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Le Jour de l’An : encore une fête chrétienne !

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Jean Duchesne - publié le 31/12/23

Deux mille vingt-quatre ans après la naissance du Christ, le 1er janvier est bien plus qu’une fête païenne, souligne l’essayiste Jean Duchesne : entre la circoncision de Jésus, la Vierge Marie, la Sainte Famille et la prière pour la paix, il y a de quoi espérer – et se réjouir !

On pourrait croire que la fête qui vient une semaine après Noël est exempte de références religieuses et donc clivantes. Elle est unanimement célébrée : on festoie le soir du 31 décembre avant de s’embrasser à minuit et d’échanger des vœux pour l’année qui commence. Nul n’ira soutenir qu’il est indécent que le lendemain, 1er janvier, soit férié et qu’on impose par là des croyances que certains pourraient juger superstitieuses ou blasphématoires de la sacro-sainte laïcité. Et pourtant…

Religiosité naturelle

Les anthropologues ont relevé que, dans toutes les civilisations, on célèbre le début du cycle calendaire qui rythme et balise le temps, en phase avec la succession des saisons. C’est indispensable pour s’inscrire collectivement dans la “marche” du monde et en mesurer à la fois le mouvement et la permanence, en prenant instinctivement ou intuitivement conscience de données non maîtrisables et en espérant des circonstances favorables dans l’étape qui s’ouvre. Les festivités permettent de l’inaugurer agréablement, même si rien n’est assuré.

Cette religiosité spontanée, ou qui n’ose pas se reconnaître telle parce qu’elle demeure formelle et ne requiert pas de “foi” explicite et confessée, est assumée, précisée, substantifiée dans la plupart des “grandes” religions, et sans complexe par le christianisme. Dans la mesure où il y a là un besoin inhérent à l’humanité et où il s’agit de traditions, la foi basée sur l’histoire, et qui même contribue à la “faire”, conditionne infailliblement à absorber sans peine les coutumes et rites qui, dans la durée répétitive sans origine ni destination évidentes, servent à marquer des repères stables et récurrents.

L’an 2024 de l’ère chrétienne

En l’occurrence, l’an neuf, à la fois inédit et identique au précédent, est singularisé par un chiffre : 2024. On peut dire que c’est une pure convention, mais ce n’est pas arbitraire : c’est la deux mille vingt-quatrième année de l’ère chrétienne, c’est-à-dire après la naissance du Christ, Fils de Dieu né de la Vierge Marie, qui demeure ainsi, qu’on le veuille ou non, une référence universelle – ou du moins la plus commune, même si l’on refuse de le reconnaître nommément et s’il existe d’autres manières de compter et de déterminer un an zéro. 

Peu importe après cela que la date exacte de la Nativité ne soit pas scientifiquement déterminable, que notre calendrier dit grégorien n’ait été mis au point que sous le pape Grégoire XIII en 1582, et que le changement de millésime n’ait de même été fixé au 1er janvier qu’au XVIe siècle : d’abord dans les pays catholiques d’Europe, puis progressivement dans les nations protestantes qui se sont ralliées à Rome au moins sur ce plan-là. Le Japon, la Chine, la Turquie ont embrayé aux XIXe et XXe siècles, et le reste du monde après la Seconde Guerre mondiale. Peu importe encore que la plupart des Églises d’Orient aient gardé le calendrier dit julien (attribué à Jules César) : quel que soit l’écart (à présent 13 jours), le point d’arrimage demeure l’événement de Bethléem.

L’évolution de Noël

Le décalage d’une semaine reste à interpréter. On peut y voir un souci aussi inné que théologiquement fondé de distinguer, sans pour autant les séparer, le spirituel du temporel, ou le sacré du profane, ou encore le temps intégré dans le dessein de l’Éternel du temps réglé par le cours des astres et mesuré par les horloges. Que les modes de célébration aient changé et continuent de se modifier signifie simplement que l’Histoire n’est pas achevée et que l’on est toujours en recherche, voire en attente ou en manque (à défaut d’espérance).

Même Noël a évolué. Il n’est plus du tout évident que l’Église l’ait fixé au 25 décembre pour récupérer et baptiser des réjouissances païennes. Il semble plutôt qu’à l’inverse, la solennité du Soleil invaincu ait été instituée en 274 seulement, pour contrer le christianisme qui ce jour-là célébrait déjà la Nativité du Messie, sans lien avec les Saturnales idolâtres et d’ailleurs après. Les coutumes se sont ensuite développées. Il y a eu en 1223 (cela fait juste 800 ans !) la crèche de saint François d’Assise, puis au XIXe siècle un centrage sentimental sur l’enfance, la famille et les cadeaux, grâce à l’invention en 1823 (il y a pile 200 ans) du Père Noël par le théologien épiscopalien (anglican américain) Clement Clarke Moore et au Cantique de Noël de l’Anglais Charles Dickens exactement vingt ans plus tard.

D’un réveillon à un autre

Le 1er janvier, dans l’Église romaine, a longtemps été consacré à la commémoration de la circoncision de Jésus, une semaine après sa naissance selon l’Évangile de saint Luc (2, 21). Mais ce rappel de la “judaïté” de Jésus n’a guère retenu en des temps de mépris d’Israël. Il a été aisément supplanté vers la fin du XIXe siècle par un dîner tard le soir du 31 décembre, jusqu’au changement de millésime à minuit. C’était comme une reprise ou une duplication de la collation déjà festive après la première des trois messes (de la nuit, de l’aurore et du jour) dites pour Noël selon une tradition remontant au VIIe siècle, dont on trouve un écho dans le conte d’Alphonse Daudet, Les Trois Messes basses (1875).

Le 31 décembre est, dans le calendrier grégorien, la fête de saint Sylvestre, trente-troisième pape (de 314 à 335). Son pontificat coïncide avec des événements majeurs : la légalisation du christianisme et le concile de Nicée. Mais l’évêque de Rome semble alors n’en avoir été qu’un témoin passif et sa réputation simplement honorable ne suffisait pas à justifier de fastueuses liturgies et suivies de bombances. C’est pourquoi, lorsque l’accroissement de la prospérité a permis aux festivités autour de la Saint-Sylvestre de se répandre, l’Église s’est efforcée de les motiver spirituellement. En 1893 a ainsi été instituée la fête de la Sainte Famille le dimanche après Noël — qui, en cette année 2023, tombe le 31 décembre.

Avec la Mère de Dieu, pour la paix

En 1931, le pape Pie XI a institué le 1er janvier comme solennité de Marie, Mère de Dieu. C’était pour marquer le quinzième centenaire du concile d’Éphèse (431), qui avait proclamé qu’en la Vierge avait pris chair non seulement l’homme Jésus, mais encore et indissolublement le Fils éternel, pleinement Dieu. C’est une invitation à mesurer mieux, huit jours après (dans “l’octave”, comme on dit), ce que signifie Noël  et qui est si peu manifeste dans les apparences : Dieu révèle sa gloire en ne craignant pas de s’abaisser jusqu’à naître d’une femme. Ici commence à s’entrevoir la “logique” libératrice qui articule les événements contradictoires et également scandaleux de la Passion et de la Résurrection du Christ.En 1968, saint Paul VI a fait du 1er janvier une annuelle Journée mondiale pour la paix. À l’époque, c’était la Guerre froide, la menace d’un conflit nucléaire, l’enlisement américain au Vietnam… Aujourd’hui, il y a l’Ukraine, Gaza, le Haut-Karabakh, le Yémen, nombre de pays africains… Les motifs pour débuter l’année en se tournant vers Dieu, aussi bien seul que collectivement à l’église, ne manquent donc pas, et ils sont tout à fait conciliables : se rapprocher du juif Jésus, reconnaître Marie comme notre Mère aussi bien que la sienne et partager leur vie à l’instar de Joseph, tout cela ne peut qu’aider à percevoir comment affronter tentations et conflits, et comment en accueillir la grâce… Et puis c’est une espérance qui peut tout à fait se fêter !

Tags:
fêtesNoëlSainte Famille
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