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[HOMÉLIE] Le récit historique d’un événement où Dieu se fait chair

La primera navidad de la historia
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Clément Barré - publié le 23/12/23
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Prêtre coopérateur de la paroisse Saint-Joseph-des-Jalles dans le diocèse de Bordeaux, le père Clément Barré commente l’évangile du 4e dimanche de l’Avent (Lc 1, 26-38). Si les récits de l’Évangile ne disent pas un événement alors toute notre foi consiste à "faire semblant".

Vous n’êtes probablement pas passés à côté du succès éditorial de cette fin d’année, à savoir le fameux Théorie de Jésus, biographie d’une idée (Bouquins), du philosophe athée et libertaire Michel Onfray. Cet essai déjà vendu par milliers d’exemplaires, défend une théorie étonnante sur Jésus : Il n’a pas existé. Il serait une figure fabriquée par un courant religieux émergeant alors du judaïsme pour devenir le mythe fondateur de cette nouvelle relation entre Dieu et les hommes que prônaient les adeptes de cette religion. 

Est-ce bien sérieux ?

Ainsi, les évangiles : l’Annonciation, la Nativité, les miracles, les discours, la Passion, la Résurrection… tout cela n’est qu’un récit, élaboré pas à pas au service d’un message théologique nouveau mais sans aucun fondement historique. Cette thèse, dite mythiste, n’a aucune rigueur scientifique. Aucun historien sérieux ne la défend aujourd’hui tant les preuves historiques de l’existence de Jésus sont nombreuses et solides — comme par exemple Jean Marie Salamito, Monsieur Onfray au Pays des Mythes, Salvator, 2017. Mais la question qu’elle pose vient percuter de plein fouet l’évangile du jour. Est-ce bien sérieux de croire ces histoires d’anges et de vierge qui enfante ? Est-ce bien sérieux de croire ces histoires de marche sur l’eau et de multiplication des pains ? De sourds qui entendent et de morts qui ressuscitent ? Notre foi aurait-elle à ce point besoin de merveilleux ?

Après tout, dans une société moderne, scientifique, rationnelle, ne serait-il pas temps de se débarrasser de tout cet appareil mythologique et merveilleux, juste bon pour les enfants et les rêveurs, pour revenir à ce qui serait le véritable cœur de l’évangile : son message de paix, d’amour, de concorde, de solidarité, de justice ? Sans aller jusqu’à nier l’existence de Jésus, ne faudrait-il pas dépoussiérer tout cela pour le rendre plus sérieux ? Nul besoin d’ange et de conception virginale ! Ce dont nous avons besoin c’est d’entendre qu’il nous faut nous aimer les uns les autres. 

Une parole et un événement

Le problème d’une telle pensée c’est qu’elle fait l’impasse sur la chair du Christ. Sur le réel de l’action de Dieu. L’évangile n’est pas une coquille de mots qu’il faudrait casser pour en extraire un message. L’évangile c’est un événement, c’est l’irruption du Verbe de Dieu dans un Fils. C’est la Parole de Dieu qui féconde notre humanité en fécondant le sein de la Vierge Marie et qui prend chair en nous parce qu’elle prend chair tout court ! Si les mots ne viennent pas du réel, si les récits ne disent pas des événements alors toute notre foi consiste à faire semblant : faire semblant que Dieu nous a parlé, faire semblant qu’Il se soit manifesté, que nous croyons en sa parole. Nos sacrements, nos prières, nos œuvres de miséricorde ne seraient que les scènes d’un théâtre pathétique.  

Ce que nous accueillerons le soir de Noël, c’est une réalité ! Simple, crue, sans artifice.

Nous connaissons bien la parole de l’apôtre Paul : "Si le Christ n’est pas ressuscité vaine est notre foi" car ce que nous professons ce n’est pas un contenu, une morale ou des valeurs ! C’est une chair et un visage, c’est une parole et un événement ! C’est Jésus Christ, Dieu fait homme ! Si le Christ n’a pas pris chair dans le sein de la Vierge, à quel corps communions-nous ? Si le Christ n’a pas parlé sur la montagne, quelle loi nouvelle accueillons-nous ? Si le Christ n’est pas mort sur la Croix et ressuscité le troisième jour, quelle vie nouvelle habite en nous ? Si Dieu n’est pas capable de faire enfanter une vierge, comment pourrait-il nous relever de la mort ?

Nous accueillons une réalité

"Toi qui n’es qu’un homme, tu te fais l’égal de Dieu" (Jn 10, 33). Finalement, le temps passe mais les hommes restent les mêmes. Comme les contemporains de Jésus, c’est sur la chair du Fils de Dieu que notre époque vient buter. Sur cette idée saugrenue, scandaleuse même, que Dieu puisse se faire homme. Les uns la rejettent car elle est une violence faite à Dieu qui devient ce qu’Il n’est pas et mêle sa perfection à nos limites ; les autres la rejettent car elle est une violence faite à l’homme qui ne peut plus ignorer ce Dieu qui vient à sa rencontre. Sans elle la religion serait plus facile, plus confortable, plus crédible même. 

Mais voilà, les chemins de Dieu ne sont pas nos chemins. Ce que nous contemplons ce dimanche dans le sein de la Vierge, ce que nous accueillerons le soir de Noël, c’est une réalité ! Simple, crue, sans artifice. Une embryon dans le ventre d’une femme, un enfant dans un berceau. C’est toute la force, la folie, la violence même de l’amour de Dieu qui s’abat sur notre monde, qui en bouleverse l’ordre établi pour renverser les puissances mortelles qui s’en sont emparé.  Ce ne sont pas des mots, des concepts, des idées, des valeurs. C’est un enfant qui vient et rien ne sera jamais plus comme avant ! Maranatha, viens, Seigneur Jésus !  

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