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En ces temps autour de la fête de la Toussaint, scrutant l’actualité, me voici peu enclin à commenter les événements de ces derniers jours. Faire une tribune sur la tempête qui traverse l’Ouest de la France, sur le blocage de la construction de l’A69 entre Toulouse et Castres, sur la valeur relative des vies et des victimes israéliennes et palestiniennes de cette guerre horrible ou sur l’inscription de l’IVG dans la Constitution ? … Tout ceci paraît insipide et triste au regard de l’extraordinaire fête qui nous illumine durant ces vacances d’automne. Je ne parle pas d’Halloween, médiocre caricature américanisée de la commémoration de nos morts, qui veut que nos enfants se déguisent avec des costumes effrayants, en fantômes, en monstres ou autres vampires, avec, pour nous détendre, la lecture de contes horrifiques ou la diffusion de films d’horreur !
Tous appelés à la sainteté
Non, je veux ici parler de la fête de la Toussaint, célébrée ce 1er novembre. Cette fête de tous les saints commémore non seulement les saints de nos calendriers, mais toutes celles et ceux, inconnus du grand public, qui ont vécu une vie sainte, c’est-à-dire marquée par l’exercice de la charité. Cette fête m’est particulièrement chère car elle est l’occasion de faire mémoire des personnes qui ont compté dans ma vie, qui m’ont transmis le bien, le beau, l’amour des pauvres et de toute personne, la fidélité à leur idéal, leur foi et leur espérance au-delà de leurs doutes et de leurs faiblesses. Je pense à tous ces vivants et lumineux témoins du Christ, à commencer par mes grands-parents et mes parents, mais aussi ces amis et amies, ces prêtres, moines et laïcs engagés, sans lesquels je n’aurais pas cette chance inouïe de connaître aujourd’hui l’amour de Dieu pour moi.
La sainteté n’est en effet pas réservée à une élite.
La sainteté n’est en effet pas réservée à une élite. Nous sommes tous appelés à suivre cette voie intérieure qui nous habite et nous invite à nous donner pour plus grand que nous à partir du meilleur de nous-mêmes. Je me souviens du commentaire d’un prêtre un jour qui nous disait : "Cela nous arrange bien souvent de cantonner et de d’idolâtrer les saints dans les statues de nos églises. Comme ça, on les maintient à distance ; on ne se sent pas concerné !" Eh bien ! voici une bonne nouvelle : nous sommes tous faits pour la sainteté !
Rester soi-même
Le problème bien souvent consiste à croire que vivre la sainteté nous est impossible. Et pour nous dirigeants d’entreprise, n’en parlons pas, la sainteté nous est forcément étrangère à nous qui avons de l’ambition pour nos projets, qui traitons d’argent et qui dirigeons des personnes et donc avons un certain pouvoir. Or justement, au contraire, je suis convaincu que l’entreprise offre une voie particulière d’accès à la sainteté pour les professionnels, les entrepreneurs et dirigeants. Être saint n’est pas rester tranquille sur un canapé en faisant de belles prières. Il s’agit plutôt d’arriver à rester connecté au meilleur de soi-même, uni à Dieu, tout en étant engagé au service de la transformation du réel. Transformer la réalité, changer le monde, c’est bien la mission de l’entrepreneur. Certes, nous pouvons être facilement tentés de quitter notre essentiel pour mettre la priorité sur la recherche effrénée du profit, l’ambition pour nous-mêmes, le pouvoir et la gloire.
Mais ces attachements possibles sont autant de lieux de travail sur soi pour progresser et apprendre à rester ancré sur son idéal, qu’il soit l’amour de ses collaborateurs, le soin de la création ou la fidélité à son projet d’innovation et de transformation. Là se situe l’enjeu pour le dirigeant d’entreprise : rester pleinement lui-même en toute circonstance, plutôt que de se laisser illusionner par ces sirènes qui l’attirent vers l’extérieur de lui, comme Ulysse dans l’Odyssée d’Homère. Ulysse se rappelle ce que lui avait dit la magicienne Circé : "Faites attention, vous allez rencontrer des sirènes. Si vous écoutez leur chant, elles vous attireront avec elles et vous mourrez en vous écrasant sur les rochers." Pour éviter de céder à sa faiblesse, Ulysse demande à ses compagnons de l’attacher au mât de son bateau.
Vivre une unité de vie
Nous, entrepreneurs, professionnels et dirigeants d’entreprise, devons rester vigilants et trouver autour de nous ces compagnons qui nous aideront à rester nous-mêmes, ancrés dans notre raison d’être, à l’image du Christ qui a vécu sa royauté dans l’amour inconditionnel pour toute personne et une parfaite fidélité à son Père. Pour ceux qui ont la chance d’être en couple, le conjoint ou la conjointe sont des alliés pour nous accompagner rappeler notre priorité à mettre l’amour au cœur de notre vie en général et de notre vie professionnelle. La famille, et la vie communautaire peuvent aussi permettre cette prise de recul et nous aider à bâtir nos choix essentiels.
Avec Louis Faure, au sein d’Eotekum, nous avons développé l’expérience du compagnonnage et formons des entrepreneurs à incarner un leadership unifié. Car finalement, la sainteté n’est-elle pas, par la prière, avec l’aide d’autres et de l’Esprit saint, de vivre une unité de vie ? Unité au meilleur de soi-même, qui se traduit par une forme de cohérence dans l’action ; unité à ses aspirations profondes ou à Dieu — pour ceux qui peuvent le nommer ainsi —, qui induit une fidélité dans le temps ; unité avec les autres, qui est un autre mot pour décrire la charité ; et unité avec le monde, qui se traduit par la compassion et l’engagement... Que cette fête soit la vôtre et qu’elle se renouvelle chaque jour !
Pratique