Archevêque de Paris de 2005 à 2017 et créé cardinal par Benoît XVI en 2007, le cardinal André Vingt-Trois s'est mis en retrait de la vie publique depuis cinq ans. Il n’apparaissait qu’à de rares occasions, notamment lors de la messe chrismale. Il était néanmoins demeuré membre du collège des cardinaux électeurs. Et à ce titre, aurait théoriquement pu vivre un nouveau conclave après celui auquel il avait participé en 2013. Sous le pontificat actuel, sa capacité de synthèse avait été appréciée lors des deux assemblées synodales sur la Famille en 2014 et 2015. Le pape François lui avait confié la charge de président délégué.
Deux archevêques émérites comme lui, qui n’ont plus de charge de diocèse, demeurent cardinaux électeurs de plein droit pour quelques années encore. Il s’agit du cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque émérite de Bordeaux et ancien président de la conférence des évêques de France, qui aura 80 ans le 25 septembre 2024 (dans un communiqué lu lundi 7 novembre 2022 par Mgr Éric de Moulins-Beaufort Mgr Ricard a reconnu une conduite "répréhensible" sur une fille de 14 ans alors qu'il était prêtre). Et du cardinal Philippe Barbarin, archevêque émérite de Lyon, qui demeurera électeur jusqu’au 17 octobre 2030. Le renoncement du cardinal Barbarin à sa charge d'archevêque de Lyon, dans le cadre de la douloureuse affaire Preynat, ne correspondait pas à une renonciation au cardinalat. Il sera donc, de droit, électeur lors du ou des prochains conclaves susceptibles de se tenir en cette décennie. Et il demeure par ailleurs tout à fait possible que le pape François ou son successeur lui confie une nouvelle charge, par exemple en l’appelant au sein d’un dicastère.
Un seul cardinal électeur dirige un diocèse français
Au sein de la Curie romaine, un seul Français occupe actuellement une charge de direction. Il s’agit du discret cardinal corse Dominique Mamberti, 70 ans, préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique depuis 2015. Selon certains vaticanistes, cet ancien nonce serait pressenti pour prendre la succession du cardinal Leonardo Sandri à la tête du dicastère pour les Églises orientales.
Un seul cardinal électeur dirige actuellement un diocèse français. Il s’agit du cardinal Jean-Marc Aveline, âgé de 63 ans et archevêque de Marseille depuis 2019. Le 27 août 2022 lors du consistoire, il a été intégré dans le Sacré-Collège par le pape François. Il devrait demeurer cardinal électeur jusqu’au 26 décembre 2038. Le choix de l'archevêque de Marseille - seule grande métropole européenne à compter un nouveau cardinal cette année - a été interprété comme un signe de l’attention du pape François pour le monde méditerranéen. Toutefois, il n’est pas le premier cardinal marseillais.
La cité phocéenne est en effet devenue un siège cardinalice durant le pontificat de Jean-Paul II. Le pontife polonais avait élevé à la pourpre trois prédécesseurs du cardinal Aveline : Bernard Panafieu en 2003, Robert Coffy en 1991 et surtout, le plus connu, Roger Etchegaray, créé cardinal en 1979. Il fut ensuite appelé à occuper d’importantes responsabilités au sein de la Curie romaine.
Outre le cardinal Vingt-Trois, la France est actuellement représentée, parmi les cardinaux non électeurs, par le cardinal Paul Poupard. L'ancien président du Conseil pontifical pour la culture demeure, à 92 ans, intellectuellement actif. Il continue à témoigner de sa longue expérience des arcanes du Vatican.
Effacement relatif des terres de chrétienté historique
Si tous les observateurs ont remarqué ces dernières années un certain déclin de la France, et de la francophonie en général, l’Hexagone reste donc bien représenté parmi les cardinaux électeurs au regard de sa population catholique. Dans les années à venir, une élévation au cardinalat des actuels archevêques de Paris - Mgr Laurent Ulrich - ou de Lyon - Mgr Olivier de Germay - demeure possible mais n’a plus, sous le pontificat actuel, de caractère automatique.
De grands diocèses italiens comme ceux de Turin, Milan, Venise, Palerme ou encore Naples n’ont plus de cardinal à leur tête. Inversement, des pays comme la Malaisie, le Rwanda, la Mongolie ou encore Singapour sont désormais représentés au sein du Sacré-Collège. Plus qu’un déclin de la France, l’évolution du collège cardinalice montre donc surtout un effacement des sièges traditionnels au profit d’une meilleure représentativité des territoires de missions et des Églises des périphéries.