À la différence de David qui gardait les moutons avant d’accéder au trône, Salomon est un jeune prince de sang royal lorsque son père disparaît. Fils de David et Bethsabée, Salomon hérita en effet d’un royaume fort et respecté de ses ennemis héréditaires, ainsi que nous le rappelle le premier Livre des Rois de l’Ancien Testament : "Salomon dominait sur tous les royaumes, depuis l’Euphrate – le fleuve –, sur le pays des Philistins, et jusqu’à la frontière de l’Égypte. Ils acquittèrent un tribut et servirent Salomon tous les jours de sa vie." (1 R 5,1) Soulignons que le jeune roi sut, qui plus est, affermir encore son pouvoir en épousant la fille de Pharaon qui s’installa dès lors dans la cité de David. Que pouvait dès lors encore espérer Salomon ?
Une sagesse proverbiale
C’est en songe, à Gabaon, que le véritable destin du roi Salomon allait, cependant, se sceller. En effet, une nuit, le Seigneur lui apparut, lui demandant ce qu’il désirait le plus afin d’accomplir son vœu. Au lieu de richesses ou de nouvelles victoires, Salomon répondit humblement à son Dieu : "Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu’il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal ; sans cela, comment gouverner ton peuple, qui est si important ?" (1 R 3,9) Cette réponse plut au Seigneur qui lui accorda alors "un cœur intelligent et sage, tel que personne n’en a eu avant toi et que personne n’en aura après toi". Le fameux "Jugement de Salomon" allait illustrer ce discernement : cette histoire bien connue parvenue jusqu’à nous relate de quelle manière Salomon démasqua la prétendue mère d’un nouveau-né qui le disputait à sa véritable mère en menaçant de couper l’enfant en deux pour les satisfaire. La véritable mère décida alors de laisser son enfant à l’autre femme, révélant ainsi à tous la vérité… La légendaire sagesse du roi Salomon était née…
Le bâtisseur du Temple
Mais le roi Salomon est surtout passé à la postérité pour avoir été celui qui allait bâtir le Temple permettant d’abriter l’Arche d’Alliance jusqu’alors sans édifice digne d’elle. Tout l’or du pays, les cèdres du Liban et de nombreuses matières des plus précieuses furent requis pour cette édification hors du commun qui exigea pas moins de sept années de construction ainsi que l’atteste la Bible : "Et c’est toute la Maison qu’il recouvrit d’or, la Maison tout entière ; et tout l’autel du Saint des saints, il le recouvrit d’or "(1 R 6,22). Le Seigneur veillait sur Salomon et son peuple, lui accordant ainsi protection pour avoir honoré sa parole. La renommée de Salomon dépassa vite les frontières de son royaume pour parvenir jusqu’au lointain pays de la reine de Saba, elle-même réputée pour ses innombrables richesses. Celle-ci décida d’aller juger sur place et se rendit à Jérusalem accompagnée d’une longue caravane dont les splendeurs et trésors n’avaient encore jamais été observés en Israël. À son arrivée, la reine put constater que la renommée de Salomon et sa légendaire sagesse n’étaient pas usurpées. Séduite, elle lui fit de somptueux cadeaux, se convertit au Dieu d’Israël, puis retourna dans son pays, la légende voulant qu’après avoir aimé le roi, elle fut enceinte et donna naissance à un enfant nommé Menelik, lui-même ancêtre d’une célèbre dynastie éthiopienne…
Un roi légendaire pour les arts
Salomon demeure l’une des sources d’inspiration issue de l’Ancien Testament les plus fécondes pour les arts ; nombreuses seront en effet les représentations de ses hauts faits dans la peinture, la sculpture, la musique, la littérature ou encore le 7e art.
Le grand peintre français Nicolas Poussin (1594-1665) a livré certainement l’une des interprétations artistiques du Jugement de Salomon les plus dramatiques visible au musée du Louvre. En une évocation théâtralisée, le peintre illustre du classicisme parvient à rendre toute la force émotionnelle de cet instant décisif où la véritable mère s’efface face à l’usurpatrice prête à tout. A Paris encore, l’église Saint-Gervais-Saint-Protais conserve un admirable vitrail daté du XVIe siècle développant avec virtuosité le célèbre Jugement du roi biblique.
Le 7e art s’est lui aussi emparé de la figure de Salomon en proposant l’un des péplums les plus mémorables - "Salomon et la reine de Saba" - réalisé par King Vidor en 1959 avec Gina Lollobrigida et Yul Brynner dans les rôles phares. Cette super production rend hommage à la grandeur du roi de l’Ancien Testament, non sans réserver quelques développements romantiques sur lesquels la Bible est demeurée silencieuse…