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Prier pour Mgr Alvarez, un nouveau délit au Nicaragua ?

NICARAGUA

De nouvelles ordinations ont été annulées et un nouveau prêtre a été arrêté au Nicaragua

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Anne-Sophie Retailleau - publié le 27/12/23
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Au Nicaragua, plusieurs prêtres ont été arrêtés en quelques jours pour avoir prononcé dans leurs homélies le nom de Mgr Rolando Alvarez, l'évêque de Matagalpa condamné à 26 ans de prison par le régime de Daniel Ortega.

Les chrétiens ne connaissent aucun répit au Nicaragua en cette période de Noël. Mardi 26 décembre, Mgr Pablo Villafranca, prêtre de la paroisse de Nuestro Señor de la Veracruz à Nindirí, au sud de la capitale Managua, a été interpellé par la police sandiniste à son domicile. "Plusieurs patrouilles de police sont arrivées pour arrêter le curé", ont indiqué plusieurs témoins au journal nicaraguayen 100%Noticias. Connu pour être un soutien de l’évêque de Montagalpa, Mgr Pablo Villafranca "a toujours demandé dans ses homélies la liberté de Mgr Rolando Álvarez", selon les mots d’un paroissien. Arrêté dans la matinée, le prêtre a finalement été relâché six heures plus tard, vers 18h30. Mais son cas est loin d'être isolé. Ces dernières semaines, les arrestations de prêtres se sont multipliées.

Leur crime ? Prier pendant la messe pour la libération de Mgr Rolando Alverez, prisonnier du régime de Daniel Ortega depuis plus de 500 jours. Ainsi, le mercredi 20 décembre, l’évêque de Siuna, Mgr Isodoro Mora, avait déjà été arrêté pour avoir consacré quelques mots à Mgr Alvarez dans son sermon de la veille. Le matin du 24 décembre, la police sandiniste a arrêté le père Jader Guido, vicaire du diocèse de Matagalpa, alors qu’il sortait de la messe du 4e dimanche de l’Avent. Il a été retenu durant 12h, avant d’être relâché. 

Surveillance et sermons enregistrés

Désormais, ce que tout catholique fait au cours de chaque célébration eucharistique, les Nicaraguayens ne sont plus libres de le faire : prier pour leur évêque. Cet interdit s’ajoute à la longue liste des répressions que subissent les chrétiens au Nicaragua sous le régime de Daniel Ortega, qui considère l’Église comme l’un de ses principaux opposants. Pendant l’Avent, les crèches vivantes dans la rue ont été interdites, tout comme les processions traditionnelles en l’honneur de l’Immaculée Conception. D’après l’étude "Nicaragua: une Église persécutée ?" régulièrement mise à jour par la chercheuse nicaraguayenne Martha Molina, les rassemblements ecclésiaux sont surveillés et infiltrés par des policiers en civil et les sermons des prêtres sont enregistrés.

Sans compter les expulsions de prêtres et de communautés religieuses, ou la fermeture d’universités. S’ajoute désormais à tout cela la crainte permanente d’être arrêté et menacé pour avoir prié pour un frère persécuté. Au mois de mars, le régime s'était déjà illustré par plusieurs arrestations arbitraires de prêtres, dont le seul tort était d'avoir mentionné le nom de Mgr Alvarez dans leurs célébrations dominicales. En quelques mois, le Nicaragua est devenu l’un des pays où les chrétiens subissent le plus de persécutions. Ce pays dont la population est majoritairement catholique a intégré pour la première fois l’index de l’Index mondial de persécution 2023 de l’ONG protestante "Portes Ouvertes".

[EN IMAGES] 2023, nouvelle année de persécutions des chrétiens :

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