et humide d’un automne précoce. L’avion s’envole, happé par l’appel de Malte. Ce nom à toujours sonné pour moi comme la fine ciselure d’un joyau précieux, déposé dans le coffret bleu de la Méditerranée. Un archipel comme une gemme sertie par la Sicile, la Tunisie et la Libye. À la fois familière et mystérieuse, berceau d’une histoire profondément occidentale, teintée d’orient. L’avion perce vite l’opaque mer de nuages, le ciel devient bleu, je rêve à cette île qui s’approche. 

L’histoire de Malte est objectivement riche et complexe. C’est un territoire aussi petit (316 km2) que son palimpseste de cultures est dense. Les premiers hommes s’installent à Malte vers 5.200 avant JC, soit bien avant la construction de la pyramide de Keops. Les Phéniciens y arrivent en 800 avant J.C. et les Grecs 100 ans plus tard. En -400 les Carthaginois venus d’Afrique du Nord prennent l’île et 200 ans plus tard c’est au tour des Romains.

Un naufrage qui va changer l’histoire

En 60 après Jésus-Christ un naufrage va changer l’histoire de l’archipel. Le marin malchanceux n’est autre que… Saint Paul ! La Providence donnera à ce naufrage tout son sens. Passant trois mois sur l’île, il va introduire le christianisme à Malte et son héritage perdure très profondément puisque le catholicisme est aujourd’hui… religion officielle de l'État. Au Moyen-Âge, les chrétiens cohabitent sereinement avec les Arabes qui occupent l’île entre 870 et 1090. Cela donne à la langue et au nom des lieux une coloration qui fait de Malte la plus orientale des îles méditerranéennes. Cependant, en 1090 le comte Roger soumet les îles de Malte et de Gozo et en 1127 la domination sicilienne chasse les Arabes de l’île. En 1530 l’empereur Charles Quint donne Malte aux chevaliers de Saint Jean de Jérusalem, le futur ordre de Malte. Ceux-ci chasseront les Ottomans en 1565 et couvriront Malte d’églises sublimes jusqu’à ce que Napoléon les chasse à son tour de l’île en 1798. Deux ans plus tard, les Maltais se révoltent et l'archipel passe ensuite sous protection britannique jusqu’à son indépendance en 1964.

MALTE-RUE-SHUTTERSTOCK
Malte, fenêtre sur l’ailleurs et délice du refuge.

L’avion approche et l’île apparaît avec ses contours ciselés sur le bleu de la mer. Malte signifie "havre". Elle porte le paradoxe des îles : une terre où l’on rêve de mer et d’expéditions, tandis que les marins en mer ne rêvent que de sa douceur où trouver le repos. Elle est fenêtre sur l’ailleurs et délice du refuge. Elle est le partir et le revenir. Le lointain et le certain. Vue du ciel les pourtours de l’île sont piquetés de bateaux qui vont et viennent. Du plus petit bateau de pêche au plus énorme porte-container tout dit l’activité, le commerce, l’échange dans ce carrefour de la Méditerranée. Dès que s’ouvre la porte de l’avion, l’air est incroyablement clément. L’automne y est d’une douceur de miel. Le chauffeur du bus conduit sur la voie de gauche - souvenir des britanniques ! Les murs sont blonds de soleil. On croit reconnaître la Tunisie à droite, la Sicile au carrefour suivant. Des clochers partout. Une langue qui roule, avec un puissant parfum de oud et d’Arabie. On reconnaît sans reconnaître. Cette richesse, ce mélange est séduisant et inhabituel. À Malte les siècles et les cultures se mêlent, comme si ils étaient tous présents au même instant.

Le fort Saint-Elme et Notre-Dame de Liesse

La première grande visite du pèlerinage c’est La Valette. C’est la capitale de Malte. Et le vaisseau amiral de ce qu’édifièrent les chevaliers de Saint Jean de Jérusalem. Une cité éponyme qui porte le nom de son grand maître et fondateur. Jean de Valette comprend en découvrant les rivages rocheux à son arrivée qu’il faut protéger l’île et la fortifier. Il bâtit le fort de Saint-Elme qui va jouer un rôle décisif dans la bataille contre les Ottomans de 1565. Les chevaliers, en grande infériorité numérique face aux hommes de Suleiman le Magnifique - 6.000 contre 40.000- , réussissent à repousser leurs ennemis, considérés alors comme la plus grande puissance militaire de l'époque, en seulement trois mois. Toutes les cours d’Europe, reconnaissantes et admiratives de cet exploit, enverront dès lors aux chevaliers de Malte des dons importants qui vont faire de la Valette une ville hors du commun.

fort-Saint-Elme-malte-shutterstock
Le Fort Saint-Elme, situé à l'extrême nord de la Valette.

Bâtie sur un plan en damier, dans une fenêtre de temps assez restreinte de deux siècles, la ville est superbement unifiée et élégante. La pierre blonde, étincelante sur le ciel bleu, est partout. La ville compte pas moins de 320 monuments remarquables, une densité unique qui lui vaut d’être classée au patrimoine mondial de l’Unesco. La messe à Notre-Dame de Liesse enchante les pèlerins. Ce sanctuaire caractérise à lui seul le lien étonnant (et historique) qui unit la France à Malte. Cette veille de la sainte Thérèse de l’enfant Jésus se conclut par une conférence de Pierre-Marie Varennes sur la spiritualité thérésienne, si belle que l’assistance en demande le texte. La journée s’éteint, comme le jour, dans la paix des complies. Les pèlerins ont les yeux déjà remplis de merveilles et le cœur joyeux de tout ce qui est à venir.

En partenariat avec VisitMalta

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)