Lors du colloque sur la liturgie qui s'est ouvert ce lundi 4 décembre à Dakar (Sénégal), le cardinal Sarah s'est de nouveau exprimé sur la place que revêt le silence au cours de la célébration de la messe. Déplorant une "destruction des formes de la messe" ainsi qu'un "démantèlement des valeurs de la foi et de la piété", le cardinal a fustigé une adaptation trop poussée du culte catholique aux coutumes asiatiques et africaines.
"Nous travaillons à saupoudrer la liturgie d’éléments africains, asiatiques, dénaturant ainsi le mystère pascal que nous célébrons, nous mettons tellement l’accent sur ces éléments culturels que nos célébrations durent quelquefois six heures", a ainsi regretté le prélat. "Nos liturgies sont souvent trop banales et trop bruyantes, trop africaines et moins chrétiennes", a-t-il encore affirmé.
L'importance du silence
Autrefois préfet du dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements, le cardinal Robert Sarah a toujours montré un attachement viscéral au silence, thème auquel il a même consacré un ouvrage : La force du silence (Hachette Pluriel, 2017). Le pape François avait lui-même évoqué la nécessité de laisser une part importante au silence, notamment lors de ses catéchèses sur l'Eucharistie, rappelant que la messe n'est pas "un spectacle" mais une prière qui "exige le silence".
Le cardinal Sarah a par ailleurs appelé à suivre, sur les questions liées à la liturgie, l'exemple et l'enseignement de Benoît XVI, dont il était ami et proche collaborateur : "Puissions-nous suivre cette grande et éclatante étoile qu’a été Joseph Ratzinger, le pape Benoît XVI." S'inscrivant dans la continuité du motu proprio Summorum Pontificum (2007), qui libéralisait la messe sous la forme extraordinaire du rite romain avant le motu proprio Traditiones Custodes (2021) du pape François qui encadre quant à lui très strictement la forme extraordinaire du rite romain, le cardinal Sarah a pris à plusieurs reprises la défense du rite tridentin, sans jamais toutefois s'opposer frontalement aux directives pontificales.