Rejoindre l’exode massif des Ukrainiens qui fuient la guerre est un périple épuisant et traumatisant. C’est une mise en danger pour toutes les familles. Pour celles qui ont un enfant avec un handicap ou gravement malade, c’est bien pire. Sur plus de 2,7 millions de personnes handicapées en Ukraine, 164.000 sont des enfants dont beaucoup dépendent d’un traitement médical pour survivre, selon Handicap international. Le risque d’isolement, d’abandon ou de manque d’accès aux soins médicaux, sans parler d’expositions aux bombardements, est extrêmement préoccupant. Les aider à fuir les bombes devient une urgence humanitaire d’une ampleur sans précédent. Katarzyna Smakosz, Polonaise, pédagogue social à la tête depuis vingt ans d’une association "Szkola bez barier" (école sans obstacles), s’occupe en temps ordinaire de l’intégration des enfants handicapés dans les écoles "normales". Dès les premiers jours de la guerre en Ukraine, elle s’est mobilisée pour transporter et accueillir ces familles à Cracovie, au sud de la Pologne.
"Nous étions plusieurs à vouloir agir ensemble dès le déclenchement de la guerre : un groupe de femmes ukrainiennes ayant des enfants handicapés et vivant depuis quelques années en Pologne, les équipes de l’Arche, comme d’autres ONG s’occupant au quotidien des enfants avec un handicap. Connaissant toutes les difficultés que les familles ayant un enfant fragile peuvent rencontrer en temps de paix, la mobilisation pour celles qui sont bloquées dans un pays en guerre, nous semblaient cruciale", explique-t-elle à Aleteia. Et elle précise que leur aide consiste d’abord à organiser le transport depuis la frontière, à trouver le logement et l’adapter aux besoins de l’enfant handicapé, à apporter l’aide administrative et ensuite l’intégration des enfants handicapés avec leurs fratries, dans les écoles polonaises.
Les conséquences psychologiques de ce que ces familles ont vécu, comme la menace du danger, la peur de la mort, le déracinement, la perte de leurs chez soi, vont être immenses. Il y aura des traces, des blessures à soigner. J’aimerais qu’on réussisse à leur donner de l’espoir.
Grâce à cette initiative, appelée "la barque de l’espoir", 35 familles ont pu rejoindre Cracovie depuis le début du conflit. L’essentiel a été mis en place pour leur arrivée. Mais la plus grande difficulté était de trouver un logement, car Cracovie, située à 300 kilomètres de Lviv, commence à être saturée. "Maintenant, quand ces familles vont trouver leurs nouveaux repères de vie, il est essentiel de leur apporter un soutien thérapeutique. Les conséquences psychologiques de ce qu’elles ont vécu, comme la menace d'un danger, la peur de la mort, le déracinement, la perte de leurs repères, vont être immenses. Il y aura des traces, des blessures à soigner. J’aimerais qu’on réussisse à leur donner de l’espoir", confie Katarzyna.
« Maman, repose-toi »
Un des moyens prévus par son association est d’organiser un soutien particulier pour les mamans, comme elle le fait depuis longtemps pour les mères polonaises. Cela fait quelques années déjà qu’elle organise tous les samedis des haltes de demi-journée appelés "Maman, repose-toi". Au programme, relaxation, danse et soutien psychologique. Avec au cœur un vrai travail thérapeutique pour comprendre le rôle d’une maman d’un enfant avec un handicap.
"Dans leur quotidien, ces mamans sont souvent seules à gérer l’assistance auprès de leurs enfants. Leurs maris travaillent énormément pour pouvoir la financer. Certains, hélas, abandonnent leur rôle de père parfois trop dur à assumer. Ces femmes sont héroïques, elles sont comme des soldats qui se battent 24h sur 24h. Le plus dur, c’est de les convaincre qu’elles ont droit de se laisser aider un peu et de se reposer de temps en temps. Nous sommes en train d’organiser le même type de journées Maman, repose-toi pour les mamans ukrainiennes",, explique Katarzyna. Une belle manière de créer une véritable solidarité des cœurs.