Peut-on donner quelque chose à Celui qui possède tout ? Le bon sens répond par la négative. C’est pourtant ce qui arrive à Noël ! À Bethléem, nous pourrions croire que tout le miracle est du côté de Dieu qui, d'éternel, se fait mortel, d'infini, se fait fini. Cependant, l’homme a aussi sa part d’acte prodigieux à la Nativité puisque, par notre sœur et mère la Vierge Marie, c'est lui qui offre à Dieu, à Celui qui est riche de tous les dons, ce qu'Il ne possédait pas : une humanité ! Cette réalité a été chantée magnifiquement par la poétesse Marie Noël dans sa Berceuse de la Mère-Dieu :
Nous sommes les coopérateurs de Dieu
La Vierge a donné à Jésus une bouche pour annoncer le Royaume et bénir, des mains pour guérir, une chair pour se donner en Eucharistie, un cœur pour goûter l’amitié, des yeux pour voir au plus près notre misère. Ainsi, Marie a donné à Dieu ce qu'Il n'avait pas ! Voilà une facette du mystère de Noël auquel on ne pense pas toujours. Jésus est un don du Père mais rien n'aurait été possible sans le "oui" de la Vierge. Tout vient de Dieu, mais dans son Amour, le Tout-Puissant mendie notre acquiescement et va jusqu'à consentir à ce que nous Lui donnions, en son Fils, notre humanité ! Rien ne marque davantage la volonté de Dieu de nous associer à Son œuvre.
Le miracle de Noël se prolonge tous les jours
Ce miracle de notre coopération au dessein divin se prolonge durant le temps de l'Église. En effet, pour continuer son œuvre de salut dans l'histoire, Jésus a besoin que nous lui soyons "une humanité de surcroît", selon l’heureuse expression de sainte Élisabeth de la Trinité. Avec nos corps et nos esprits, nous portons secours aux pauvres, annonçons la bonne Nouvelle, les prêtres distribuent les sacrements. Le miracle de Noël se perpétue chaque fois qu'à l'image de Marie nous prêtons à Jésus notre humanité afin qu'il étende son règne d’amour et de miséricorde sur le monde.